9.12.08

The Son of the Sun


Il y a toute une flopée de gens, de mecs, de gugusses nés disons dans la deuxième moitié des années quatre-vingt, sûrement dans la première aussi (peut-être un peu après mais je ne peux pas me prononcer) on rigolait en voyant Cody dans notre belle famille le soir sur M6, à un autre moment de la journée ou du temps Parker Lewis était notre héros-copain (synchronisation des montres !) et Kubiac un gros rigolo, le mercredi matin on était juste content de prendre son petit-déjeuner et d'aller se poser devant TF1 pour regarder Dragon Ball et autres trucs que nos parents et nos profs d'histoire-géo trouvaient particulièrement débiles. D'ailleurs, on a rouspété quand le Club Dorothée s'est arrêté, surtout qu'il ne restait pas énormément d'épisodes de Dragon Ball à diffuser, je crois. On avait aussi des magazines, des trucs sur Dragon Ball aussi, des fois un Spirou ou un Journal de Mickey, un Mickey Parade, un Super Picsou Géant ou un Picsou Magazine. Spirou on va le dégager de la liste parce que ça ne correspond pas. Enfin on lisait des histoires avec des canards ou des souris. Avec le temps on a perdu la majorité des choses qu'on avait lu dedans—avouons-le, à moins d'avoir encore moins de douze ans, y avait pas forcément grand-chose à sauver (surtout dans Mickey Parade en fait, c'était gentil mais ça allait pas beaucoup plus loin, ça marche peut-être si on n'est pas regardant sur le côté graphique, narratif, humoristique ou en général). On se souvient qu'il y avait pas mal de noms italiens et que dans Picsou Magazine on nous disait que les histoires de canards avaient un certain succès en Scandinavie. On n'a pas vraiment retenu les noms des mecs qui faisaient ça, plus ou moins bien. Ouais, plus ou moins. C'est "dispensable", comme on dit, les bonnes histoires camouflant le reste pas forcément homogène. En gros, on a retenu deux noms : Carl Barks, le créateur, l'instigateur, le monstre, et surtout Don Rosa, l'élève ou repreneur magistral. Surtout parce que peut-être le trait était plus clair, les couleurs plus nettes, l'ensemble plus foisonnant et dans l'absolu plus moderne. Les deux étaient ceux qui donnaient une âme à des canards. En fait, on se souvient principalement des histoires d'aventures et de chasse aux trésors, de tous les trésors possibles et imaginables (inclus dans un agrégat de cultures et de mythologies existantes), et de quelques histoires mythiques (Si Donald n'existait pas ?, chose magnifique sortie dans Le Journal de Mickey pour les 60 ans du personnage, je n'avais même pas huit ans), le reste on s'en rappelle de plus loin, tout ça finalement centré autour de La Jeunesse de Picsou. On avait d'ailleurs, au milieu de choses imputables à la fins de la décennie, religieusement acheté notre exemplaire complet (à l'époque, 15 épisodes dans un volume) de La Jeunesse, en 1998. On grandit avec, on commence à voir que le découpage de Don Rosa est parfois bancal au début de l'histoire, que les ellipses minuscules des entre-cases sont pataudes, qu'à un certain niveau, certaines cases s'enclenchent mal, un décalage absurde, mais on s'en fiche, ça ne dure pas, c'est toujours au début, on ne sait pas vraiment s'il y a changement rapide ou si on est déjà embarqué dans l'histoire ; à notre petit niveau de gamin on commence peut-être à comprendre que "l'œuvre parfaite" n'a aucun intérêt et que le tout primera toujours, tant pis si les parties sont inégales.

On continue à grandir. On a Internet. On découvre que Carl Barks a un astéroïde à son nom, que Donald Duck est classé 7ème au Top 100 du Comics Journal, Scrooge McDuck (soit Picsou) en 20ème. On sait pas trop si ça vaut quelque chose mais c'est déjà ça. On s'aperçoit aussi qu'en 1995 Don Rosa a reçu un Eisner Award de la "best serialized series" pour La Jeunesse, dont on apprend au passage qu'elle se nomme The Life and Times of Scrooge McDuck et qu'il y a sûrement un paquet de nominations perdues dans l'indifférence de chacun. Même chose, on ne sait pas si ça avance à grand-chose, mais ça montre si besoin était que d'aucuns hauts placés savent que ce mec sait faire ce qu'il fait. Enfin voilà, on aime toujours. Le truc, c'est qu'à moins de tomber sur des gens qui ont connu ça comme nous, les gens à qui on en parle nous regardent avec perplexité. — Picsou ? Sérieux ? Ce truc avec des canards anthropomorphes ? La bande à Picsou (wou-hou) ? Même les gens qui ont fini par se convaincre que les mangas n'étaient pas forcément un ramassis indéfini de merdes interchangeables, plus par dépit indifférent qu'autre chose d'ailleurs, haussent les sourcils. Enfin on s'en fiche, dans le tas on a vu que certains comprenaient aussi, même si on est triste depuis quelques mois : Don Rosa, souffrant de l'œil et apparemment mal payé, ne fera plus de Disney.

La Jeunesse de Picsou, c'est quoi au fait ? 18 histoires s'éparpillant entre 1877 (il naît en 1867) et le début du vingtième, les deux derniers épisodes allant jusqu'en 1930 puis un triste Noël de 1947, racontant la façon chaotique dont Picsou est devenu le canard le plus riche du monde. En se basant sur diverses anecdotes placées ci ou là dans la bouche de Picsou par Carl Barks et en remplissant les blancs, Don Rosa décide de nous montrer ce qui a conduit le jeune Balthazar, écossais (prédisposition à la pingrerie) cireur de chaussures, à être un vieil acariâtre enfoncé dans son fauteuil (la début de l'épisode 12, dernier chronologique, avant le rappel à l'aventure que sonne l'apparition de Donald (neveu) et de ses propres neveux, ouvrant une sorte de paradoxe banal du héros figé dans le temps : jusqu'en 1947, Picsou grandit, vieillit, à partir de 1947, Picsou est comme immobilisé dans le temps, y compris rétrospectivement et/ou pour les histoires d'autres auteurs), en passant par une flopée de pays et de métiers temporaires, d'escrocs et de rencontres fabuleuses. Ça pue l'aventure, le voyage, le grandiose et l'érudition gentillette mêlant le canard à des événements plus ou moins importants, l'humour est omniprésent, les cases sont pleines de détails sans être réellement chargées (disons que même Eiichiro Oda, pourtant grand professionnel en ce domaine, doit s'incliner), c'est fluide, drôle et ça sait être poignant. Un canard peut être poignant. L'évolution mentale du personnage, son rapport à l'argent (le pivot de sa richesse, au Klondike) (l'argent pour ce qu'il est et pour ce qu'il représente, pour ce qu'il peut expliquer de lui) ou sa relation conflictuelle avec Goldie, sa tristesse devant l'impossibilité de réussir son choix.

Et puis hé, il y a déjà un moment, on a appris que les gens de Picsou Magazine allaient sortir des volumes regroupant tout ce qu'avait fait Don Rosa sur Picsou, Donald et autres habitants du coin. D'abord deux volumes de la Jeunesse, puis le reste, plus ou moins chronologiquement. Au départ c'était étrange de se dire qu'on allait retourner chez "ton marchand de journaux" pour lui prendre un exemplaire de Picsou Magazine. Puis voilà. A vrai dire, il n'est pas précisé que c'est une intégrale, ou même une intégrale des histoires faisant plus de dix pages. On le suppute, mais en dehors de quelques un personne n'ira comparer avec les listes officielles. Plus globalement rien n'est vraiment précis, les histoires sont dans un ordre indéfini. Ce n'est pas un bel objet mais pour 4 euros 90 on va pas non plus se plaindre, en attendant peut-être ceci.

Il y a quelques jours le volume 7 est sorti ; au vu de ce qu'on sait, c'est le dernier. Ce qui importe, c'est qu'il contient deux histoires permettant d'appréhender la dimension émotive du personnage de Picsou (ainsi que d'autres qui, à moindre échelle, modulent ce qu'est Donald). La première, "Une lettre de la maison" (A letter from home), revenant par le biais des Templiers sur un trésor enfoui dans le château où vivait la famille Picsou (on remarquera d'ailleurs le Saint-Graal, sorte de relique ultime, traité comme une pauvre merde), famille qu'il a quitté à ses treize ans et n'a depuis revu que peu, dans des situations sans passion. Obligé de retourner sur le lieu de son enfance et d'être confronté à sa sœur Matilda, il doit faire face à ce qu'elle pense de lui et plus largement de l'image de pingre solitaire qu'il a laissé à travers le monde, jusqu'à ses parents :

"Maman… Papa… Approuviez-vous ma mission ? Etiez-vous fiers de savoir que je parcourais le globe à la recherche de la fortune ? Compreniez-vous ma passion pour l'aventure vécue aux quatre coins du monde ? Pour le frisson que j'éprouvais en affrontant les plus malins… et en gagnant ? Ou pensiez-vous que je ne songeais qu'à l'argent ? Quelle opinion aviez-vous de moi ? Je ne le saurai jamais. Je bougeais sans cesse et vous ne pouviez pas m'envoyer de lettre !" (devant la tombe de ses parents)
"Je n'ai jamais reçu de lettre de la maison ! J'étais seul contre le monde le monde entier ! Et le monde gagnait !"
"'J'avais trop honte ! […] Mon corps était devenu plus résistant que mes idéaux. J'avais perdu de vue mes buts. Mais… j'étais trop têtu pour le reconnaître. Maman et papa étaient déjà partis… Et quand vous m'avez quitté, j'ai perdu ma joie de vivre !" (une fois le trésor trouvé, en parlant à Matilda)

C'est en gros sur ces trois citations que peuvent reposer l'histoire, se mêlant aux souvenirs de tout son cheminement honnête de jeune homme cherchant l'aventure et la richesse, jusqu'au moment nodal ou la seconde composante est passée devant la première. Picsou, découvrant le trésor caché sous la demeure familiale, boucle une aventure se chiffrant en décennies et finit par verbaliser ses sentiments.

La seconde, "La prisonnière de la vallée de l'Agonie Blanche" (The prisoner of White Agony Creek), arrive comme un épisode de la jeunesse de Picsou (ce qu'elle est d'ailleurs officiellement, épisode 8B, se calant ainsi entre le simple 8 et le 8C, publié et écrit plus tôt), partant non pas d'un point précis de l'histoire de Picsou mais comme histoire racontée à ses neveux, les yeux perdus devant un trésor inestimable. L'intérêt de cette histoire tient principalement à ce qu'elle se situe peu après un point charnière de l'évolution de l'encore jeune canard : la fin le voit trouver sa première pépite, il est "riche". Il n'y a qu'à nettoyer cette masse boueuse pour découvrir que c'est de l'or. Sa quête d'aventure, symboliquement menée par la recherche de richesses, basculera du côté secondaire. Cette pépite accélère l'évolution du personnage, allant de l'innocence ou de la naïveté (encore dans l'épisode 6, il se fait berner par un Afrikaner…) vers le cynisme et la cupidité (le personnage de Soapy Slick, banquier véreux et ignoble, qui apprend sans ménagement à Picsou prisonnier que sa mère est morte). Avec la richesse matérielle, sa quête s'achève, il sait pertinemment qu'il ne sera plus le même. Mais que faire ? Continuer à se mentir et à retarder l'échéance ? Il sera riche, que l'interrupteur soit actionné maintenant ou quelques années plus tard ne changera pas grand-chose à ce fait. Il embrasse son futur, quitte à aller lentement sur un chemin en pente, vers l'avarice et l'éloignement des siens, vers le Picsou qui est connu. La toute dernière case de l'épisode 8 ne contient d'ailleurs pas un "The end" mais un "The beginning". Plus qu'une astuce scénaristique éculée avant même sa première utilisation, c'est une vérité d'une tristesse inouïe qui s'installe : ici meurt le jeune aventurier, laissant place à qui n'avancera plus que pour l'argent. Tout ceci, évidemment, jusqu'en 1947. Tout ceci encore, pourquoi pas, jusqu'à sa reconnaissance verbale dans Une lettre de la maison.

L'épisode 9 le voit retourner, deux ans après sa première pépité, dans ses Highlands natals, où il enfilera pour la première fois sa légendaire redingote, nage dans son argent et commence à agir d'une façon méprisante, admettant qu'il mérite sa fortune (ce qui reste vrai)… En admettant que le changement soit encore palpitant chez lui, il se situe dans l'intervalle entre ces deux histoires. C'est là que s'installent les épisodes 8B et C. C'est là que s'installe vraiment le personnage de Goldie, en qui il trouve un alter ego à poigne et un amour que l'un et l'autre ont du mal à admettre. Leur relation est évidemment rude, en silences oscillant entre la colère, l'incompréhension et la timidité, dans son petit chalet isolé comme en ville, pendant que Jack London écribouille ce qui deviendra grand. En partant du Klondike, du Yukon, Picsou fait volontairement un choix…


4.11.08

arctualités

— WE NEED CHANGE !
— oui, du calme, j'ai juste des pièces de cinq centimes, ça vous va ?

26.10.08

petit dialogue entre œdipiens cathodiques

(ou éloge des gros lourds)

Personnages :
  • Eugénie, 17 ans
  • GAMMA, 17 ans
  • Ulsio, 18 ans
Eu.— mais c'est quoi ce programme ? C'est truffé de fautes
GA.— j'te trufferais bien, coquine
Eu.— espèce de petit—
Ul.— non mais attends, la prochaine fois tu veux pas dire qu'il est "fourré" de fautes ? C'est pas très juste mais j'aimerais bien changer la blague un peu. Et te fourrer aussi, j'aimerais bien, oui
GA.— ça devrait être rétroactif aussi
Eu.— non, et de toute façon ton truc ne sert à rien… c'est… hum, c'est aaah comme pisser dans un violon
Ul.— se branler dans un violon
Eu.— quoi ?
Ul.— on dit "se branler dans un violon", pas "pisser"
GA.— je confirme, ça serait totalement idiot de pisser dans un violon
Eu.— c'est le principe : ça veut dire que c'est inepte et inutile
GA.— mouais… J'veux dire, c'est quand même dommage pour le violon, il est foutu après, donc techniquement ce n'est pas inutile ; ça ne sert à rien mais ça change pas mal de trucs, donc je peux pas—en mon for intérieur—dire que c'est inutile—ma conception du truc, tu vois. Alors que si on se branle dedans, ça devrait pas changer grand-chose, suffit de trouver la bonne position
Ul.— et les cordes font de sacrées sensations
Eu. — quoi ? T'as déj—
GA.— c'est vrai ?
Ul.— ouais je t'assure, tu devrais essayer. Si je pouvais me faire Eugénie—je te cite juste comme exemple ma poule—à loisir je m'en servirais pas, mais là je suis seul et… ooooh oui tu vois, on fait ce qu'on peut
GA.— c'est pas un peu serré ?
Ul.— évidemment, mais ça augmente les sensations. Bon il faut prendre le coup étant donné que c'est euh un peu coupant, mais sinon c'est parfait, tu détends un peu et hop. Pour ceux qui débutent on peut aussi changer directement les cordes, ça vibre moins bien mais ça évite d'avoir une bite de lépreux
Eu.— c'est plus glamour qu'avec une flûte en tout cas
GA.— la flûte… un grand classique…
Ul.— y a des flûtes glamour, rien qu'une traversière c'est la classe. Sûr que si tu gardes ta merde de collégienne en plastique même pas impression bois tu va avoir une sale réaction en te pipotant le minou
Eu.— euh, oui… on va dire que j'ai rien entendu
GA.— en attendant c'est très con cette expression, c'est comme—
Ul.— je connais une boutique musicale sympa pas trop loin si tu veux
GA.— faut pas jeter le bébé avec l'eau du bain, c'est débile, fau—
Eu.— faudrait une sacrée bonde, oui, tu l'as déjà dit des milliers de fois. — Ulsio, je sais pas trop, on en reparlera…
GA.— rien que l'aspect musical, évidemment
Eu.— oui enfin j'ai dit on verra, faut pas mettre la charrue avant les bœufs
Ul.— ta mère
Eu.— quoi ?!
Ul.— on dit "faut pas mettre la charrue avant ta mère", pas "les bœufs"
GA.— je confirme, ça serait totalement idiot de mettre la charr—quoi ?
Ul.— ouais, qui se ferait une charrue de toute façon ?
GA.— je sais pas… ta mère ?
Eu.— vous êtes lourds
Ul.— pour le coup, je te trouve un peu… obtuse
GA.— pas comme ta mère, encore que… c'est quoi un angle obtus déjà ? plus ou moins que droit ?
Eu.— vous êtes juste lourds
GA.— comme ta—non… trop facile
Eu.— c'est ta mère qu'est facile
Ul.— mec t'es une buse, tu te fais avoir à chaque fois
GA.— chaque fois to you, sir
Eu.— quelle morgue
GA.— double assassinat dans cette rue, je crois bien. Le coupable n'était pas ma mère

etc.

16.10.08

spur of the moment

So if you see me in your town and I appear to be moody
It's cause I'm thinkin 'bout plans that's bigger than Serena booty
-- Ludacris

(• illustration ajoutée pour appuyer les dires de sieur Bridges et l'intensité de sa moodiness et FOR GRAET JUSTYS aussi, quoi que non, même avec du détachement*)

Au soir aimable et folichon du 12 février 2002 avril 1997, l'on aperçut de par toutes les régions du coin un halo de lumière pâlotte s'aventurer dans des recoins profonds des heureux territoires plats, par toutes les régions et les télescopes, outrés d'une violation si manifeste des accords sur la luminosité ambiante. La cause de cette auréole pleine comme une corne d'abondance (n'en ayant pourtant pas la forme) était la grande réception, au PALAIS DE VERSAILLES mesdames et messieurs (château) (mais oui les enfants aussi y allaient), réservé pour l'occasion, parterres de tulipes et tout un arsenal de choses propices à faire exploser de bonheur ambré le cœur et les poumons des gens passant par ici, menée tout spécialement pour le mariage de la Dame châtain clair Domitille Croquis et du Sieur imberbe et moyennement grand Raphaël Tabulon, menée en grande pompe car, comme l'exprimait à l'instant avec sa verve et son honneur habituels le Père Simon Tralala, jovial curé à la pointe de la théochnologie ecclésiaste : car en vérité, en vérité, je vous le dis, ces gens-là sont plus riches que Dubaï tout entier, ce qui est probablement faux et d'ailleurs plus que probablement un mensonge par exagération, mais se laisse dire et entendre quand c'est un respectable membre de l'Eglise (la question est de savoir si l'expression est redondante) qui l'annonce (peut-être était-ce une parabole), même sous l'emprise à demi-avouée du whisky bénit et des chips estampillés corpus christi sauce barbecue (CORPUS CHIPSI a fait faillite mais ses produits connaissent un succès ayant permis aux amateurs de les retrouver, à peine modifiés, chez d'autres découpeurs de patates), car en vérité, en vérité il nous le dit encore, bon sang ne saurait mentir. Il y eut—amen !, et tout reste assez calme un bon moment malgré les ponctuelles bêtises—large bombance et festoiements chatoyants tout au long de la nuit et même jusqu'au moment où les grasses matinées s'achèvent, comme pour casser des expressions et des gueules de bois, un ensemble d'événements satisfaisants, menés par un cortège de coucheries épuisantes et porteuses de découvertes sinon de fœtus, entre demoiselles d'honneur et membres du chœur de chant grégorien, quelques jeunes habiles amateurs de fiesta et de bamboula extérieurs aux sphères familiales des familles Tabulon et Croquis s'étant mêlés dans le tas dès les débuts, satisfaits d'avoir leur attirail génital prêt à un rapide emploi sous les longues robes blanches (chacun sait qu'un mariage est, pour qui sait faire et dans la mesure où ce n'est pas un mariage de monstres, une sacrée occasion de partouzer) de l'uniforme religieux, et bien d'autres choses faisant partie d'une cérémonie réussie et marquant d'une pierre aussi colorée qu'une glace à la fraise la chose dans l'autoroute souvenante de quiconque s'était engagé à boire plus que d'habitude ; traînant force rigolards et sensuels événements dans sa traîne comme le fait celle de la mariée, jusqu'à quelques événements peu estimables et même dirons-nous assez perturbants. Mais, allons—si, la soirée suivante, celle d'après peut-être, ils savent encore dormir, tout ira bien.

Notre cher ami le Père Simon Tralala, après avoir émis sa pensée sur l'état de richesse du tout jeune couple Tabulon et par extension (ou intension) des deux familles, s'en alla dégobiller dans un bosquet en compagnie d'autres ventres barbouillés, et rinça ses manquements à l'abstinence par le pelotage de fesses bien senti d'une portion congrue qui passait dans le domaine d'étendue de ses bras hagards. Il est intéressant de noter que cela se passe dès le début du grand repas, ordonné autour des jardins, alors que la petite partie de la journée réservée au domaine religieux vient de s'achever sur une explosion sonore et que le grand banquet commence à faire voir ses entrées dans les brumes d'un apéritif durant cinq heures. Domitille tout juste Tabulon, née Croquis, descend des grandiloquents escaliers avec sa robe probablement faite en peau de cul d'un animal en voie d'extinction, blanchie pour l'occasion, accompagnée du fier Raphaël et de son sceptre ouvragé comme celui d'un grand vizir, duquel il frappe le revêtement tapissaire des marches, le couple main dans la main au centre d'un couloir de convives très expressifs, le côté gauche (relativement au couple) commençant à s'évaporer pour aller courir dans l'herbe et faire les idiots dans les larges et espacés bassins, se courant après et se lançant des andouilleries comme s'ils étaient dans Mario Kart.

(a apparemment été écrit le 4 juillet au soir. Pas relu mais suivent environ 27.000 mots d'aventures dans lesquelles Heather Graham et d'autres, y compris une femme qui porte un pseudonyme de catcheuse flaubertienne et une autre qui mange des gambas, se battent contre un étrange amateur de chair féminine (le vil P. Chaussouris, déjà cité ici) ; dans lesquelles une femme essaiera sans succès de se suicider ; dans lesquelles un homme au pseudonyme semi-asiatique se transformera en otarie (oui, je sais) ; dans lesquelles Heather Graham et Chaussouris font d'honteuses blagues sur les noirs et les lesbiennes, peut-être un peu sur les juifs ; dans lesquelles la jeune journaliste de mode Corinne Bourbonnois se demande pourquoi, en chiffres dits romains, 999 s'écrit CMXCIX et non IC ; bref beaucoup de femmes, et des jolies bien souvent)
(l'exergue est ajoutée aujourd'hui, pour le simple bonheur de l'ajouter et de faire le jeu de mots en note qui suit)


* L'INSEE Lohan indique que 43% des personnes interrogées sont effrayées par cet exemple de postérieur.


Au revoir :

27.9.08

titre provisoire de texte inexistant

(source : Hirohiko Araki, JoJo's Bizarre Adventure, vol. 33 : Allons manger italien !
citation approximativement extraite de la traduction, qui est normalement [...] dans ces spaghettis)

21.9.08

hublot


Car effectivement, suivant la leçon un peu pathétique du Titanic et d'un paquet d'autres patapoufs des mers mal conçus ou menés par des andouilles notoires, la logistique et tout l'appareil superviseur de la construction a commencé bien en amont des premières études concrètes de charpenterie : le principal problème était celui de l'évitement des icebergs, dans une ordre d'idée de temps assez rapide si cela est possible—il est bien connu que, à la manière des platanes, les icebergs surgissent au beau milieu de la ligne de conduite, l'on se demande même à force si les deux ne sont pas liés, si les platanes ne poussent pas exclusivement sur la banquise avant d'être replantés aux bords des routes ; cela peut ou doit pouvoir aussi s'expliquer par la physique des glaçons, qui bien souvent dans un whisky-coca (par exemple, exemple pratique) remontent de manière impromptue sous les perturbations qui les avaient vu s'enfoncer un tantinet—, d'abord envisagé sous l'angle du sursaut et de l'absence de contact pure, ce qui se traduisait par de petits moteurs latéraux capables, d'un coup de gouvernail ou de bouton rouge, de propulser le navire à l'écart du problème, ce qui pourrait aussi servir (cela s'est dit assez véhémémment lors de la préconception) dans la perspective d'une attaque pirate ou de la chute d'une météorite, même dans l'optique où les divergences de température peuvent décider de blablabla ("— attends mec je t'explique iceberg = froid et météorite = chaud même si enfin voilà t'es sûr que t'es scientifique ? / — ouhlà attends en quoi ça a un rapport avec les moteurs ?—"), position rapidement abandonnée devant des problèmes évidents (taille qu'il faudrait pour ce genre de moteurs latéraux, surtout si on les estime "petits", ainsi que le dérangement des passagers), pour être remplacée par des élucubrations voulant faire du bateau un lieu (selon les modes du moment : magnétique ou simplement décomplexé) destiné à pouvoir se schrödingeriser (une version moins ambitieuse se voyait projeter des choses pour dédoubler l'iceberg, le faire osciller avec assez d'amplitude et de vitesse relative pour passer, un peu comme Gibraltar ou Charybde et Scylla), et comme le dit Monsieur Colvert, scientifique 4ème dan : "ce qui consisterait à faire en sorte que l'état l'iceberg n'est pas là domine pour un petit moment, vous comprenez ? le temps que tout passe l'obstacle : la transition se fait par un ensemble lié au navire lui-même : en approche de glace trop solide pour la coque, l'état—"les proportions d'états"—se modifie—"nt"—comme par pression d'un interrupteur. D'un saut prévu, d'un grandissement d'échelle, seul l'iceberg est témoin du changement quantique qui embrasse le lieu… et cela pourrait servir pour bien plus, imaginez votre nom accolé à un Prix Nobel ou dans la bouche de la crème intellectuelle".

Il continuera un brin, improvisant pour donner un aspect lissé et réaliste à la chose : "aucune indisposition des passagers, qui seront mis au courant d'une attraction fantolographique spéciale", et dans un élan d'intelligence, stoppa son babil avant de donner une approximation du nombre de chats nécessaires à l'opération. Tout ceci fut rapidement abandonné : malgré la motivation de ses défenseurs, Colvert en tête, l'incapacité de la mettre en pratique et plus globalement d'avancer une théorie concrète, viable ou simplement cohérente sur le plan adéquat, tout ceci couplé à un amateurisme certain ("votre naïveté me donne envie de vomir" ; un fan avant l'heure ?) a prévalu. Tout cela a mené à une théorie à propos du verre ou d'autres matériaux plus ou moins transparents (plexiglas et autres choses de tintinophiles) qui n'encombreraient pas vraiment la flottabilité ni la résistance, tout en permettant une certaine publicité ("Le premier paquebot transparent !" ou autres bêtises mornes) capable d'attirer les curieux, les actrices et les dermatologues. Après avoir compris que 1) le nombre de couches ou 2) l'épaisseur—ce qui revient sensiblement au même—annulaient d'office la possibilité de translucidité (un des scientifique en marche sur ce projet a proposé après coup de faire un bateau normal, entouré d'une dernière couche de bidule pas très opaque où les gens pourraient venir faire les observateurs de poissons émérites et n'a pas gagné grand-chose d'autre qu'une godasse en travers de la gueule "mais ce serait très condensé ! mais" mais oui mon con) (si on demande maintenant aux autorités de régulation, elles ne sauront pas vraiment en quoi le plexiglas ou le verre étaient supposés avoir un impact sur les icebergs, mais ça n'a pas eu l'air à l'époque de les déranger outre-mesure). La solution finalement retenue fut assez simple et consistait en une combinaison de quelques éléments : un commandant de bord sobre de naissance, des radars à la pointe de la technologie et à quelques jeux de torpilles habilement placés sur le profil sous-marin du bateau, ce qui explique peut-être sa forme, qui elle-même explique son nom : L'ENDIVE.

La plus grande question de nombre des gens concernés par la construction de L'ENDIVE était de l'ordre de celle-ci : "pourquoi supposer un iceberg alors que le trajet est Nice-New-York ?". La réponse la plus facile et la plus utilisée se basait sur : "l'Histoire ne vous a donc rien appris ?" ("mais monsieur c'était il y a plus de soixante-dix ans, on se débrouille mieux maintenant—"), une autre "sur le trajet il fait froid", mais la réelle raison était d'un autre ordre : le voyage, après être parti de Nice, avoir fait escale à Barcelone et s'être arrêté à quelque courte distance de l'Amérique, consistait en la réunion du maximum de passagers sur le pont principal au petit soir, pour leur faire décider du point d'amarrage futur, parmi deux lieux. Vers l'Alaska ou vers les Caraïbes, destinations vagues que le Commandant, Monsieur Chaala Ed Chaala, américo-marocain tétraglotte et (comme tous les grands chefs et meneurs de navires) possèdant un perroquet, bien conscient qu'une jambe de bois bien montrée est plus valorisante que n'importe quelle prothèse moderne, préciserait à chaque fois que l'approche s'annoncerait, dans la mesure du possible. Les torpilles sont donc presque nécessaires pour la voie du Nord—peut-être insuffisantes aussi—mais savent trouver leur utilité (comme les petits moteurs latéraux abandonnés) face aux bandes organisées de bandits qui sévissent le long des côtes, qu'elles soient caribéennes ou (bien en amont) espagnoles. Les torpilles elles-mêmes contiennent des canots de sauvetage gonflables, qui serviront en cas de naufrage ("on n'est jamais trop prudent ! Mieux vaut trop que pas assez !"), de blague morbide si elles sont utilisées, et à rien autrement, peut-être à amuser des petits pingouins ou des phoques si le Commandant se perd un brin. D'autres solutions (dont certaines auraient pu cohabiter avec les autres sans trop de problèmes), telles que la coque chauffante, déclamer du Saint Augustin ou survitaminer les olives des martinis, n'ont malheureusement pas été retenues.

6.8.08

piper maru

Puisque je suis sur X files, j'en profite pour donner cette liste d'épisodes particuliers, fruit d'heures de choix ardus (pour l'instant, ça ne va que jusqu'à l'épisode 17 de la saison 5 et, que ce soit une bonne idée ou non, je n'ai pas inclus, à quelques/une exception[s] (Emily) près, les épisodes concernant la mythologie, ce qui comprend aussi Musings of a Cigarette Smoking Man et autres qui aurait pu être sur le podium des plus cool ou plus oppressant). (bien sûr, tout est sujet à ma mémoire, blablabla)

Episode le plus drôle : Le Seigneur du magma (3x20; Jose Chung's 'From Outer Space')
dauphin : Le shérif a les dents longues (5x12 ; Bad Blood)

Episode le plus sanglant/dégueu : Sanguinarium (4x6)
dauphin : F. Emasculata (2x22 ; Contamination)

Episode le plus glauque : La meute (4x2; Home)

Episode le plus oppressant : Quand vient la nuit (1x19 ; Darkness Falls—ce n'est probablement pas vrai mais j'aime beaucoup cet épisode)
dauphin : Projet Arctique (1x7 ; Ice)

Episode le plus cool : Compressions/Le retour de Tooms (1x2 & 1x20; Squeeze/Tooms)
dauphin : Le vaisseau fantôme (2x19 ; Dod Kalm)
2ème dauphin : Autosuggestion (3x17 ; Pusher)

Episode le plus mon dieu comment ça craint : Espace (1x8 ; Space)
dauphin : Clic Mortel (5x11 ; Killswitch)

Concept le plus foiré : Les vampires (2x7 ; 3)
dauphin : Corps astral (3x7 ; The walk—contrairement à Les vampires/3, celui-ci aurait sa place dans la catégorie des "oh mon dieu comment ça craint")

Episode le plus triste : Le pré où je suis mort (4x5; The field where I died)
dauphin : Emily (part. 1 & 2) (5x6 & 5x7 ; Christmas Carol/Emily)

Episode le plus aimable : Un Prométhée post-moderne (5x5; The post-modern Prometheus)

5.8.08

SFX LIE

Un petit avis sur X Files – Régénération (The X Files – I want to believe) (je spoile sur l'ensemble du film)

Le film ne parle pas de conspiration gouvernementale ni d'extra-terrestres, et quiconque a déjà vu la série un peu plus largement que l'image qu'on s'en fait sait très bien que la majorité des épisodes se compose d'une mosaïque d'affaires non-classées (les X files en question) mêlant questions proprement surnaturelles et un paquet d'aberrations génétiques. Régénération fait partie de ce pan de la série, qui est à l'origine bien plus présent que les histoires de l'homme à la cigarette et de ses copains ; en partant de ce postulat, se plaindre de ne pas retrouver ce qui a fait la légende (pour ce genre de choses on parle de mythologie, à l'échelle) publique de la série est soit un caprice de fan insatisfait de ne pas poursuivre ce qui faisait selon lui l'essence de la série (se décevoir tout seul en imaginant des choses que personne n'a vraiment promis), comme une conclusion aux mesures bancales de ses espoirs (et qu'il espère toujours en guise de troisième et dernier film à sortir en 2012, le jour de la fin du monde), qu'il voudrait voir remplacer quelques dernières saisons lourdes, affaissées sous leurs propres extensions tentaculaires jusqu'au vomissement, soit une idiotie de qui n'a jamais regardé autre chose qu'un ou huit épisodes (disons Tunguska et Anasazi, Tempus Fugit ou E.B.E.) et parle d'un fond qu'il ne connait pas. D'ici, que fait-on ? on se débrouille déjà pour ne pas avoir de générique de début (quitte à faire supposer au spectateur que le cold open habituel dure vingt minutes avant qu'il se satisfasse de ne pas savoir s'il verra malgré tout dans la liste des noms tels que William B. Davis ou Nicholas Lea (pourquoi pas, sait-on jamais, bref), ou même plus simplement Mitch Pileggi) et limiter la ritournelle légendaire en six notes à trois apparitions, une tout au début, marque de présence, une finale (fin de boucle) et une pour un effet comique totalement délié de la série.

Ce qu'on veut voir, c'est pourtant simple : Mulder et Scully.

Nous débutons dans la neige, sans trop savoir ce qui se déroule : deux idées mises en miroir, l'une début de nuit et l'autre de matin, l'une en lieu presque fermé et l'autre ouvert, une à deux ou trois et l'autre à tant qu'on ne sait pas vraiment si les compter est intéressant. Le montage est un peu lourd, passant d'un point à l'autre en s'accélérant comme pour fixer les battements de cœurs de la victime sur les recherches pleines de froid, du spectateur aussi. Le mystère ne vient pas encore du meurtre mais de la façon dont on découvre le corps, un corps, un seul membre même, qui ne correspond pas a qui a disparu. Un prêtre aide le FBI (un ancien pédophile d'ailleurs, dérangé par ses pulsions au point de s'être castré), on ne sait pas ce qui le lie au mystère. A la limite, on s'en fout, il sert à intégrer les "légendaires" Mulder & Scully sur une piste mystérieuse, tandis que le meilleur avantage de ce personnage est qu'il met Scully encore une fois face à ce que d'aucuns prétendent faire partie de sa religion (on ne verra pas, je crois, le fameux pendentif (que ce soit l'original ou un autre semblable) symbolisant sa foi, son espoir pragmatique et touchant, mais on sait que Scully est en lien au christianisme et, si on ne le savait pas, les marionnettistes se débrouillent pour faire apparaître son personnage comme médecin dans un hôpital religieux (elle a servi de médecin légal tout au long de la série, de médecin tout court quand cela servait (même si je retiens d'un épisode vu dans la journée qu'elle a arrêté de pratiquer), d'agent du FBI le plus souvent et au moins une fois on l'a vue avec une tenue proche du commando et elle a écrit sa thèse sur le paradoxe du jumeau d'Einstein, ça m'a toujours surpris qu'elle soit comme un couteau suisse parfois)), qu'il la met face aux limites de l'homme, de ses croyances et de son rapport à l'autre, à au moins deux niveaux distincts (le prêtre signe la limite de l'acceptable d'un côté et pourtant devient clé de la vérité, la mettant dans l'impasse voulant qu'un viol et un violeur peuvent avoir une conséquence positive, qu'on s'empressera de remettre au centre et sous les milliards de négatives évidemment).

A partir d'ici (aussi, encore), que fait-on des clins d'œil ? à première vue, le clin d'œil ne se fait pas sur la mythologie de la série, donc on se les fout au cul, ils ne servent plus à grand-chose pour l'amateur moyen (s'il y a une chose qui rappelle un épisode avec Leonard Betts*, on fait quoi ? rien, non ? il est dur de faire quelque chose qui serve réellement, il ne servira qu'à rien d'autre qu'à satisfaire qui l'a entrevu, ayant du mal à entamer autre chose que son entreprise de rapport temporel) on s'estimera juste content de voir comment la mise en scène s'amuse avec les scènes d'introduction de personnage, conservant l'idiotie volontaire et le suspense basique qui consiste à faire voir d'un homme ou d'une femme simplement la main ou le dos, pour ne s'apercevoir qu'un peu plus tard qu'il s'agit bien de LUI (OH ! AH !) ou d'elle (AH ! OH !) (l'exercice devient d'un ridicule assumé, à effet presque comique quand il arrive une troisième fois sur Skinner). Ici, à l'inverse le retardement sert à comprimer l'excitation : on sait que cet homme retourné est Mulder, et depuis l'autre côté de la caméra on retarde l'apparition de son visage. Aussi on sera finalement ravi, comme un gamin, de voir que l'iconique poster de Mulder est toujours placardé sur un mur. Même chose, plus ou moins, pour la photo de Samantha ou pour quiconque arrive peut-être à lire les coupures de journaux à côté. Perplexe quand sur un lit traîne un bouquin de Dori Carter (apparemment la femme de Chris) intitulé "Beautiful wasps having sex" (même si je suppose que les wasps en question sont de ceux qu'on apprend en troisième ou quelque chose dans le genre, les célèbres white anglo-saxon protestants, ce que l'on peut, en étant très généreux, estimer que Mulder et Scully sont, la guêpe est un motif récurrent de la série, à moins que ce ne soient les abeilles… enfin).

En fait, ce qu'on voulait voir, c'était… comment dire ? Mulder et Scully, oui, si possible avec l'enrobage de beaux dialogues et d'aura mystique, de relation élaborée sur des années (qu'il devient difficile à rendre à l'écran en une ou deux heures, à résumer, étendre et contracter), de combinaison d'habit de fonction et de tension sexuelle plus ou moins palpable, ça, c'était avant et maintenant au moins voir comment ça marche, comment après ce temps ils ont changé et dans quelle mesure ils sont restés immuables. Hic ou non, leurs chemins qui dans la série partaient d'une base professionnelle pour se tisser sur le reste de leur vie, deviennent ici, par les années qui passent, plus proches physiquement, c'est peut-être pour cela que la relation professionnelle est brisée, se composant pour la majeure partie de choses largement différentes pour l'un et l'autre, quitte à se départir du rôle (Scully, en tenue de Docteur, n'est pas le personnage Scully, même si c'est un autre type de vêtement, un autre uniforme—déjà dans la série, le seul fait de la voir en tenue civile créait un malaise rigolo, tant elle s'incarnait comme agent et peut-être objet figé dans une unité de tenue : maintenant l'uniforme a changé, sa réalité revient avec l'enquête), et petit à petit reprenant une cohésion impossible à afficher : les longueurs d'ondes redeviennent communes, mais le tandem est pour le moment impossible, pour une raison ou une autre, à réunir. La fin signe donc une sorte de retour à la normale du métier, de l'enquête achevée en couple plus ou moins victorieux, redonnant par la même occasion un lustre au couple sous une optique personnelle (à vrai dire, en dehors de quelques allusions dont certaines peuvent avoir l'air de se contredire, on ne sait pas vraiment comment vit le couple, comme si cela n'était pas nécessaire et que l'idée qu'ils portent se révélait par le reste, par leurs réactions). On restera peut-être coi devant quelques répliques : l'horreur à laquelle ils faisaient quotidiennement face dans leur ancien métier supposée comme encore vivante (la haine du médecin fondamentalement incapable de réussir ce à quoi il s'engage d'un côté, le ressassement improbable d'une foi dont on en est presque à taire à la fois le but et la raison pour l'autre (je reste choqué non pas de la réplique de Scully sur les 37 enfants de chœur, mais par sa réplique sur la sœur de Mulder : après quelques minutes de film, on a déjà oublié qu'elle était leitmotiv des actions de Mulder dans la série et a continué de l'obséder au point qu'une affaire sans lien pourrait être réellement ou symboliquement liée (pour ceux qui le peuvent : voir l'épisode Paper Hearts, même si par sa ponctualité ce n'est peut-être pas un exemple pertinent)), les deux continuant à s'exprimer et reprenant leur expression d'avant à travers cette histoire de prêtre pédophile et de corps disparus sans raison apparente) et ne pouvant (je place plusieurs niveaux en même temps, c'est un peu douteux mais tant pis) s'extraire que dans une dernière farandole, une dernière danse en couple qu'est ce film. Ainsi, ceux qui restent pendant/après le générique verront, en regard du dialogue final, une sortie devenue extraction du monde horrifique en un retrait comme obligé d'être heureux et schématique. Après tout ce qu'il y a eu, que reste-t-il à croire, à vouloir croire ?

Oh, le scénario n'est même pas mauvais. Le traitement, lui, est un peu bancal : on se demande presque s'il était nécessaire d'intégrer deux nouveaux agents du FBI dont l'une disparaîtra misérablement sans qu'on n'ait vraiment rien su d'elle (alors que son placement mi-admiratif mi-perplexe face à Mulder aurait pu augurer des choses intéressantes si le film était parti dans une autre direction) et dont l'autre sert de contrepartie pragmatique si molle qu'on ne sait pas trop s'il est convaincu lui-même (à cette image, c'est peut-être lui le plus proche du film), ou s'il n'aurait été plus judicieux de résumer tout cela à coup de téléphones et d'autres absents physiques. On se demande d'autres choses ; si la bonne idée de séparer Mulder et Scully (en fonction) une bonne partie du film est réellement, à l'écran, une bonne idée : le climax qu'auraient pu être les retrouvailles finales n'a pas tant d'intensité que ça et plus généralement, eh bien le couple fonctionne justement en tant que couple (sauf exceptions : si vous pouvez allez voir l'épisode Le shérif a les dents longues), le yo-yo géographique se liant au relationnel ne parvient pas à s'approprier les tensions. On pourra aussi féliciter les gens qui l'ont fait pour que toute une partie du film (qui donne le sous-titre français du film : Régénération) soit réellement en fond, jamais vraiment présente ni expliquée autrement que par des rapports très vagues à ce que fait Scully, ce qui aurait été un bonus non négligeable si le reste du film était mieux mené, ou autrement axé encore une fois (avis dans le vide). Et effectivement, dans cette optique, un film partant sur les bases de complot et d'extraterrestres aurait pu, sinon gommer des choses étranges et/ou perfectibles probablement, du moins faire en sorte qu'elles soient plus en arrière dans la tête de qui regarde (devrait-on donc à Chris Carter d'être sincère et de larguer l'intrigue gouvernementale pour nous offrir un squelette renouvelé de la relation Mulder/Scully ?) (si on peut vraiment l'avoir, cette resucée de complot, on ne s'en plaindra pas non plus, hein ; le film n'est pas parfait mais tente son propos, et pourrait annoncer un mélange adéquat pour 2012), et plutôt qu'eux deux servant de prétexte à une resucée de complot, c'est la régénération qui, à peine vue dans son propos paranormal, s'en vient envahir le sentiment par la dernière incarnation d'une entité large dont seul les deux personnages ont toujours émergé comme monuments incassables.


* Leonard Betts, bien qu'il ait été choisi au hasard, est un personnage dont l'activité peut effectivement se rapprocher de celle du film, même si c'est de loin.

24.6.08

pouet

Erm; je reprends depuis quelques temps les X Files (environ milieu de saison 2), et me fait en regardant des remarques variées, à l'intérêt varié. Comme le fait qu'après autant de fois ce générique vu, je m'aperçoive maintenant du fait que la première photo, celle avec l'OVNI, contient une inscription en bas à droite ; ou comme cet épisode (2x13, le fétichiste/irresistible) dans lequel on voit bien plus précisément que l'agent Scully est choquée par les corps profanés alors même qu'elle est médecin légiste et que (disons supposément), d'une certaine manière, elle doit être habituée aux choses pas très nettes, montrant ainsi une distinction radicale entre le corps toujours humain (celui, ceux des tombes, malmenés) et le corps devenu objet scientifique (et qui, presque par définition, ne saurait être profané) qu'on avait quelque mal à lui accorder… et comme par magie, plus tard, l'épisode avançant, on la voit exprimer ce sentiment d'humanité encore présent qu'elle oppose à ses autopsies, comme dégagées de toute considération autre que clinique ; ou comme ce début d'épisode (2x12, Aubrey) dans lequel on voit ce bon Terry O'Quinn, notre John Locke sur son île, dans un rôle de commissaire moustachu, déjà absorbé dans ses mimiques compulsives et nonchalantes ; ou même un peu plus tôt ce drôle d'épisode (2x7, les vampires/3) où, Scully étant absente, Mulder se voit en relation directe avec une autre femme, comme pour combler un manque de sensualité se baladant autour du personnage isolé et des spectateurs ; ou comme cet épisode (2x9, intraterrestres/firewalker) dans lequel Mulder trouve un improbable alter ego à la recherche de vérité, comme méprisé en cachette car concentré sur l'intérieur et non l'extérieur, et pourtant ayant ce qu'il faut pour soutenir ce que ses recherches ont découvert. Oh, c'est inégal, on a quelquefois des épisodes s'achevant sur un plan du mutant ou de la sorcière traité dans le cas de l'épisode, arrivant pour recentrer sur "c'est pas de leur faute c'est comme ça et puis crotte" un peu emmerdant à la longue (à vue de nez je lance le 2x2, le 2x11 et le 2x12, peut-être aussi le 2x10 voire le double épisode sur Duane Barry), des problèmes de rythme et parfois des SFX qui puent un peu du fion, mais pour l'instant tout va bien. Enfin je ne voulais pas parler de ça, je sais plus. J'avais des souvenirs emmêlés, je voyais le début de la saison 1 dans la jungle où se situe en réalité le début de la saison 2, quelques épisodes totalement oubliés et quelques uns émergeant au milieu de tout ça (ceux sur la vérité, Eve, les deux épisodes avec Tooms, Quand vient la nuit et son fameux vert, le huis-clos arctique, etc.), et tout va bien.

Reprenant la lecture j'ai entamé Kissed By, d'Alexandra Chasin. Du peu (un tiers) que j'ai vu, c'est assez intelligent pour être drôle, assez drôle pour se permettre d'être intelligent (et je suis fier de la formule). J'ai jeté un coup d'œil sur la fin, à moitié pour voir s'il y avait un sommaire (il est au début, je suis con moi aussi), et j'ai vu sept index chargés. Et d'autres surprises.

J'ai bien compté et j'ai déjà 30.000 mots (un peu plus) d'un texte. Je ne sais même pas de quoi ça parle (il y a des faux chinois, un morceau d'essai sur la parentalité dans Dragon Ball, un gugusse qui s'appelle Sophocle Cambrure, des boules de glace et de la Bolivie), donc j'imagine que ça sera fini à 34.000 ou à 250.000 mots. Enfin c'est toujours mieux que rien et, à un certain niveau, ça semble bien mieux que le gros truc précédent (qui ne savait pas trop quel était son sujet non plus à vrai dire). Bref.

Et, ah, du foot. Je—Felipe Massa a gagné à Magny-Cours. Même si j'aurais préféré une victoire de son coéquipier, ça me va.

28.5.08

et des boules de glaces, qui agiraient comme dans des sentai...
  • PISTACHIO
  • FRAISUS
  • BANANAX
  • CASSI
  • MANGO
en formation.

sic

6.5.08

amusement


4.5.08

Veronica Manganese

20.4.08

2047 -- eximplications

Explications d'un morceau de la contrainte du message posté pile avant.
1024 premiers mots : suppression d'une lettre (pas gênante à ce niveau-là) - lipogramme 1.
512 mots suivants : suppression d'une deuxième lettre (pas gênante) - 2.
256 mots suivants : suppression d'une troisième lettre (ça commence à serrer) - 3.
128 mots suivants : suppression d'une quatrième lettre - 4.
64 mots suivants : suppression d'une cinquième lettre - 5.
32 mots suivants : suppression d'une sixième lettre - 6.
16 mots suivants : suppression d'une septième lettre - 7.
8 mots suivants : suppression d'une huitième lettre - 8.
4 mots suivants : suppression d'une neuvième lettre - 9.
2 mots suivants : suppression d'une dixième lettre - 10.
Dernier mot : suppression d'une onzième lettre - 11.
(sans compter les absences involontaires d'autres lettres)

Soit 2047 mots (c'est du moins ce que le compteur intégré au traitement de texte me dit, rien à voir avec le film chiant de Wong Kar-Wai) me dit.
Au passage, j'ai pu me rendre compte que 1984 (coucou Orwell) est 1024 + 512 + 256 + 128 + 64.

Nota 1 : le texte participe d'un ensemble plus grand, tant pis si les motivations (haha ?) ne sont pas claires.
(Nota 1.5 de quelques jours plus tard : le texte est considéré comme trop faible pour faire partie d'un/de l' ensemble plus grand. )
Nota 2 : le texte participe aussi d'une volonté de non-réversibilité de son précédent immédiat, i.e. pas de correction du texte en amont (c'est à moitié faux étant donné qu'il a d'abord été rédigé en 1000, 500, 250 avant de voir qu'un peu plus loin je ne pourrai pas trancher entre 62 ou 63 mots (un demi-mot n'existe pas), mais c'est surtout aux trois quarts vrai).
Nota 3 : évidemment, les lettres partant une à une peuvent former un mot, puis un autre, puis un autre, puis un autre puis deux, puis deux encore, puis.
Nota 54 : le mot 1024 contient la lettre qui disparait dans les 512 suivants, et cetera. Je n'ai par contre pas poussé le vice jusqu'à allitérer (ou par voyelles) dans tous les sens.

2047


Chaussé de mocassins à la façon daim, d’un galurin cow-boy, cardigan nacarat autour du poitrail, Sol (alors s’intitulant R. B.), tout transi, faisait son troubadour urbain, souriant, chantant fort sur un trottoir, sur huit trottoirs, à Paris (il croit (croyait) ça), s’y baladant bandant dans son pantalon trop grand, poussant ainsi à bout son slip sous d’aucuns bravos ou cris badins (« paladin viril ! » ou plus impoli) sortis d’un (ou six) badauds (ou malandrins) du coin, paysans voisins hurlant ahuri(s) par son phallus rococo, tous soumis (y compris Sol) à l’alcool. Gravitant autour dudit Sol, un pygmalion flambant
Avant ça, sorti du boulot, riant autour d’un gros bocal (un aquarium), lui (Sol) balançait pataud sur un portail. S’avisant d’un canon passant pas trop loin, il chanta l’amour soudain qui vibrait pour la chic nana (illumination !) (un bijou aux jolis appas !) dans son corps, loin du goujat ou du malotru ou du fat il lui lança dans l’air son chant, sa voix roulant sans hasard sur rubans tordus pour courir au but voulu, ici fut donc un truc dont l’impact alla à la conclusion : la nana stoppa son pas adroit, tourna son corps plaisant, vit Sol qui bouillait à vingt bonds. Puis, la nana s’approchant, il accabla d’abord son orillon d’airs flambants, allant prompt, lui susurrant d’abondants mots d’admiration, gazouillant mots doux d’un cocon ou mots cochons quasi tabous…
Soupirant : Y a-t-il un nom vous clarifiant, mignon joyau ?
Piano : Subaru M.
Ravi : Ho. Du Japon. Subaru, un croustillant sandwich au clair lunal vous dirait-il ? Puis nous pourrions… nous voir autour d’un carafon, un balthazar.
L’air coquin : Ou un nabuchodonosor.
Jovial : Parfait. Dansons !
Tournicotant, l’impromptu duo va au bord du trottoir, faillit choir mais accomplit un fait inouï, partant sur un hardi azimut, dans un ravissant tourbillon. Plus au Sud, trois instants passant, Subaru applaudit un babouin jonglant, accompagnant un poilu portugais jonglant lui aussi (pas inclus dans l’admiration à Subaru), jonglant donc (babouin). Six brandons ! Bravo babouin. Sol, dubitatif, choisit d’applaudir un brin lui aussi. Ici ou là, un millions d’abrutis hurlant la promotion du babouin.
L’ami portugais, contrit d’un si grand affront (aucun bruit pour lui mais tout un tohu-bohu pour l’idiot babouin, troublant…), bondit au bas du podium d’impro, criant sur d’aucuns son affliction. On lui fait savoir rapidos qu’il n’a pas raison, son minimum syndical puant (un soupçon) l’idiot, « ton truc vaut autant d’ubik qu’un vacuum, andouillard ! », qu’on lui brait fort dans son ciboulot « compassion pour babouin, oui voilà c’qu’on a ! lui au moins n’a pas choisi, on voit aussi dans son air qu’il vous hait, qu’il maudit vos trucs, qu’il vomit son sort ». L’abstrait portugais pond : « Ah ! Ça, vous ! Vos savoirs sans fond ni fonds sont affabulations. Mon ami Bongo, un babouin, oui, vit ici puis cinq ans jà, jamais n’a plaint sa condition, j’irai aussi jusqu’à garantir qu’il vit tout gai, satisfait du lot autour. », un public, s’opposant sans plus savoir pourquoi : « Tyran ! Ton jour sur l’animal ici vivant n’aura pas plus d’instants futurs, toi
Sol produit un brin sa traction sur la main à Subaru, lui susurrant « laissons l’idiot discourant son baratin à un abruti aux longs baragouins insignifiants. » Plus loin : « Allons donc plutôt nous nourrir d’un frugal sandwich, ainsi qu’avançait ma proposition. Puis nous pourrons, pourquoi pas, ah, allons-y franco, courir à mon appart’, à ta maison, pour y assouvir nos pulsions et nous sur affaiblir sur un lit, fichu lit, navrant lit ployant sous nos corps. »
Subaru souscrit sans fric au contrat baisal.

PAF, aucun sandwich, frugal ou non, tout droit à la maison, hop, ça y va tout glissant vulval tout croupion tout coïtant BANG PAN passion pan dans l’cul, un vagin un phallus un duo d’anus un duo buccal, hop tout part autour d’un milliard (trois !) à combinaisons du kama-sutra ou RAAAAA all night long plus ou moins, plus ou moins car à plus ou moins trois horos du matinos, un bruit incongru, fort, aigu, pulsa dans la maison à Subaru, faisant finir sans sommation (mais si sommation) un coït long.
Discussion.
— Ton mari ?
— Mais non, abruti.
— Alors quoi ?
— Un ragondin ? Sun Quan ?
— Qui ça ?
— Un chinois. Un chinois mort.
— Mais pourquoi ?
— Sais pas moi, pourquoi pas ? Un ragondin aussi c’tait con a priori.
— Vrai. T’as du cran pour vouloir un ragondin ou un chinois mort, ici, quasi dans ton lit.
— Idiot.
Bruit. Inconnu. La situation—
Oh ! Un toubib (on voit ça à son habit blanc) joufflu (on voit ça à du gras parcourant tout son corps) surgit par un portail pourtant clos. D’un coup Sol bondit pour aboutir son cabochon mafflu. Poing droit, panard droit, coup dans son nombril, coup haut frontal sous son pif. Toubib knock-out, râlant plaintif. La suspicion s’installant, Subaru sort du lit, lâchant son coussin, va au toubib, grappillant son pouls.
— Mais pourquoi a-t-il fait du bruit ? S’il voulait nous froidir, il aurait choisi son motus. Pas malin pour un toubib. A moins…
— Oui, qu’il ait voulu mourir.
— Aussi, mais. Stop, dis-moi s’il a un signal incongru sur son bras.
(durant tout ça, Sol a toujours son phallus bandant, voulant rapidos son coït rompu)
— Ah. Sol, vois, il a un truc anormal. Un poinçon cobalt là, puis au moins huit par ici, formant un… Oh, abracadabrant, formant un abricot dansant la polka on dirait, oui la polka.
— Un abricot ! TRAHISON ! Pizza pizza~ !
Il accourt au corps du toubib pour voir ça. Oui, un abricot. Dansant. On dirait qu’il (l’abricot) a l’air jovial, pas trop courtois aussi, un diapason dans sa main.
— Ça m’a tout l’air d’un complot. On dirait
Piano, Titus Pullo sort du couloir où il languissait. Applaudissant Sol pour son illumination. « Bravissimo », dit-il souriant. « Tu vois, Sol, un toubib suffit pour t’ahurir, nous n’aurons plus goût à assaillir ton cul si adouci, gros ramolli… Tu sais pourtant qu’au Nord nous voulons ta participation à nos complots. Rachid Bilovitch aura fort à accomplir pour ta soumission. Ton bluff finira mal, sais donc ça.
— Mais pourquoi un toubib ?
— Ta fabulation dit toubib, ton hallucination dit toubib. Mais vois sous son mascaron rubicond sa conformation. Tu sauras alors—
— Ahah, Titus, toujours aussi impulsif. Ça conduira ta fin.
Soudain Sol saisit un bonbon (azur), fait trois fluctuations du bassin, catapultant ainsi l’azur bonbon, qui va droit implosant sur Titus, fumant, noircissant tout autour. Sol court, bruyant, ouvrir l’hublot puis va sous l’imposant lit à Subaru. Titus, impulsif (oui), trouvant sa raison hors du noir fumant, soupirant (« Boudiou, trop pas subtil. Chiant… »), bondit par l’hublot, criant Taïaut. Assolant il poursuit un contour passant pas trop loin, convaincu dans un brouillard quasi marron.

Sol, sortant du lit, dit à Subaru qu’il, l’idiot Titus, pourrait courir durant au moins trois saisons sans voir qu’il suivait un mauvais couloir, nous pouvons donc partir sur un hardi joli coït. Parcourant d’x à y, w aussi l’idiot.
Subaru boit du soda.
— On fait quoi du toubib ? Il a l’air mort.
— Ranafout’. Mais pourquoi un portrait d’Akira T. sur ton mur ? Mais ! On dirait qu’il a du cristal autour du cou. Inouï !
— Bon, CHUT, finis donc ton boulot, voilà mon minou, vas-y hop hop hop sors ton dard, ou plutôt… ah non, toujours à poil, va donc au but.
— Prima Donna, j’ai faim.
— Prima Donna, pourquoi pas. WITH A TWIST. Un twist syncopathicus.
Un instant plus tard, Sol oracula. Jusqu’au plafond, sans qu’il soit normal d’avoir autant d’action. Au plafond, non mais, ça n’a aucun vrai, trop fantasmant ou du moins trop idiot.
— Tu vois, tu sais, un portrait d’Akira T., si haut, si laid pourtant, pourquoi ? J’l’admirions aussi, mais là… un pas franchi. Un pas trop troubadour.
Subaru, l’air conciliant, lui fait voir qu’il dit du caca. Tout ça vaut un canon, donc Sol, s’il vous plait, plus un mot, ça vaudra pas plus mal, non ? vos amours sont donc si… nains.
— Trahison !

Sol fuit (pas dans l’axial à Titus), puis boit. Voilà pourquoi, à l’instant, Sol a toujours son zob tout dur, bandant dans son pantalon. Chicots abrasifs, mains tançant un abruti hurlant du coin. Pif. Paf. Droit dans ton bidon, couillon. Allant fourbu avoir son coup d’alcool au bar du coin, Sol ramassa la Ray Ban du couillon, qui vivait à la façon d’un robot kitsch du cosmos, oubliant automatiqutacboum son flux. Sans plus d’aplomb, mi-rompu par l’air pulsant autour, Sol tintinnabulant va tout droit insubmarsouin au Titanic, bar maladif imposant où tout va sombrant, mais, car il y a un mais, mollo oui, sombrant mollo, sans plus participants mais suivant un apokalupsis bouffon, , oui bouffon, un truc tombant dans son plaisir automatisant, dans sa volution chorus (il y a trois ans, Titanic coula tout droit suivant un patron poltron, il y a six ans aussi, Titanic chavira par un vol amplifiant à dix-huit ans jà Titanic s’abandonna sur un trou aux capitaux, usw.), arrachant ici ou au coin d’aucuns cris paradisiaux. Moribond, soupirant façà un vasistas du Titanic, un couyon murmura qu’son fiasco n’avait pas d’union aux humains. Pas à voir. Pas qu’son fiasco soumis, mais Fiasco au haut F, toujours un mort n’a pas d’accointant à un Humain, au haut H aussi. In abstracto, car sarcasmant sans qu’autour on voit ça, un couyon disait qu’un chut faisait aucun bruit. — Aucun ! Ça n’a à voir qu’au rapport ! Jamais nos façons n’iront. Fructifiant, non. Chambardant, non. Transformant, jamais, j’vous dit ça comm’ ça… Jamais fut tout, jamais n’aurons.
— Oh, tu fais ton bovin. Chiant.
— Non !
— Si, bovin, rustaud rococo. Tu dis du bon, mais un hanap d’arak aura toujours raison sur ton corps, du coup tout trop chiant.
— Voici, au moins j’dis du bon. Assobri ça s’ra comparab’, tu sais tout ça.
— Non. Ou si. Ouais.
Un drojki s’introduit dans un trottoir adjaçuvant.
Bart (oui, « S. s’nommant jadis B. », tout ça fut inscrit), passant titubant, s’approcha du duo causant. Baston. Non, aucun. Courquoi un pombat ? Pharos appuyant contours barbus ou viciains, ombrant sous d’aucuns photons d’amphibourri. Bart stroboscopant, paumant jusqu’à sa main dans un apparat chroniquant si puissant, coruscation ourdissant par ici. Abandonnant son avis d’antan, B. part sur Titanic, baroudant, hardi, quasi-fanfaron. Ouvrant un truc Bart voit six souris paradant sur un comptoir, puis un autochton. Un non-dit : autochton, chiant chantant, boit sa vodka.

Fascinant… bandant, Bart sur un brancard afin d’injactir du rhum rapidus, puis un sandwich si ça va. Instants passant sans qu’un habitant du Titanic par ici. « Hi ! Ha ! J’ai faim. » Tutti du cinabrakutus partant à priapus, Bart, appauvri, a du fait un brin d’appantit irrassasiant qui aim’rait sa paix, car ça fait du barbant, Bart va chafrin, sa faim s’avançant sur sa chair. « Du miam, du miam à Bart. »
Transitant transi, Bart par hasard attrapa fric-frac un pain charchutant. Massant pansu, mâchant sans praxis.
— Qu’as-tu ? dit un sacristain massif, maffrux.
Fin du truc, Bart part dans un parc juxtant, suit un mandarin aqua puis attaqua. Puf. Humidant, buvant un brin, B. jamba sans mistraux. Suivant sans fin un mandarin aqua puis attaqua. Puf. Fraîchant, buvant un brin, B. brancha sans bistraux. Suivant un canard, futur cirrus bandit. Y avait, pas vrai, un jury du canard vaquant.
Bink axquis au hasard. Narcissidiscursif, causant, cuit d’ici. Canard candarin pas bavard suivi sur un kayak fard d’andin…
Ancrant. Sur pur quasar azur.
Cancanant, canandarin fuit subitus.
Quasar accru, attardant au nacarat. Un sursaut canard !
Qutatis Qutandis, un bizut bandit vitant arriva ici au parc, abandonna du fard nitra.
Razzia. Un. Bart vaut ta fin, ahuri piaf ravi. Canard parti à un infini, cuivri. Tant dur, tant.
~Divin haut.

Capriciant, appraxicanardant, Bart va titibant râtir canardin. Titan. Bikini cyan, Bart finit à aqra panachard criant.
Infini, canandin, Caïn Caïn. Tapin tippant, chiant, fichait.
Haï ici, B. china.
Ani fapa.
Iniq.

3.4.08

The Sanza Affair

(attention attention, ce qui suit dévoile la totalité de l’intrigue de The Sanza Affair (Altmann’s Tongue, Brian Evenson). Si vous ne voulez pas en savoir plus, stoppez votre lecture au premier nom de singe qui arrive dans les mots qui suivent. Autruche. C’est une des histoires les moins « violentes » du recueil, plus longue et laissant presque les meurtres de côté par son aspect moins direct. Mandrill.)


1) La piste factuelle. (il n’y a pas de deux)

Si l’on ne sait pas exactement où et/ou quand se déroule cette histoire, on peut au moins tirer de l’agencement pratique des événements le cheminement de la mort de Lund (vous me rétorquerez qu’il n’est pas à proprement parler mort, je vous dis simplement que ça n’a aucune importance), de lui seul, à partir du moment où les rouages quittent d'autres personnes pour qu'il se fixe sur leur rythme, qui se résume au final à « des gens lui tirent dessus ». On peut remonter les pistes, dire qu’il a fouillé la merde, les faits sont là : il est mort.

a) la piste policière. (il y a à peine un bé)
Remontons. Sanza est mort. Les pistes ne sont pas des plus claires, personne ne peut expliquer pourquoi il est mort mais tout le monde, interrogé (sa femme, son seul ami, sa secrétaire, ses collègues, ses supérieurs), a quelque chose à en dire. On sait simplement qu’il enquêtait sur une affaire normalement classée depuis longtemps, réouverte avec de nouveaux éléments, et continuée malgré les demandes de plus en plus pressantes d’abandon faites par ses supérieurs. Il devient évident qu’ils ont quelque chose à cacher, que c’est probablement pour cette raison que Sanza a été refroidi (euphémisme drôle). Quelque chose est là, se balançant à la frontière entre le complot de petite envergure et l’envie de finir ses jours devant les barreaux, moment classique du commissariat fantasmé. Ça résout l’affaire et à la fois ne résout rien ; on suppose d’abord, l’histoire est menée comme telle, que sa femme ou son ami ont à voir avec tout ça. Réfutations, suspections, choses étranges (il est possible que Sanza s’envoyait lui-même des cartes postales et était son propre correspondant dans des parties d’échecs interminables). Des pistes qui se forment et qui vont dans des culs-de-sac plus ou moins profonds et élaborés, conduisant parfois en des couloirs successifs. Des histoires de bols, de petits pois, des théories improbables à leur propos et l’étude de la plupart de ces pistes, représentatives d'ensembles absents. On retrouve des pièces sous les paupières de Sanza et d’une autre victime, qu’on pourrait qualifier, en restant assez neutre, de « collatérale ». Pourquoi ? On trouve un papier sur lequel est écrit « anamnèse » sous la langue morte de Sanza. Bien, cela correspond au reste. Mais cela n’indique rien pour autant sinon l'idée, provoquée, du petit complot fomenté derrière les bureaux.

On nous présente des preuves et des faits. Quand il n’y a pas de preuves, on nous présente des faits, et inversement. Si ni l’un ni l’autre ne sont là, les estimations sont données, allant d'un extrême à l'autre suivant qui en parle. On verra là aussi que les petits morceaux de vérité(s) ne sont pas forcément où on pouvait s’y attendre : alors que la secrétaire de Sanza nous annonce que ses supérieurs (à Sanza) (donc les siens aussi) le violentaient presque, le menaçaient frontalement, eux-mêmes nous disent qu’ils n’ont fait que leur travail normal, lui demandant à demi-mot de s’arrêter, insistant quelque peu uniquement après son manque de coopération, après tout il y a plus important à faire. Pourquoi pas. La distorsion arrive lorsque Lund, chargé de l’enquête de Sanza, en vient à soupçonner les supérieurs en question ; ils lui demandent effectivement de s’arrêter, mais rien n’est physique avant la fin, les menaces sont mielleuses et implicites, et ne sont que peu des menaces, comme ils disaient faire à propos de Sanza. On en vient à soupçonner aussi la secrétaire, pourquoi pas une menteuse, et Lund même, qui pourrait bien avoir quelque chose à cacher, tant qu’on y est. En parallèle, rapidement ou non, on s’aperçoit qu’on est (encore une fois, peut-être) en présence d’une chaîne et non d’un simple camouflage de crime. Lund enquête sur Sanza, qui enquêtait sur « l’affaire Hadden ». On ne sait pas grand-chose de cet Hadden, ni du Ramsay qu’il a tué, mais pris comme ils viennent, les éléments peuvent indiquer qu’il (Ramsay) enquêtait lui-même sur quelqu’un qui enquêtait sur etc. Même s'il ne le faisait pas comme Sanza ou Lund, il a été refroidi parce qu'il s'intéressait de trop près à des choses qu'il n'aurait pas dû suivre. On nage en plein dans un imaginaire fantasque de police et de vendettas timides, de figurations rêvées, tout en se débattant pour rester terre à terre, aidé et ancré par les multiples pistes tout ce qu'il y a de plus matérielles. Happés dans un engrenage fascinant, ersatz de mouvement perpétuel dans lequel des gens meurent uniquement pour avoir vu d'autres gens morts.

b) la piste qui glisse.
On peut aussi supposer le suicide de Lund. De Sanza. Ainsi de suite, du prochain ou du précédent. La recherche de la vérité a du bon, mais il court dans la gueule du loup et le sait. Et y va, découvrant en même temps que celle de Sanza sa propre fin. Le principal problème de Fox Mulder, c’est qu’il a toujours su que la vérité était ici.

28.3.08

Say "cheese"

Est un moment dans la vie d’un lecteur où le mot « souris » se voit immanquablement collé à Kafka. Pas cafard, pas même métamorphose, pas à cette échelle, peut-être procès. Mais « souris ». Pas non plus Mickey ou une autre petite bestiole anthropomorphe, mais la souris en général, l'idée de souris, individuelle comme collective. Quand Roberto Bolaño intitule une de ses nouvelles « Le policier des souris », on est déjà, au moins un peu, envoyé. Et quand quelques moments plus tard on s’aperçoit que José, le policier, a une tante qui s’appelle Joséphine et est cantatrice, il n’y a aucun doute possible, ça ne peut simplement pas être une coïncidence : la toute dernière nouvelle écrite par Kafka (composée en mars 1924 et publiée le 20 avril, Kafka alors moribond dans un sanatorium) s’intitule Joséphine la cantatrice ou le peuple des souris.
D’une manière générale, ça n’a rien de réellement étonnant, quelques thèmes sont connexes (autorité, oubli, perte, combat, tunnels), même si traités d’une manière différente, chez Bolaño et Kafka, et ici se retrouvent combinés et imbriqués un peu plus profondément.

La souris suppose que l’histoire se déroulera dans les égouts, lieu évocateur, tant par son aspect supposé de cloaque grouillant que par son existence, littéralement sous-humaine.
Si les deux nouvelles n’ont pas grand rapport (Le policier des souris suit Pepe le flic dans la résolution de meurtres, insolubles même après que l'on ait trouvé le coupable, alors que Joséphine la cantatrice raconte l’histoire de Joséphine en rapport à son public, son chant comme mode de ralliement et de convergence triste), les deux sont parcourues d’une tristesse maladive et surtout, comme en un dernier écho, le nom de Joséphine et sa présence, qui allaient à la fin du texte de Kafka, se perdre dans l’oubli prolifique de ses frères multipliés, existe encore chez Bolaño, lui accordant un sursis réel. Le peuple souricier se voit, en combinaison de l’égout, vêtir d’un aspect de groupe immanquablement sur le bord du désastre ou de la catastrophe. C’est d’ailleurs l’aspect qui prévaut chez Bolaño, où les belettes et les serpents aveugles ne sont jamais bien loin, et où c’est l’arrivée d’un conflit « interne » qui lance les pérégrinations de Pepe. Chez Kafka il y a certes un conflit, mais il est mis en sourdine.

La comparaison, si elle peut probablement être poussée (les premières phrases à voir déjà), ne le sera pas ici. Simplement savoir que le personnage de Joséphine, évoqué au détour de dialogues entre Pepe et d’autres souris, correspond effectivement à la figure qu’elle avait chez Kafka (par exemple et pour être rapide : « les membres de mon peuple accédèrent ou firent semblant d’accéder à ses caprices. » (p. 60, le gaucho insupportable, collection titres, Christian Bourgois) alors que toute une partie, sinon l’entièreté du texte de Kafka repose sur la position ambiguë à plus d’un point qu’elle entretient par rapport aux autres (à toutes les autres) souris, chantant selon un art que l’on ne comprend pas parmi ses congénères et se méprenant elle-même sur cet art).

Le policier des souris est aussi, à son échelle, une petite Partie des crimes.

~

Je suis amoureux. Je ne sais pas de qui, c'était un rêve.

17.3.08

fond de tiroir




Stockholm. Chrono : 00h00.

Shlomo, prolo pochtron (consos : grog, coco, porto, kro), sot ostrogoth, cochon folk, clodo. Tôt (oh !—00h00, oh!, borgnon) ; trot. Topo : trop d’solos, trop d’pornos gonzo, trop d’mono : rognons d’plomb, donc propos : condo d’Otto Gordon, doctor (job : procto) d’Oslo (Nor.). Toc toc toc.
Shlomo, non lord, tord son poncho. Floc, boxon. Son sol (Otto) cochon, Otto grognon. Consolons donc Otto : scotch !, sort John (d’Oxford, job : fox-trot), poto homo d’Otto.
(Oblomov (d’Rostov-on-Don, job : non)) —Tonnons, Ô rognons, dot d’Otto. Shlomo, gros porc, pompons donc nos mojotos ! nos bocks d’ponch ! nos pots d’ rhom !
(Shlomo) —Mojotos ? Ponch ? Rhom ? wow—boh, gobons donc ! Bol d’or.
Posons nos grolls, ’bsorbons scotch, Kölschs ; consommons nos bongs todos los nochos !
(Oblomov) —Todos los ?... Ho Ho, formons donc bons sons, conformons l’cocon. Ô logos ! Shlomo, proprons nos propos, prosodons nos mots, nos noms. Or donc, frottons nos cols d’consos. Tost ? hmmm…non.
(John (job : cosmos, zooms, bosons, photons, protons), d’London) —Grondons ! Montons, volons, Ô Thor, todo lo mondo, portons nos corps, nos cors, portons oh Ô Kooo Sooo Vooo—
(Otto) —Oh, John, gros con… Mon God… mort, rond, oh ! crott’, jodlons d’front. Osons, ronronnons, portons nos troncs. Hmmm, OH ! l’zoo, l’zoo (on not’rons cochons, bonobos, colocolos, ’boks, zokors, condors, trogons, kobs, pottos) bon bon, zonons, portons nos consos, hop, zoo, bordons clos, rompons porch’, fonçons !
(Shlomo) —Oh ! Lors, mon rognon ? mon popo, mon fond ?
(Oblomov, to Otto, mollo) —Otto, ordonnons l’zoo, on s’torchons d’son rognon. Com’ on.
(Otto) —O.K., comptons : Ô Pothos, Ô Cronos.
Bon, Sorts consol’ront son rognon…
Shlomo s’morfond.
So… zoo ! box control, Otto, box control. Hosto (non trognon).
—Bongo !
—Non.
BOOM.
Ton d’tromblon !

So long, Shlomo.

8.3.08

OH YEAH

7'07.401

ça faisait trois ans
je peux faire mieux d'au moins cinq secondes je suppose

5.3.08

snow

Mr. America nudges you and mutters under the others’ noise: “Detail! Detail! Game’s built on it, don’t miss it!” A friend, after all.
So think. Stickleback. Freshwater fish. Freshwater fish: green seaman. Seaman: semen. Yes, but green: raw ? spoiled ? vigorous ? Stickle: stubble. Or maybe scruple. Back: Bach: Bacchus: baccate: berry. Raw berry ? Strawberry ? Maybe. Sticky berry in the raw ? In the raw: bare. Bare berry: beriberi. Also bearberry, the dog rose, dogberry. Dogberry: the constable, yes, right, the constable in . . . what ? Comedy of errors! Yes! No.



Réaction 1) (indéfinie) Mais ?
Réaction 2) (pseudo-nerd) OMGWTFBBQ !!1!

Le début allait déjà en ce sens (la maison en pain d’épice revisitée, le pauvre Morris poursuivi), mais tomber sur « Panel Game », la première des SEVEN EXEMPLARY FICTIONS (dédicacées à don Miguel Cervantès Saavedra) de Pricksongs & Descants, fait quand même un peu mal au visage, entremêlant les expressions faciales d’yeux écarquillés et de bouche et joues distendues. Disons que les zygomatiques gagnent par abandon. Un jeu télévisée, situation a priori des plus banales (mais absurde en soi), est ici. Est poussé à l’extrême. Tiens, prenons Borges. Dans ses fictions (la bibliothèque de Babel et Tlön Uqbar Orbis Tertius en tête), la situation de base est extrême, la description suit, on peut même dire qu’elle (la langue) tente de s’accommoder de l’originalité de la situation, de l’appréhender comme elle peut. Ici l’inverse ; la situation de base est somme toute assez habituelle, mais les raisonnements qui la font fonctionner turbinent à plein régime, rendant l’ensemble grotesque mais jamais bancal, la description devenant un outil fabuleux voguant entre les réponses des candidats (dans le désordre : Mr. America, un Vieux Clown et une Adorable Dame, accompagnés assez vite d’un Participant sorti du public sans qu’il l’ait vraiment demandé) et les approximations cérébrales filant plus vite que Masato Yoshino* pour former une toile torique s’enroulant autour de la parlotte effective et des réponses données au présentateur.
Le reste du recueil et les six autres tout[es] aussi exemplaires fictions sont aussi folles, les choses semi-affreuses (The Marker et Jason qui baise sa femme pas très consentante, The Wayfarer dans lequel un mec un peu muet se fait dézinguer sans qu’on sache pourquoi, The Hat Act et son tour de magie étrange) ou moins, souvent en un seul lieu (celles justes citées, puis celle encore plus restreinte qui se déroule dans un ascenseur ou le déluge en intérieur (sous deux aspects : réellement à l’intérieur, dans une maison, et sous une forme de courant de conscience) qui se déroule dans The Brother ou globalement toutes les autres), chaque fois divers[e] et directe dans les formes, rapides et efficaces, drôles et folles, le problème est que bien souvent je me limite à ne rien noter et à pousser des gros what the fuck haha étouffés et que mes mots partent autre part, j’espère qu’ils vont aussi bien que ceux de meussieu Coover.
Petit à petit je fixe ou crois fixer les thèmes sur des moments précis mais tout échappe assez vite. On cerne mais il est impossible de vraiment coller, tout glisse ou plutôt on s’aperçoit qu’on est déjà en bas d’une pente, pataugeant alors que le reste glisse.
[…]

Traitement de l’histoire en tant que donnée connue, déjà intégrée en tant que légende. C’est tellement évident devant The Gingerbread House par exemple qu’on n’y prête que peu attention. Le conte est connu, Hansel et Gretel allaient dans une maison de pain d’épice : cette version de Coover ne peut exister que comme variation. Cette ? Ces, toujours plusieurs. Puis avec les pages on suppute qu’il y a quelque chose de connexe, comme si beaucoup (ou toutes) des histoires existaient en tant que réécritures ou approfondissements (spin-off pourquoi pas, c’est moderne) de textes et données existantes, inscrites dans un bagage culturel formé de morceaux chipés ici. Le déluge de The Brother est quelque part biblique (à un point où le seul fait d’utiliser le mot déluge renvoie à la Bible, on peut dire que The Brother va en ce sens). Les éléments, non pas décisifs à la compréhension parfaite d’une histoire contée à l’endroit et sans accrocs, mais plutôt ceux dont on ne parle jamais car totalement évidents, ne sont pas ici. Un peu comme si Coover partait du principe (avec évidemment une posture éclairée dessus, il y a faux présupposé que le lecteur connaît l’entour, avec une vraie (plus ou moins) supposition qu’il pourrait réellement les connaître) qu’ils ne sont pas totalement nécessaires. Conte de fée, légende, mythe, fond cosmologique. Romance of the thin man and the fat lady débute sur ces mots : « Now, many stories have been told, songs sung, about the Thin Man and the Fat Lady. », un des sous-entendus, lui aussi évident : vous les connaissez, personne n’a besoin de revenir sur les fondations de l’histoire. L’approche rapidement abordée après n’est qu’une vision des figures en marche, déjà en tant que symboles. Le reste de suivre, comme après tout beaucoup de contes classiques, existants dans des univers sans contexte réel, du moins en dehors depuis bien longtemps, comme des briques sorties d’un mur qu’on ne verra jamais plus et dans lequel on ne saura jamais vraiment les replacer, tant parce que la brique s’est modifiée que parce que les trous du murs se sont comblés. Si l’on veut pousser un peu, beaucoup (ou toutes, à divers niveaux) [de] ces histoires sont, à proprement parler, des contes. Oui, tout le monde le sait, c’est même marqué à l’arrière du bouquin, mais je ne l’avais pas lu, l’arrière du bouquin. The Magic Poker (le tisonnier magique, ahah ?), deuxième conte du bouquin, commence d’ailleurs par « Je me balade sur l’île, l’inventant. ». Ou plus proche du texte peut-être : « J’erre sur l’île, l’inventant. » L’histoire est au passage peut-être une de celles qui rend le mieux compte de cet aspect, usant du rituel et du mythe, de la légende en marche. Le contexte, l’extérieur est totalement contingent à la narration, l’histoire existe d’elle-même et n’a pas ce rapport au monde habituel que l’on retrouve souvent, tout le temps ailleurs, qui dans son extension maximale est toujours agréable mais ne fait qu’aborder à chaque fois ses propres limites. Techniquement, un bien grand mot certes, il n’y a pas de limites de ce genre dans les Pricksongs & Descants. Si il y a relation, elle est à un conte déjà existant, qu’il le soit effectivement ou non, et pas spécialement au monde. Il n’y a pas ici d’uchronie, passée présente ou future, ni d’univers parallèle (ce qui revient au même), mais des bulles sans tain qui flottent un peu n’importe où. Et c’est justement de cette habitude, du fait que la seule réponse valable à quelques unes des questions qui pourront se poser au fil des mots est « parce que c’est comme ça », que ces fictions explosent à la gueule par leur originalité et par leur force rapide, leurs mots gentillets et terribles, qu’elles remettent en question le spectacle établi et rendent à nouveau normal quelque chose d’inhabituel car basique. Normal lui-même redevenant, disons, imaginaire.

A pedestrian accident voit narré l’accident de Paul, renversé par un camion. Paul est écrasé mais vivant, seule sa tête et ses épaules dépassent de sous le camion, le conducteur se dédouane, la police arrive, la foule rit, on confond Paul avec quelqu’un d’autre, le conducteur se dédouane. Mais ?

Pour aller avec, il y a deux points majeurs à retenir. D’un côté les personnages et de l’autre les mots, pour ainsi dire. Les personnages eux aussi sont souvent dépouillés de contexte et agissent dans des mouvements déterminés qui les bloquent, plus fonctions ou rôles qu’êtres vivants faussement compliqués, et par extensions successives totalement réels et cohérents dans la logique qui les sous-tend. On peut voir comme un renforcement de cet état le fait qu’ils ne soient pas forcément nommés (cf. le Mr. America et ses compagnons déjà cités, mais bien d’autres aussi) et que, s’ils le sont, ils restent fatalement anonymes, rien ne leur apportant une identité à ce niveau. Pas innommables, mais l’apport, même avec une signification symbolique, d’un nom ne les change pas, il y a une sorte d’indifférenciation de leur posture, comme des objets qui seraient recouverts d’un nom générique et pas forcément juste parce qu’après tout, après y avoir songé et s’être trituré les méninges, on n’a pas pu retrouver leur nom exact.
Il semble d’ailleurs qu’ils ne se battent pas avec leur statut d’objet (qu’ils sont pourtant conscients d’entretenir) et auraient abandonné cette bataille depuis longtemps, depuis qu’on parle d’eux, chose qui date et qu’on devrait savoir, ou encore mieux qu’ils l’aient accepté pour le bon déroulement du texte, se permettant quelquefois de se foutre de nous.

Mais disons qu’on a peut-être un peu compris ce qui se passait à travers les lettres, qu’on est bien content d’avoir vu des choses en se demandant si on va toujours autant se poiler. Il suffit d’aller à la pénultième histoire, The Babysitter, pour voir qu’on n’a pas compris grand-chose : petit morceau d’hallucinations et de diffraction narrative, retournement de cervelet qui pourrait sembler un exercice un peu facile avec son lot de suspense (~?) salace et fallacieux, avec ses percussions terribles et sa fragmentation soupe au lait, mais n’en est rien, oh non strictement rien, tout est terrible et heureux et tout existe, tous les traits existent au milieu de leurs possibilités et de leurs impossibilités communes, que celui qui a tout compris à cette histoire (aux autres aussi) me fasse un signe de la main, oui de la main comme ça je ne le verrais peut-être pas. De quoi elle parle cette nouvelle ? Mais ? D’une babysitter, c’est évident.


*c’est lui. Il va vite. Bon la vidéo est, eh bien, hum, vous voyez, mais vers 00:20 on le voit courir.

Voilà, après coup je vois qu'on trouve aisément un article de William Gass sur ce bouquin.