13.6.09

7.5.09

moins autonome

Avant de lire ce qui suit, passez (ou retournez) donc voir sa première partie.
(celle-ci n'ayant pas subi la même étape de relecture)
(pic unrelated)
londonien : A[S]PIDISTRA, de ceux qui se disent underground ou plus simplement différent, comme si cela avait un sens, et qui a sur quelques uns de ses compagnons souterrains internationaux l'avantage non-négligeable de suivre une parution tout ce qu'il y a de plus aléatoire. (le titre est probablement un jeu de mots douteux sur le thème orwellien à rebours de la surveillance et de l'œil constant, lié au double sens purement lexical que l'on peut entendre et/ou voir si l'on s'y penche un brin, en anglais comme en français d'ailleurs : d'un côté adiposité/adiposity, et de l'autre le terme apis, soit abeille, qui correspond probablement à la taille de guêpe recommandée et élégante, dans un contraste balourd de finesse et de graisse (à ce petit jeu, on peut également estimer qu'il fait rapport à la plante elle-même ou au roman d'Orwell en question et non pas à des thématiques, qu'il est question de l'Apis égyptien et de sa tête de taureau, ou que le début « AS » est une savante élision du second s de « ass » (de cul, donc), fait en tant qu'as (comme l'as de trèfle et le as (comme) anglais aussi) et qu'ass à la fois et peut-être la sous-entente d'also known as (a.k.a.) (alias), que le PI renvoie à « pee », soit pisse, ou peut-être au nombre pi et que la structure du magazine suit les décimales d'une manière codifiée, voire à « bee », donc abeille, ce qui colle avec l'apis que l'on peut voir dans les quatre premières lettres ; la fin peut signifier un éventail de choses allant de la distraction à la détresse en passant par l'astral ou l'évident distribution ; plus longuement pédestre ou désastre, strasbourg ou pédéraste, etc., et personne ne sait vraiment la raison du crochetage du premier S, peut-être une modification secrète qui ferait du titre réel quelque chose approximativement anagrammatique comme ART IS APIS, PISA IS DSASTR, ART IS ASPIC, PART. DISTRA~, ASPIC IS DART, SIR AT DIAPS (hein ?), ASIATIC DIAPRS, IS DAT PARIS ? (non, c'est Londres), etc.)). Malgré quelques différences sur le sujet pour lequel September est venue (la mode, pourquoi l'abricot ?) et qui indiffère Ewa (ben c'est joli c'est tout), un certain lien se noue rapidement autour d'une bouteille de cognac sortie de sa bienséance à petites doses ; disons qu'une amitié est en marche.
La deuxième, Corinne Bourbonnois, française au physique de danseuse du ventre, posséde une impressionnante collection de culottes en coton (des petites culottes) (c'est une lubie qu'on s'imaginerait mieux convenir à September Kubica et ses hanches coquines, mais tant pis) (techniquement, c'est une passion qu'on évite d'ébruiter dans des milieux dépassant son cercle d'amis, et encore), venue rendre visite à un couple de connaissances. Intriguée par la fréquence avec laquelle elle croisait cette carnation vestimentaire pâlichonne, elle s'interrogea sur les goûts de cette peuplade étrange par l'intermédiaire desdits copains, qui lui apprirent ce qu'ils savaient de la chose, à savoir que c'était probablement directement issu d'une mode très orange venue de Finlande et que ça avait probablement tapé dans l'œil de quelque fashionista sans le sou qui avait teint tant bien que mal quelques tenues, le résultat fût un échec au point de vue de la copie et de l'intérêt direct, mais pas selon celui de l'intérêt de côté : le pâle lui convint, et le reste n'est qu'une belle histoire, propulsant cette pauvresse à un rang de dame secrète dans le monde modiste, organisant dans l'ombre les prochains chapeaux et souliers.
Au moment de la rencontre, son principal problème consiste à savoir de quelle façon écrire 99 en chiffres romains, XCIX ou plus simplement IC (par extension, cela fonctionne aussi avec 199, 299, etc. jusqu'à 999 : soit CMXCIX soit IM, et pas énormément plus loin), ce qui serait somme toute plus logique mais briserait l'espèce de rituel numéral asymétrique qui fait la force de ce système. Son magazine, très axé sur la “recherche de courants alternatifs” (dixit le tout premier éditorial), suivant le bimestre sur lequel il étale sa parution change de titre, modifiant une lettre à chaque fois et se situant successivement en haut, milieu-haut, mi-lieu, milieu-bas ou en bas avant de remonter) :

FAIL
FALL
FULL
BULL
BULB

(après que le troisième magazine est sorti, soit au début de son histoire, il a été décidé que la combinaison FULL/BULL/BULB serait celle définitive, mettant un terme aux espoirs des amateurs de FULL/FUEL/QUEL ou de FULL/DULL/DOLL, le deux étant pourtant bien plus appropriés au magazine—on peut néanmoins imaginer avec le temps le magazine suivre un chemin tel que FAIL – FALL – FULL – BULL – BULB – BULL – FULL – FALL – FAIL – FALL – FULL – FUEL – QUEL – FUEL – FULL – FALL – FAIL – FALL – FULL – DULL – DOLL – DULL – FULL – FALL – FAIL – FALL – FULL – BULL – etc., l'identité graphique permettant à elle seule de capturer les lecteurs occasionnels).
(on voit donc que les titres FAIL et BULB seront moins usités avec le temps, ce qui reste somme tout compréhensible pour FAIL mais le serait plus avec BULL ; si les neuf titres s'uti-lisent avec le temps (en lieu et place des cinq encore présents), les proportions maximales iront à FALL et FULL, ce qui est appréciable et permettra encore plus de choses quand FALL sortira en automne)
(dire que d'aucuns songeaient aussi à en faire une série du genre LAST – LEST – LIST – LOST – LUST ; les trois lettres uniques et consonnes conservant la même police d'une paru-tion à l'autre tandis que la voyelle serait excentrée verticalement et posséderait un autre visuel, actionnant un thème majeur du numéro en question ; à croire qu'il y avait plus de propositions que de gens pour en faire)
(dans un tout autre domaine, on remarquera que la place accordée aux châteaux de cartes di-minue avec sa propension à les oublier)
La rencontre s'organise autour de quelques axes/questions bien déterminés : 1 que pen-sez-vous de cet engouement pour l'abricot et pourquoi le commerce de ce fruit ne monte-t-il pas en adéquation avec la vogue vestimentaire qui s'empare de la Pologne toute entière sauf les enfants et les vieux ? 2 qu'aimez-vous dans la vie et si vous pouviez répondre autre chose que le saut à skis ça m'arrangerait parce que tout le monde s'en cogne ? 3 que diriez-vous d'un voyage en Angleterre ? 4 voudriez-vous sauver ou détruire le monde ? 5 les beignets c'est plutôt fourré confiture ou nappé de crème ? 6 etc. L'interview se déroulant autour de bières, le courant passe avec heur, les réponses s'inscrivent entre des petits éclats rieurs ; un contact restera.
La troisième est une finlandaise avec un s—enfin on s'en fout, en tant que finlandaise elle aurait pu occuper le rôle d'une connaisseuse de la soi-disant mode orange et du ski nordique, mais fi ; tout cela pour montrer qu'on commence à s'intéresser à elle pour d'autres choses que celles qu'elle aime et sait. Qui ici compte est la deuxième, qui n'a pas su cacher son jeu mais qu'Ewa n'a pas jugé bon de relever, histoire de continuer sa vie un peu plus longtemps sans problèmes, faire la totale sur une saison si possible, de s'engager réellement quitte à partir juste après.
Peut-être par l'entremise de Corinne Bourbonnois, Ewa se met à lire et à s'ouvrir au reste du monde, à sortir de sa coquille tout en se réservant le droit de conserver son calme jusqu'à la fin de la prochaine saison sportive. D'abord apprenant par tous les moyens (elle lit et comprend déjà le polonais et l'anglais, un peu le français et l'italien), comme bien souvent on trouve ce genre de gens, autodidactes dit-on, qui terminent célèbres et sont fiers de l'annoncer au public ébahi et aux enfants dégoûtés, en s'empressant d'ajouter qu'il ne faut pas faire les mêmes erreurs qu'eux ; d'abord donc et s'excitant toute seule face à sa promesse d'attendre pour exploser, sa capacité à emmagasiner pour distribuer à l'envi et sans direction précise.
C'est ce qu'elle fait :
la saison 1996/1997 marquera son apogée sportive, son faîte lointain (elle remportera toutes les compétitions sur lesquelles elle s'engagera) (ratant la totale mais empochant la tour-née des quatre tremplins avec un nombre de points encore jamais égalé, mais devant malheureusement faire l'impasse sur les rendez-vous nippons de Sapporo et d'Hakuba), se terminant en apothéose les 22 et 23 mars 1997 à Planica, où elle écrasera littéralement la concurrence, épuisant le Letalnica lui-même, avec quatre sauts fabuleux, se posant respectivement à 237 puis 235,5 mètres le premier jour, avant de passer à un autre niveau encore le lendemain, sous les yeux ébahis (bien que, s'il faut être précis, elle ait été au-dessus des yeux ébahis) du public, des commentateurs, des publicistes, des oiseaux, des téléspectateurs et des autres sauteurs en retombant à 239 puis à 243,5 mètres, des performances inégalées, au moins la dernière, avec à chaque fois un télémark approximatif mais qui aura eu le mérite d'exister, lui donnant de la part des juges des notes maximales, abusifs mais éberlués et lui donnant ainsi par conduction, par logique et par exemple un paquet de points, lui donnant par avalanche patriote et festive l'envie de faire la fête toute la nuit, ou plutôt d'accepter bras grands ouverts la fête qui lui est promise, lui donnant l'occasion, c'est cela qui nous intéresse, de rencontrer, par un fortuit hasard (40HAZARD = 100% DANGEROSITY, RAPTORS), des gens qui s'intéressent à son sport par son seul intermédiaire, et d'autres allant jusqu'à l'empathie par l'intermédiaire de son sport et des capacités qu'il nécessite, principalement au niveau de la musculature jambière (elle a des mollets qui pourraient rendre des fétichistes fous et fétichistes des gens sans passion particulière pour le galbe jambier ; c'est à vrai dire son seul avantage physique, au sens séducteur (en l'occurrence issu d'un sens sportif), étant donné que son cul, s'il est musclé, est surtout osseux donc peu intéressant dans une optique de reluquage, son ventre, plat et musclé, pourrait être sensiblement attirant s'il n'était pas si indicateur de ses complexes, ses seins sont ceux des femmes que l'on catégorise généralement dans la boîte "planche à pain", sans le côté espiègle et mandibuleux de l'expression, qui laisse à penser que ce n'est pas en soi un problème, son visage est—est laid ; et l'on sait très bien qu'aucune autre partie n'intéresse les gens (les cheveux ? uniquement ? les bras ? les genoux ? les mains ?) ; d'une manière générale sa silhouette (de face ou de dos : de profil ou d'une autre façon (trois-quarts, sept-dixièmes, etc.) on ne discerne que trop bien le peu d'harmonie de son corps, même si on voit ainsi lesdits mollets (encore une fois)) est joliment découpée… on peut aussi s'imaginer que personne n'a envie de faire sa vie avec une ombre chinoise, parler avec un pan de mur plus sombre. Peut-être un mime ? Elle fait néanmoins partie d'une faction de plus en plus réduite de l'ensemble féminin : elle ne s'épile pas les sourcils. Cela est certes quelque chose de plaisant en théorie (et que, au milieu des sculptures et exercices de styles (arcs mal fichus, longueurs improbables, angles moribonds, vagues monocordes, épaisseur détestable, bizarreries supraorbitales ne s'affirmant que peu avec le trait) que cela entraîne, bien souvent hideuses car mal adaptés aux visages incriminés et pas non plus trop fameuses dans une perspective plus large) mais ne change pas grand-chose au fait qu'elle soit aussi séduisante qu'une holothurie—ses mollets, la puissance qu'ils dégagent à vue), très pratique pour voler un élément précis et selon les dernières études détruire les sprinters engagés par d'autres, comme dans ces dessins animés où tous se croisent à différents niveaux de verticalité et se prennent et reprennent un paquet quelconque (un jambon, un grille-pain, un slip, une bombe à retardement, de l'opium) ou comme ces enfants qui, effrayés par le fait que leurs grands frères les trouvent, cachent leurs lapins dans une boîte elle-même cachée et sans trou salvateur, le retrouvent mort peu après, outrés, quand ils retournent le caresser et lui donner des carottes, cela si l'on considère qu'Ewa prend la place du lapin schrödingerisé peut-être et que les activités qui risquent de lui être proposées cette nuit se retrouvent dans la catégorie mortifère à plus ou moins moyen terme et si l'on considère également que le monde est une boîte ou même que l'univers lui est assimilable, une image très romantique dans ses aboutissants et qui se révèle probablement très juste dans d'autres situations, si l'on considère aussi qu'il y a un grand-frère innommable ou invisible qui agit sur celui qui manipule l'éventuel lapin Ewa et que la carotte sert une nouvelle fois de symbole, ce qui rendrait Ewa (encore) proche (dans une duplication d'images) d'un âne, assez peu compatible avec un lapin, qu'aussi le monde est une cave (au contraire de l'autre qui n'est qu'une cage) (c'est là que vont cacher les lapins les enfants effrayés) ou un recoin quelconque sous des auspices meilleurs et aveuglants, ce qui rend la chose (une fois de plus) assez religieuse dans sa façon d'être, et qu'il y a des figures parentales ou du moins éducatrices ou plus simplement mystiques qui agissent dans l'ombre, ce qui reste, l'un dans l'autre et dans la situation d'analogie concernée assez idiot.
Bousculée de coin en ballon ; vers minuit, l'heure du crime, de la Crimée, de tout et rien. Un mec magnétique orné d'un nom idiot, comme un pseudonyme qui s'afficherait tellement et dès les premiers rapports qu'il perdrait sa notion de camouflage, une sorte de sédatif de la comparaison entre l'affichage et ce qu'il affiche. Déboussolée par l'euphorie de son succès, accentuée par son partage national et l'alcool, elle reste surprise que son milieu précis attire de telles personnes, pour ce qu'elle est obligée d'imaginer comme d'obscures raisons—ne pas dire mauvaises. Les discours s'embarquent à travers le flux de celui qui se présente avec un prénom japonais, montrant ses papiers comme le ferait un agent du FBI fantasmé : d'abord c'est un mouvement de main qui de la poche va à la poitrine pour déplier la pochette, ensuite l'ensemble de face… c'est surtout un geste consistant à prouver que l'on ne dit pas de la crotte (ou que si on en dit, on a une raison et qu'on l'estime valable) ainsi qu'une tentative d'anonymat : donner son nom et le montrer tout petit sous un sigle géant, lisible et évocateur : faire s'annuler la parole et le visuel écrasé par l'organisation que vous annoncez, la seule à rester en tête de 91,438% de la population douze minutes plus tard, mêlée entre le manque d'intérêt et l'oubli pur et simple d'une information sur deux (imaginons que c'est une question d'instinct de survie). Ils s'assoient, commencent à discuter sous le brouhaha du fait qu'elle soit encore loin de son pic de forme et de ses performances optimales, même en sautant déjà si loin et, étant ce qu'elle est, trouve l'offre donnée dans ses intérêts.



Bonus tangent : avoir piqué la cape de Jushin Liger rend Genba heureux.

28.4.09

APPRENONS LES DECLINAISONS LATINES AVEC VICTORIA'S SECRET

1ère déclinaison, sg. puis pl. :

adrianalima
adrianalima
adrianalimam
adrianalimae
adrianalimae
adrianalima

adrianalimae
adrianalimae
adrianalimas
adrianalimarum
adrianalimis
adrianalimis


2ème déclinaison :

mirandakerr (trichons un peu… ça marche aussi (mais sans tricher) avec Marisa Miller)
mirandakerr
mirandakrum
mirandakri
mirandakro
mirandakro

mirandakri
mirandakri
mirandakros
mirandakrorum
mirandakris
mirandakris


2ème déclinaison, neutre :
heidiklum
heidiklum
heidiklum
heidikli
heidiklo
heidiklo

heidikla
heidikla
heidikla
heidiklorum
heidiklis
heidiklis


3ème déclinaison
FUUUUUUUUUUUUUUUUUUUU

17.4.09

mud

Bien. Ce qui suit fait partie d'un ensemble un peu plus grand. C'est une pièce de théâtre d'un personnage ayant subi un sorte de traumatisme en 1967 (qui a, au passage, probablement mal digéré Beckett). Le personnage est américain, possède des origines japonaises, écrit en français (au moins cette fois), a été traumatisé en Bolivie (il semble, cela est sujet à caution). Etant donné que la pièce n'est pas datée, il n'est pas spécialement aisé d'estimer en quoi ce traumatisme a ou influer—la date n'aurait pas changé grand-chose. D'autres personnages devaient la voir en 2007, 8 ou 9, je ne sais plus trop (la pièce servait donc de lien un peu facile), mais ils ont été purement et durement supprimés. Dans la mesure où l'ensemble a la possibilité de se concrétiser, elle en fera toujours partie ; et puis vous ne vous en souviendrez pas. Si jamais je me décide à hyperlier quelques trucs, ce sont des indications triviales sur la provenance de telle ou telle chose—un mensonge, éventuellement.
Je n'ai aucune idée de ce que cela donne.
(nota : a manifestement été écrit en juillet dernier, mais jusqu'à environ 18h30 aujourd'hui je ne savais pas que le titre avait des significations en espagnol… je m'en doutais bien en voyant ci et là le "Pencas Mudas" de L'Odyssée Barbare (qui commence à profondément m'ennuyer, page 454, bonjours chez vous) ; ni même en italien, voire en japonais (enfin, si…) ; pour être à peu près logique, devrait être renommé en MUDA-DA)





MUDA

acte unique et sans florins
d'ASHELEY KOBASHI (nom de plume)
(traduction : Quebrada de Magellan)



Un lieu boueux verdâtre et inutile où patauge l'attente : une jungle fatiguée, pluvieuse. Bruits de jungle (chants éventuels d'oiseaux/d'éventuels oiseaux, vent, plissements et bruissements de feuilles) en fond, sans lien aux personnages. Approche du soir. Sombrero entre, peint en jaune pour adoucir son état et la santé mentale de certains. Il porte un sombrero, un pantalon de velours usé, rien d'autre. Comme les suivants, son nom est inscrit sur sa poitrine.

Dix secondes durant lesquelles il s'installe, s'assoit dans la boue, les jambes tendues, la main gauche sous le menton, le coude gauche posé vers sa hanche. De la main droite il écrit dans le vide. Sa main gauche quitte son menton, fouille mollement dans la boue, en retire un masque. Il le fixe. Pause — huit secondes.


Sa main monte le masque sur son visage, il le revêt. On peut voir que la partie basse est transparente, peut-être inexistante, seules deux bandes rouges recouvrent les joues. La partie haute est rouge, couvre totalement les yeux.


La lumière se concentre sur le visage, dont la moitié basse murmure des choses incompréhensibles.


Entre un deuxième personnage : Bédouin ; invisible sur la scène. Sombrero ne le perçoit pas, mais son arrivée renforce sa voix. Bédouin s'approche, la lumière s'étend (durant la suite elle restera large), il s'assoit, dans la même position que celle initiale de Sombrero, à environ deux mètres. Les mots que donne Sombrero sont perceptibles comme sons, mais toujours incompréhensibles.


Bédouin se gratte, Sombrero continue sa gestuelle labiale. On voit arriver deux nouveaux personnages, chacun d'un côté de la scène : Elias, qui sautille, et Albatros, qui sautille. Les mots de Sombrero se font intelligibles pour le public.


SOMBRERO (en boucle, stoppé par Albatros trop proche) : uda muda muda muda mud

Entrent Ghagha et Muda, évasifs. Leur arrivée augmente aussi la portée des mots de Sombrero, interminables, hypnotiques, sans qu'on sache si Muda lui-même a quelque chose à voir. Tous se lèvent puis se mettent en cercle. Dans le sens horaire : Sombrero, Ghagha, Bédouin, Muda, Elias, Albatros — Sombrero est sur les six heures, face au public.

Sombrero se retourne, rendant presque absents les mouvements des autres. Leurs regards convergent sur un centre absent.

SOMBRERO (en boucle permanente maintenant) : admu adum amdu amud audm

Simultanément :
Ghagha prend le masque de Sombrero, qui ne bouge pas.
Albatros et Elias frappent dans leurs mains.
Bédouin s'endort. Derrière eux un grand bruit, qu'ils n'entendent pas.
Muda sort un livre de la boue ; lit :

MUDA (rapidement) : si l'on décolle le d de lucide, une luciole

Une luciole passe en fond ; tous sont immobiles.
Muda fait tomber son livre. Ghagha enlève le masque. Sombrero se tait.
La luciole arrive et se plante dans son œil.

MUDA : —ntsst dans l'œil !
SOMBRERO : tu aurais au moins pu garder le masque
ELIAS : messieurs, un peu de tenue
ALBATROS : je crois que cette luciole est la vérité
SOMBRERO : à quoi ça te sert de me voler un masque si c'est pour l'enlever ?
ELIAS (à Sombrero) : tu crois que ça a un rapport avec son œil ?
BEDOUIN : quelle symbolique de merde
SOMBRERO : effectivement
MUDA : si l'on décolle le u de luciole, liiciole
ALBATROS : le problème est que ça ne veut plus rien dire
SOMBRERO : tu crois que ça a un rapport avec son œil ?

Muda prend le masque. La luciole s'en rapproche et reste comme immobile. Sur tout ce qui suit, Muda remue son masque, comme s'il était collé à sa gueule ou qu'il essayait de l'enlever, la luciole n'en bouge pas

ELIAS : ça fait comment ?
MUDA : je crois que cette luciole est la vérité
BEDOUIN : que voudrait-elle nous dire ?
ALBATROS : que ce masque est la vérité ?
SOMBRERO : je croyais que c'était la luciole
MUDA : si la gravité arrive et frappe un morceau de liiciole, l'iciole
ALBATROS : … l'ici… Olé ?
ELIAS : olé~olé olé olé… olé ~oléé
BEDOUIN : Ole ? un nordique ?
ALBATROS : ce n'est pas très précis
GHAGHA : messieurs, un peu de tenue
BEDOUIN : il nous faudrait un générique, vous savez, comme si on—
GHAGHA : il est trop tard
MUDA : tu crois que ça un rapport avec mon œil ?
BEDOUIN : étant donné l'iciole, oui, ça ressemble assez
ELIAS : ntsst dans l'œil
GHAGHA : quoi ?
ALBATROS : messieurs, un peu de tenue
MUDA : si l'on colle le c au i de l'iciole, l'idole
ELIAS : c'est donc là que tu voulais en venir
BEDOUIN : je croyais que c'était la luciole
GHAGHA : je crois que cette luciole est la vérité
SOMBRERO : c'est bien ce qu'il tente de nous dire
ALBATROS : que la lumière de la luciole est la vérité ?
SOMBRERO : Muda ?
MUDA : olé~olé olé olé… olé ~oléé
GHAGHA : mais l'idole n'est pas vérité
ELIAS : dis donc gros malin, t'essaiera de faire vérité avec luciole
BEDOUIN : ce n'est pas très précis
ELIAS : effectivement
SOMBRERO : messieurs, un peu de tenue
ALBATROS : c'est très profond, songez que l'idole image n'est qu'une projection
BEDOUIN : oui, du croyant sur l'incroyant
GHAGHA : ce n'est pas ça le problème ; le problème est que ça ne veut plus rien dire
ELIAS : mais pourquoi ?
MUDA : je crois que cette luciole est la vérité
GHAGHA : la luciole apporte lumière
ALBATROS : c'est bien ce qu'il tente de nous dire
SOMBRERO : que la lumière de la luciole est la vérité ?
GHAGHA : c'est l'étymologie luciférienne
BEDOUIN : quelle symbolique de merde
ELIAS : effectivement
GHAGHA : tu crois que ça a un rapport avec son œil ?
BEDOUIN : mais tu disais que tu croyais cette luciole comme vérité
MUDA : je crois que cette luciole est la vérité
GHAGHA : effectivement
ALBATROS : tu serais donc un obscur ?
ELIAS : c'est bien ce qu'il tente de nous dire
BEDOUIN : olé~olé olé olé… olé ~oléé hepHep olé~olé olé olé
SOMBRERO : mais l'idole n'est pas vérité
GHAGHA : nous avons déplacé le problème
BEDOUIN : oui, du croyant sur l'incroyant
SOMBRERO : le problème est que ça ne veut plus rien dire
MUDA : effectivement
GHAGHA : ce n'est pas très précis
ELIAS : dis donc gros malin, t'essaiera de faire vérité avec luciole
MUDA : je crois que cette luciole est la vérité
SOMBRERO : tu aurais au moins pu garder le masque
ALBATROS : tu serais donc un obscur ?
GHAGHA : c'est bien ce qu'il tente de nous dire
BEDOUIN : quelle symbolique de merde
MUDA : effectivement
ELIAS : je croyais que c'était la luciole
SOMBRERO : olé~olé olé olé… olé ~o


A partir d'ici, le
/ RIDEAU /
peut tomber n'importe quand, de préférence pendant une réplique de Sombrero.


Indications et notes à l'attention du metteur en scène :

- à partir du moment où Muda se revêt du masque, la mise en scène et le jeu d'acteur sont laissés à l'appréciation du metteur en scène (i.e. toi) et/ou des acteurs eux-mêmes, dans la mesure où ils ne parasitent pas le bon déroulement de la pièce

- le tempo, de la même façon, est volontairement ambigu, laissant les envies de chacun s'exprimer dans une représentation rapide, saccadée, comme dans son pendant lent et plus ou moins hypnotique ; d'après de savants calculs, la pièce peut durer entre trois minutes et trois heures sans qu'il y ait rupture avec les intentions de départ (on peut par exemple affaiblir la rythmique des dernières répliques, tout comme les doubler)

- il est possible d'intégrer un ou plusieurs robots ou automates qui, bien réglés, feront des acteurs étrangement doués

- cette pièce est originellement écrite en français ; ne soyez pas abruti au point de vouloir compenser la traduction : il n'y en a pas eu

- (bis) au metteur en scène : débrouillez-vous pour que les acteurs comme les spectateurs ne se rendent jamais compte que le mot luciole a une anagramme assez particulier : couille ; cela peut par exemple se faire en n'accentuant pas les répliques sur lesquelles les lettres se modifient — par contre, débrouillez-vous pour leur faire comprendre sans leur dire vraiment que le terme MUDA n'est qu'une perversion lettrée du prénom Maud ou un trou dans un palindrome du genre MURDA – A DRUM.



bonus adjacent : JOJO'S BIZARRE ADVENTURE : FUNKY SHIT

23.2.09

Greed Island, partie 1/?

l’envie de relire non plus comme déjà fait quelques fois l’intégrale croissante de Hunter x Hunter, mais en gros tout ce qui est mon passage préféré, à savoir Greed Island, en élargissant un peu à l’avant (soit plus précisément du chapitre 120—6 septembre (1) (volume 13), la transition entre les enchères de York Shin et Greed Island pour se remettre dans le bain, transition notable dans le simple détail qu'elle suit une éclipse d'un jour plein quand depuis le chapitre 72 tout titre est une date, souvent répétée, du 1er au 4 septembre—au chapitre 185—Rencontre fortuite (volume 18)—, sortie directe. Avec ses longueurs calculées, son pseudo cul-de-sac narratif, ses digressions précisives et son pic d’intensité entre les chapitres 162—Duels (5)—et 168—Duels (11)—étrangement atteint grâce à une partie de “ballon prisonnier”, montrant encore une fois le brio de Yoshihiro Togashi à user des codes et cordes pour proposer une agglutination de tension et d’envies, de climax anticipés et fièrement atteints, de promesses tenues et d'autres explosées en petits riens heureux ; l’envie donc de relire Greed Island, quand s'attarder sur les tranches croissantes donne envie de tout reprendre, petit traité d’amitié entre un sauvage un peu abruti (Candide et Vendredi à la fois, disons, en plus fin que le premier) et un ancien tueur en série repenti de douze ou treize ans (le présenter comme ça a toujours l'air ridicule), affublés d’une prof forcée, nubile et mythomane, aux concepts éducatifs radicaux et efficaces, et en son apex de forme du récurrent magicien pervers, donc, était très forte.

Quelques mots de la situation pour les non-sapients, pour se remettre. Gon (le naïf) cherche dans Greed Island (vrai-faux “jeu vidéo” mythique créé par son père, évoqué dès le volume 8 (le nom est donné au chapitre 69), tout ce qui se situe entre ce chapitre 69 et ledit chapitre 120 mène à Greed Island : les plans ne réussissent par forcément, mais c'est le fantôme du jeu qui conduit Gon et Kirua, puis d'autres, les intérêts se croisant, à travers ce qu'ils connaitront) des informations sur ledit père. Dès le début, on sait que Gon finira G.I. et ne trouvera rien sur Gin. Pourtant on lit. Pas pourtant d’ailleurs. On lit, c’est tout. Curieux, comme Gon. On sait qu’après une huitaine de volumes de réutilisations de codes shônen et nekketsu (là où son précédent YuYu Hakusho ne faisait que les réutiliser certes efficacement mais dans une sorte d’amoncellement de joyeuses bêtises tant graphiques que pseudo-scénarisées et combatives, HxH s’en sert à bon escient, les sortant sur commande dans un pro-cessus qui crée quelque chose par-dessus, si faible soit cette chose) et un tiers de douzaine qui s’en éloignaient assez en offrant une trame dense et pleine de tout et n’importe quoi—des pupilles écarlates, des aspirateurs semi-conscients, des araignées qui se demandent si elles peuvent et doivent vivre quand leur tête n'est plus disponible, des enchères souterraines repoussées, des précautions devenant vérités et des gens qui finissent par voir que leurs objectifs changent—, qu’au bout de douze volées de deux cents pages l’auteur, s’il est peut-être déjà fatigué et/ou branleur, a toujours de bonne idées dans son sac. Et l’auteur, un peu plus malin que les autres, ne le vide pas ; il nous emmène dedans, une sous-partie, une poche bien trop remplie pour que tout soit visible à première vue.
Disais donc que YuYu Hakusho utilisait à fond des choses déjà établies, avec un ton permettant de rendre ça efficace. On sentait la chose un peu forcée et la façon de faire pas encore digérée (trop serrée pour être autre chose que purement efficace, justement), tant dans les rendus visuels des gens souvent assez risibles (la fameuse limite ténue entre ridicule et grandiose) par volonté de trop en faire avec une certaine réserve que dans l’avancement de l’histoire basique en diable—on ne lui reproche pas il était payé pour—convenu et sans réel intérêt, ou même que les héros, sorte de mâchis de grandes gueules et d’abrutis notoires ; une sorte d'apprentissage en marche. En gros et surtout quand on le relit après HxH, en tentant de supprimer l’éventuelle nostalgie de la découvert de l’un avant l’autre, YuYu vaut surtout pour ce qu’il n’est pas (c'est un peu triste, c'est exagéré à vrai dire, c'est surtout s'apercevoir que ce qui pourrait sortir s'il se secoue un peu même en restant dans ce domaine aurait de quoi étonner), pourrait être, annonce surtout et qui, en restant effectivement dans le shônen à bases pas trop compliquées (erf), est HxH, en partie au moins. Peut-être après tout suis-je biaisé mais il paraît quand même qu (’avec son Level E publié en roue libre au milieu) e Togashi a pris quelques mesures et a maturé son bordel, ne sortant qu’assez peu des sentiers battus mais avec des bras si longs qu’il fout des tartes à ceux qui s’en éloignent dans des chemins en courant à travers champs parce qu'ils ne sont pas capables de marcher droit et qui emmerdent ceux qui se baladent dans le coin parce qu'ils l'ont voulu. Remarque dès le début que ça va mieux. Graphismes plus simples et d’autant plus expressifs, qui s’affineront au fil du temps, univers fixé et assez large pour que les règles puissent y évoluer, route principale tracée. Se vérifie sur la suite : zones d’ombres et interstices, évolutions conjointes et personnages plus intéressants, trames plus vibrées, sujets traités, bien traités, et un vrai ton, calme et enjoué, bosse roulée.

Mais : Greed Island. Le simple saut d'une journée permet au contexte temporel de se départir de cet aspect abondant et accumulé qui menait ; aussi il signe plus facilement la rupture et la petite fin (“Vers l'est… ?”, qui mène hors de ce qui est visible à ce qui suivra, inversant au passage toute une logique voulant que l'aventure soit fille de l'ouest, toujours de l'Ouest ; tout comme ces histoires d'effaceur de nen qui donnent déjà, rapidement et en réson-nance avec l'est, des liens qui ne seront concrets que bien après, tout en permettant de conserver l'absent Kurapika en contact) : ainsi dès le chapitre 120 ce qui aurait pu conduire à un affrontement à l'issue trop évidente pour l'être vraiment n'est plus qu'une petite source de peur rapidement annulée. De la même façon, on voit encore assez vite que ce n'est pas le jeu lui-même qui compte ici (Phinks et Feitan en volent un exemplaire, y entrent avant même que nos deux héros aient la possibilité d'y toucher : nous n'en verrons rien avant que les autres y entrent) mais sa jonction avec Gon, et par extension avec Kirua—commence à vraiment se dessiner un motif où chacun n'est complet qu'avec le second.
A revenir rapidement sur les noms de chapitres : après un Ouverture des enchères ! (chapitre 71) tout l'arc York Shin se basait sur une action condensée (procédé d'ailleurs repris plus tard dans la série, dans Greed Island même, par plusieurs fois, avec insertions comiques (chapitres 135 à 141) et éclatements, surtout plus tardivement, entre les chapitres 223 et 265 avec une simple éclipse au 255, accompagné au passage par l'élément de compte à rebours) : il faut attendre l'entrée dans le jeu lui-même pour que s'arrête cette façon de faire (chapitre 128 : 10 septembre (5)) et, à proprement parler, l'entrée des deux protagonistes dans l'univers même du jeu (il y en a quinze autres entre eux, ce qui donne un espace d'approximativement ¾ d'heure, un peu moins), et non l'espace de transition entre ce qui est réalité et ce qui est ainsi considéré comme coupé de la réalité, un peu contrite par cette systématisation du nom (on pourra aussi noter que dès la première page du chapitre 129, où l'on revient à York Shin pour quelques instants et enfin voir les enchères rassurées, est vue une horloge affichant minuit, signant à la fois la fin des jours agglutinés en un événement spécial et la fin de la nomination quotidienne—le fait que ce jour soit le 11 septembre pourra être intéressant ou non (le fait que l'année en question soit toujours 1999 aussi)).
Ils ne sont plus les quatre mais deux. Une sorte de nouveau début de la série, par entrée autre part, dans un lieu voulu comme alternance, un nouveau système : le jeu est total, y jouer signifie sortir du monde vu comme réel (quitte à élargir sa définition quelques temps plus tard) et comprendre les règles avec un décalage qu'on s'efforcera de ne pas rendre dommageable. En allongeant un peu, c’est l’entrée dans le fantôme du père : Gin n'était pas aux enchères de York Shin pour vendre les jeux, ce qui était vaguement espéré par les personnages ; pourtant il doit être possible pouvoir trouver des informations sur son existence présente à l'intérieur du jeu (comme le dit Gon : “On s'en fiche pas mal de ce jeu que tout le monde s'arrache stupide-ment. Ce qu'on veut, nous, ce sont les informations qu'il contient” et, quand il parle ainsi, de surestimer la dose d'information qu'il est susceptible d'y trouver, mais tant pis), des anecdotes pour le cerner, des éléments permettant de sculpter une image qui ne demandera ensuite qu'à être confrontée à la réalité—le lecteur en est sensiblement au même point que Gon sur ce qu'il sait de Gin : peu mais assez pour vouloir que cette confrontation soit, moyennant une narration qui se moque vaguement du suspense mais n'offre pas tout tout de suite, la plus rapide possible. Maintenant que l'on s'approche des certitudes voulant que ce but initial soit, en parlant purement de progression et d'apprentissage, une étape et non une fin (et pourtant, à s'éloigner de la rencontre comme faisant prendre conscience à Gon qu'il n'a plus aucun but précis, ça pourrait nous revenir plus fort en travers de la gueule), il pourrait être une sorte de bonus collatéral au fait de terminer le jeu sans que tout semble être une impasse. Sans entrer dans des interprétations douteuses on peut aussi signaler que Greed Island est, au même titre que Gon, une conception de Gin—à laquelle il a très probablement passé plus de temps—et qu'une certaine familiarité est possible entre la façon d'être de Gon (ce qui se traduit évidemment dans le simple fait que Kirua soit son ami ou que Biscuit ait décidé de s'occuper d'eux) et les mécanismes du jeu. Quelques phrases prononcées par Laser ou Biscuit vont d'ailleurs en ce sens, sans pourtant que soit vérifiable chez l'auteur l'idée que Gon est modelé par un père qui voudrait une copie, voire qu'il soit naturellement une copie (un homme semblable, oui, de ce qu'on sait, une copie, non) (ce en quoi il est encore une fois fondamentalement différent de Kirua, mais cela n'entre pas vraiment en compte ici (à moins d'entrer dans une analyse comportementale et comparative, qu'il faudrait encore pondérer par la chape shônenique et ses personnages archétypaux, ce qui serait probablement très intéressant mais demanderait bien trop de temps et de volume)).

Quoi qu'il en soit, les premiers éléments qui lui sont donnés une fois dans le jeu sont, lors qu'il possède une sauvegarde spéciale qui lui permet d'avoir une introduction spéciale au jeu, faite par papa lui-même, en gros “si tu cherches des indices sur moi t'en trouveras pas beaucoup ici” et “si t'es là c'est pour t'amuser” : des ardeurs refroidies et rapidement compensées, tout est question de dosage, la partie se lance sans problème.

3.2.09

IT'S OVER HAL 9000 !

Janvier, sans ordre précis ;

Hunter x Hunter, vol. 25, avec sa distanciation de l'action totalement absurde et bandante, son jeu de miroirs concernant la réelle frustration de lecteurs, l'habituelle dilatation qui ici va jusqu'à annuler le rythme pour le redistribuer, dilatation qui se joint à celle de la parution dans un apex jouasse où chacun est obligé de sabrer les quelques secondes dans lesquelles tout passe ;

le ski et les crêpes, les unijambistes sur les pistes en nombre étonnant, les virages marrants, Mario Kart comme des débiles, les chinois dans le bus, le rhum étrange et ta petite version de ça (je sais que tu ne passeras jamais ici, c'est aussi pour ça que j'en parle, et puis tout va bien normalement) ;

KENTA vs. Kotaro Suzuki, le 25 pour le GHC Jr., des contres comme il faut, en séquence ou espacés, Genba sur le côté toujours drôle et chacal, Kotaro efficace en match comme en rôle, KENTA un peu plus haut, la violence des go 2 sleep et peut-être, oui, un petit candidat au MOTY ; Randy Orton dominant, pire encore ; le build-up ridiculement drôle et avorté entre Mickey Rourke et Chris Jericho ; très tôt dans le mois le main-event du WRESTLE KINGDOM III, bizarrement hypnotisant ;

Les plages d'Agnès, vu un peu tard, sans rien connaître, sans que ça gêne trop, ses choses parfois un peu désuètes et charmantes, sa qualité ; moindre mesure : les noces rebelles et Australia, pour quelques choses aussi, quelques moments, piqués dans l'ensemble ;

friends, saison un, pas revue depuis longtemps finalement, chaque épisode après l'autre, les vrais moments de comique, le dosage plus qu'adéquat entre ça et les histoires de chacun, les surprises de voir des cohérences mignonnes sur des éléments mineurs passant d'un épisode à l'autre, Ross ; pourquoi pas la reprise de Lost, même si ;

rien lu de détonnant finalement, rien de marquant—il faudrait se tourner vers décembre : Motorman, the broom of the system—, même Arbre de fumée qui m'a laissé de marbre la plupart du temps, préférant à la limite, même si je ne l'ai pas fait, repartir sur Cioran quand il était cité ;

2.1.09

9

Dans la famille “je mets des trucs que j'aime bien pour une raison ou une autre et vous souhaite la bonne année tout en étant conscient de la bêtise du truc (souhaiter la bonne année, le reste n'est que conséquence facile) et en avançant un semblant de sursaut électronique en donnant une sale impression ténue, tout en prenant soin de ne rien préciser”, voici Shuji Kondo (de dos) et Rachel Bilson, qui vous souhaiteraient peut-être la bonne année si vous les rencontriez, j'imagine qu'ils sont polis, mais qui ne parlent pas.


Année, donc.

9.12.08

The Son of the Sun


Il y a toute une flopée de gens, de mecs, de gugusses nés disons dans la deuxième moitié des années quatre-vingt, sûrement dans la première aussi (peut-être un peu après mais je ne peux pas me prononcer) on rigolait en voyant Cody dans notre belle famille le soir sur M6, à un autre moment de la journée ou du temps Parker Lewis était notre héros-copain (synchronisation des montres !) et Kubiac un gros rigolo, le mercredi matin on était juste content de prendre son petit-déjeuner et d'aller se poser devant TF1 pour regarder Dragon Ball et autres trucs que nos parents et nos profs d'histoire-géo trouvaient particulièrement débiles. D'ailleurs, on a rouspété quand le Club Dorothée s'est arrêté, surtout qu'il ne restait pas énormément d'épisodes de Dragon Ball à diffuser, je crois. On avait aussi des magazines, des trucs sur Dragon Ball aussi, des fois un Spirou ou un Journal de Mickey, un Mickey Parade, un Super Picsou Géant ou un Picsou Magazine. Spirou on va le dégager de la liste parce que ça ne correspond pas. Enfin on lisait des histoires avec des canards ou des souris. Avec le temps on a perdu la majorité des choses qu'on avait lu dedans—avouons-le, à moins d'avoir encore moins de douze ans, y avait pas forcément grand-chose à sauver (surtout dans Mickey Parade en fait, c'était gentil mais ça allait pas beaucoup plus loin, ça marche peut-être si on n'est pas regardant sur le côté graphique, narratif, humoristique ou en général). On se souvient qu'il y avait pas mal de noms italiens et que dans Picsou Magazine on nous disait que les histoires de canards avaient un certain succès en Scandinavie. On n'a pas vraiment retenu les noms des mecs qui faisaient ça, plus ou moins bien. Ouais, plus ou moins. C'est "dispensable", comme on dit, les bonnes histoires camouflant le reste pas forcément homogène. En gros, on a retenu deux noms : Carl Barks, le créateur, l'instigateur, le monstre, et surtout Don Rosa, l'élève ou repreneur magistral. Surtout parce que peut-être le trait était plus clair, les couleurs plus nettes, l'ensemble plus foisonnant et dans l'absolu plus moderne. Les deux étaient ceux qui donnaient une âme à des canards. En fait, on se souvient principalement des histoires d'aventures et de chasse aux trésors, de tous les trésors possibles et imaginables (inclus dans un agrégat de cultures et de mythologies existantes), et de quelques histoires mythiques (Si Donald n'existait pas ?, chose magnifique sortie dans Le Journal de Mickey pour les 60 ans du personnage, je n'avais même pas huit ans), le reste on s'en rappelle de plus loin, tout ça finalement centré autour de La Jeunesse de Picsou. On avait d'ailleurs, au milieu de choses imputables à la fins de la décennie, religieusement acheté notre exemplaire complet (à l'époque, 15 épisodes dans un volume) de La Jeunesse, en 1998. On grandit avec, on commence à voir que le découpage de Don Rosa est parfois bancal au début de l'histoire, que les ellipses minuscules des entre-cases sont pataudes, qu'à un certain niveau, certaines cases s'enclenchent mal, un décalage absurde, mais on s'en fiche, ça ne dure pas, c'est toujours au début, on ne sait pas vraiment s'il y a changement rapide ou si on est déjà embarqué dans l'histoire ; à notre petit niveau de gamin on commence peut-être à comprendre que "l'œuvre parfaite" n'a aucun intérêt et que le tout primera toujours, tant pis si les parties sont inégales.

On continue à grandir. On a Internet. On découvre que Carl Barks a un astéroïde à son nom, que Donald Duck est classé 7ème au Top 100 du Comics Journal, Scrooge McDuck (soit Picsou) en 20ème. On sait pas trop si ça vaut quelque chose mais c'est déjà ça. On s'aperçoit aussi qu'en 1995 Don Rosa a reçu un Eisner Award de la "best serialized series" pour La Jeunesse, dont on apprend au passage qu'elle se nomme The Life and Times of Scrooge McDuck et qu'il y a sûrement un paquet de nominations perdues dans l'indifférence de chacun. Même chose, on ne sait pas si ça avance à grand-chose, mais ça montre si besoin était que d'aucuns hauts placés savent que ce mec sait faire ce qu'il fait. Enfin voilà, on aime toujours. Le truc, c'est qu'à moins de tomber sur des gens qui ont connu ça comme nous, les gens à qui on en parle nous regardent avec perplexité. — Picsou ? Sérieux ? Ce truc avec des canards anthropomorphes ? La bande à Picsou (wou-hou) ? Même les gens qui ont fini par se convaincre que les mangas n'étaient pas forcément un ramassis indéfini de merdes interchangeables, plus par dépit indifférent qu'autre chose d'ailleurs, haussent les sourcils. Enfin on s'en fiche, dans le tas on a vu que certains comprenaient aussi, même si on est triste depuis quelques mois : Don Rosa, souffrant de l'œil et apparemment mal payé, ne fera plus de Disney.

La Jeunesse de Picsou, c'est quoi au fait ? 18 histoires s'éparpillant entre 1877 (il naît en 1867) et le début du vingtième, les deux derniers épisodes allant jusqu'en 1930 puis un triste Noël de 1947, racontant la façon chaotique dont Picsou est devenu le canard le plus riche du monde. En se basant sur diverses anecdotes placées ci ou là dans la bouche de Picsou par Carl Barks et en remplissant les blancs, Don Rosa décide de nous montrer ce qui a conduit le jeune Balthazar, écossais (prédisposition à la pingrerie) cireur de chaussures, à être un vieil acariâtre enfoncé dans son fauteuil (la début de l'épisode 12, dernier chronologique, avant le rappel à l'aventure que sonne l'apparition de Donald (neveu) et de ses propres neveux, ouvrant une sorte de paradoxe banal du héros figé dans le temps : jusqu'en 1947, Picsou grandit, vieillit, à partir de 1947, Picsou est comme immobilisé dans le temps, y compris rétrospectivement et/ou pour les histoires d'autres auteurs), en passant par une flopée de pays et de métiers temporaires, d'escrocs et de rencontres fabuleuses. Ça pue l'aventure, le voyage, le grandiose et l'érudition gentillette mêlant le canard à des événements plus ou moins importants, l'humour est omniprésent, les cases sont pleines de détails sans être réellement chargées (disons que même Eiichiro Oda, pourtant grand professionnel en ce domaine, doit s'incliner), c'est fluide, drôle et ça sait être poignant. Un canard peut être poignant. L'évolution mentale du personnage, son rapport à l'argent (le pivot de sa richesse, au Klondike) (l'argent pour ce qu'il est et pour ce qu'il représente, pour ce qu'il peut expliquer de lui) ou sa relation conflictuelle avec Goldie, sa tristesse devant l'impossibilité de réussir son choix.

Et puis hé, il y a déjà un moment, on a appris que les gens de Picsou Magazine allaient sortir des volumes regroupant tout ce qu'avait fait Don Rosa sur Picsou, Donald et autres habitants du coin. D'abord deux volumes de la Jeunesse, puis le reste, plus ou moins chronologiquement. Au départ c'était étrange de se dire qu'on allait retourner chez "ton marchand de journaux" pour lui prendre un exemplaire de Picsou Magazine. Puis voilà. A vrai dire, il n'est pas précisé que c'est une intégrale, ou même une intégrale des histoires faisant plus de dix pages. On le suppute, mais en dehors de quelques un personne n'ira comparer avec les listes officielles. Plus globalement rien n'est vraiment précis, les histoires sont dans un ordre indéfini. Ce n'est pas un bel objet mais pour 4 euros 90 on va pas non plus se plaindre, en attendant peut-être ceci.

Il y a quelques jours le volume 7 est sorti ; au vu de ce qu'on sait, c'est le dernier. Ce qui importe, c'est qu'il contient deux histoires permettant d'appréhender la dimension émotive du personnage de Picsou (ainsi que d'autres qui, à moindre échelle, modulent ce qu'est Donald). La première, "Une lettre de la maison" (A letter from home), revenant par le biais des Templiers sur un trésor enfoui dans le château où vivait la famille Picsou (on remarquera d'ailleurs le Saint-Graal, sorte de relique ultime, traité comme une pauvre merde), famille qu'il a quitté à ses treize ans et n'a depuis revu que peu, dans des situations sans passion. Obligé de retourner sur le lieu de son enfance et d'être confronté à sa sœur Matilda, il doit faire face à ce qu'elle pense de lui et plus largement de l'image de pingre solitaire qu'il a laissé à travers le monde, jusqu'à ses parents :

"Maman… Papa… Approuviez-vous ma mission ? Etiez-vous fiers de savoir que je parcourais le globe à la recherche de la fortune ? Compreniez-vous ma passion pour l'aventure vécue aux quatre coins du monde ? Pour le frisson que j'éprouvais en affrontant les plus malins… et en gagnant ? Ou pensiez-vous que je ne songeais qu'à l'argent ? Quelle opinion aviez-vous de moi ? Je ne le saurai jamais. Je bougeais sans cesse et vous ne pouviez pas m'envoyer de lettre !" (devant la tombe de ses parents)
"Je n'ai jamais reçu de lettre de la maison ! J'étais seul contre le monde le monde entier ! Et le monde gagnait !"
"'J'avais trop honte ! […] Mon corps était devenu plus résistant que mes idéaux. J'avais perdu de vue mes buts. Mais… j'étais trop têtu pour le reconnaître. Maman et papa étaient déjà partis… Et quand vous m'avez quitté, j'ai perdu ma joie de vivre !" (une fois le trésor trouvé, en parlant à Matilda)

C'est en gros sur ces trois citations que peuvent reposer l'histoire, se mêlant aux souvenirs de tout son cheminement honnête de jeune homme cherchant l'aventure et la richesse, jusqu'au moment nodal ou la seconde composante est passée devant la première. Picsou, découvrant le trésor caché sous la demeure familiale, boucle une aventure se chiffrant en décennies et finit par verbaliser ses sentiments.

La seconde, "La prisonnière de la vallée de l'Agonie Blanche" (The prisoner of White Agony Creek), arrive comme un épisode de la jeunesse de Picsou (ce qu'elle est d'ailleurs officiellement, épisode 8B, se calant ainsi entre le simple 8 et le 8C, publié et écrit plus tôt), partant non pas d'un point précis de l'histoire de Picsou mais comme histoire racontée à ses neveux, les yeux perdus devant un trésor inestimable. L'intérêt de cette histoire tient principalement à ce qu'elle se situe peu après un point charnière de l'évolution de l'encore jeune canard : la fin le voit trouver sa première pépite, il est "riche". Il n'y a qu'à nettoyer cette masse boueuse pour découvrir que c'est de l'or. Sa quête d'aventure, symboliquement menée par la recherche de richesses, basculera du côté secondaire. Cette pépite accélère l'évolution du personnage, allant de l'innocence ou de la naïveté (encore dans l'épisode 6, il se fait berner par un Afrikaner…) vers le cynisme et la cupidité (le personnage de Soapy Slick, banquier véreux et ignoble, qui apprend sans ménagement à Picsou prisonnier que sa mère est morte). Avec la richesse matérielle, sa quête s'achève, il sait pertinemment qu'il ne sera plus le même. Mais que faire ? Continuer à se mentir et à retarder l'échéance ? Il sera riche, que l'interrupteur soit actionné maintenant ou quelques années plus tard ne changera pas grand-chose à ce fait. Il embrasse son futur, quitte à aller lentement sur un chemin en pente, vers l'avarice et l'éloignement des siens, vers le Picsou qui est connu. La toute dernière case de l'épisode 8 ne contient d'ailleurs pas un "The end" mais un "The beginning". Plus qu'une astuce scénaristique éculée avant même sa première utilisation, c'est une vérité d'une tristesse inouïe qui s'installe : ici meurt le jeune aventurier, laissant place à qui n'avancera plus que pour l'argent. Tout ceci, évidemment, jusqu'en 1947. Tout ceci encore, pourquoi pas, jusqu'à sa reconnaissance verbale dans Une lettre de la maison.

L'épisode 9 le voit retourner, deux ans après sa première pépité, dans ses Highlands natals, où il enfilera pour la première fois sa légendaire redingote, nage dans son argent et commence à agir d'une façon méprisante, admettant qu'il mérite sa fortune (ce qui reste vrai)… En admettant que le changement soit encore palpitant chez lui, il se situe dans l'intervalle entre ces deux histoires. C'est là que s'installent les épisodes 8B et C. C'est là que s'installe vraiment le personnage de Goldie, en qui il trouve un alter ego à poigne et un amour que l'un et l'autre ont du mal à admettre. Leur relation est évidemment rude, en silences oscillant entre la colère, l'incompréhension et la timidité, dans son petit chalet isolé comme en ville, pendant que Jack London écribouille ce qui deviendra grand. En partant du Klondike, du Yukon, Picsou fait volontairement un choix…


4.11.08

arctualités

— WE NEED CHANGE !
— oui, du calme, j'ai juste des pièces de cinq centimes, ça vous va ?