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28.1.08

COS HE'S MY HERO

"Bien sûr, ils avaient quelques bons arguments, en particulier les résultats d'une étude secrète du Département de la Défense, intitulée PROJET BARSOOM, et qui avait été faite en 1989 par le département de psychologie de Harvard."

Arthur C. Clarke, 2001 : L'odyssée de l'espace (vous savez, le truc qui va avec le film) (le nom est cité une seconde fois à la page suivante)



"—Tu dois régler ton allure et te concentrer sur toi-même. Tu dois avoir un plan. Ah, au fait, je suis Gary Barkovitch, de Washington, D.C.
— Moi je suis John Carter, de Barsoom, Mars, répliqua Olson."

Stephen King, Marche ou crève (un des premiers bouquins que j'aie lu par moi-même) (c'est étrange, dans mon souvenir j'étais persuadé qu'il se présentait en tant que Tars Tarkas)


"C'est alors qu'ils sautèrent sur lui. Il roula dans le sable et se redressa d'un bond à la John Carter, lança les poings en avant."

Kim Stanley Robinson, Mars la Rouge (un livre en grande partie lu une nuit à la faible lumière pleine d'insectes d'une gare ; qui a réussi l'exploit de m'emballer pendant 600 pages et de m'emmerder pendant les 60 dernières. Donc, pas lu les suivants : Mars la verte, Mars la bleue. A noter qu'un cratère s'y nomme Burroughs (un autre est Bradbury), et qu'en le feuilletant je tombe sur une demoiselle qui voudrait bien se faire intituler La Princesse de Mars, titre du premier roman du cycle barsoomien)


"We do not, of course, see The Amulet again until "The Trial of Dick and Jane"* and it is this lacuna to which this monograph must now direct its efforts.

* - See Dickin' Jane: The Hidden Life of Edgar Rice Burroughs, op. cit."

David Mamet, Wilson, a consideration of the sources (j'ai posté une notule dessus en décembre je crois)


Dans 2001 et Mars la Rouge (du moins les poches que j'ai), il y a une note explicative. Et j'ai juste envie d'acheter 53 éditions différentes de chacun des volumes de l'ensemble, même oui les plus mauvais (le géant de Mars, je te cause, tu es mauvais, très mauvais, mélange improbable des pires défauts d'E.R.B., je m'en fous et ça me rassure un peu de savoir que tu as été écrit par le fils de l'autre, du vrai), mais voilà ça m'a fait bizarre de m'apercevoir que la femme d'Hercule était Déjanire et que la femme de John Carter était Dejah Thoris, c'est encore flou de voir les creux en passant sur les Chessmen of Mars avec leur idée titrale rigolote et terrible, en passant sur Thuvia, des gens invisibles et peut-être inexistants résultantes seules de leur passé par un intermédiaire, juste l'odeur des recueils intégraux chez Lefrancq attise de loin l'intérêt, fous les trois premiers romans sont fous, les temps morts sont fantômes, la toile se fait, voir que ça peut repartir sur la famille de Carter, sur d'autres mecs même, avec des idées comiques de débrouillardises (en allant sur Phobos (ou Déimos) on garde proportionnellement la même taille), sur des femmes même. Fous la cohérence du tout, l'intensité folle des trois premiers, le miroir un peu terne que peuvent être certains autres, l'aventure avec un a gigantesque du froid au chaud c'est tout un monde.

27.3.07

John Carter, ta-dah.

Commençons par la sc
Hum.

John Carter, premier grand héros d'Edgar Rice Burroughs, plus connu pour être le père de Tarzan. On cerne le bonhomme.
1911, écriture de A princess of Mars, première aventure du bellâtre musclé sur la planète guerrière, dans une suite d'aventures jouissives. Simples, efficaces. Dix autres romans plus ou moins achevés et réussis sortiront au fil du temps, prenant John Carter, sa descendance ou d'autres comme héros. Les trois premiers forment un tout, le socle du reste.

D'abord publiés dans des pulps (Argosy, The All-Story, Amazing Stories, etc.) et utilisant les ficelles qu'on s'imagine liées à ce genre de publications -- pas de dentelle, originalité limitée, répondant à des codes, tout ça --, tout le feuilleton martien se déroule dans un Mars fantasmé, l'imaginaire de l'auteur travaillant à un univers rempli autour des fameux et maintenant désuets canaux, guerrier et sans trop de nuances directes.

On s'aperçoit que quelques titres d'E.R. Burroughs
ressortent, deux par deux. Et on prend, pour voir.

John Carter est un gentleman du Sud, de Virginie. On ira dans l'avant-propos supposé présenter l'homme et son charme jusqu'à dire que les esclaves de ses amis allaient jusqu'à vénérer le sol qu'il foulait... La classe. Le sud, en 1860 et quelques, c'est étrange. La présentation nous fait voir, sous forme d'annonce du mystérieux manuscrit du Capitaine Carter, les souvenirs de l'auteur (qui n'est autre qu'un neveu) sur et ses relations avec lui. Vu sous son l'angle enfantin d'abord proposé, Carter est déjà une sorte de figure héroïque, fascinante. Le temps passe et l'envoûtement reste, d'autant que le Capitaine est étrangement inchangé avec le temps. Mais il cache son mystère, Burroughs le sait; attendre des nuits entières les yeux dans les étoiles n'est pas forcément un fait normal. A sa mort, John laisse à Burroughs un manuscrit, qu'il ne devra pas lire avant onze ans et ne pas publier avant vingt-et-un. Et son caveau ne peut s'ouvrir que de l'intérieur. Balèze.


Lights, camra, action. 1865. Prospectant, trouvant un filon, allant chercher du matériel en ville, tombant sur des Apaches, fuyant, se cachant dans une grotte, paralysé, puis...

There was an instant of extreme cold and utter
darkness.

Nu, sur Mars. Mi-prisonnier, mi-impressionnant ses amis verts, grands (douze pieds maximum, soit en très gros quatre mètres), laids, par ses drôles de capacités. Peu après son arrivée dans la cité morte des verts, le déclic. Il en fallait un; John Carter a beau aimer se battre, avoir un but, c'est un peu plus pratique. Arrivée de vaisseau, on leur pourrit la gueule. Une femme faite prisonnière. Tout bingo pour Carter, c'est une princesse et surtout une bombe sexuelle. Il est un peu gauche, mais quand même. La suite pour la libérer, s'enfuir, encore la libérer, encore une fois, encore et en passant fédérer la moitié du monde martien et devenir ami avec les plus grands chefs de guerre de la planète. John Carter est grand. John Carter est un héros. Suivront deux autres titres axés sur Carter, Gods of Mars et The Warlord of Mars. Deux volumes qui marquent le sommet des aventures carteriennes par leur univers plus divers, ses actes encore plus impressionnants et spontanément irréfléchis, le statut qu'il a acquis dans le premier, la réelle impression de danger qu'ils courrent, lui et sa femme, qui même si elle était le moteur des premières aventures prend ici une autre dimension; Carter montait, il ne peut maintenant que redescendre. Et pourtant il monte encore.
Sorti de nulle part, il sauve sa princesse, icone du peuple, détruit les croyances millénaires et idiotes (bien sûr) d'une majeure partie de la civilisation martienne et sauve encore sa patrie. John Carter est grand. John Carter est le messie. Plus que le messie, il ne transporte pas spécialement de message; il agit, il instincte, il lutte, vit, humaine, crée, agglutine, détruit, tue, voyage, devient, est.


Parce que c'est ça, John Carter. Un mec qui ne réfléchit pas, qui a des buts et qui en accomplit des grands sans y penser. Un héros sans trop d'aspérités, une icône, déifié sans y faire gaffe. Tout ça pour sauver sa femme, son amour. Le reste n'est qu'un bénéfice collatéral. L'idée même de fuir ne l'effleure pas, se battre l'excite. John Carter n'est pas humain. Il reste un terrien de base (on peut quand même supposer qu'à la base c'est un martien débarqué sur Terre il y a longtemps; entre autres il n'a aucune idée de son âge et vieillira de la même façon que les martiens, soit sans changement physique notable et de quoi faire pâlir Mathusalem; il est capable de faire des gamins à une femme qui pond des oeufs, mais là n'est pas le problème) assez normal et con, aidé par l'artifice d'une gravité plus réduite d'une Mars, mais il devient une légende, un seigneur, un prince pour le côté glamour, un surhomme, une sorte de dieu d'une ribambelle polythéiste, un dieu de la guerre, John Carter devient Mars lui-même, devient la planète sur laquelle il a débarqué, l'englobe petit à petit de son aura et écrase chaque nouvelle odieuse tentative de méchants chauves pour le déboulonner. Les gentils chevelus deviennent ses amis et avec un peu de chance les nouveaux dirigeants d'autres contrées, à la place desdits méchants pas beaux. John Carter dirige le monde. Les gens l'aiment.

Mais il s'en fout. Sa femme, une épée et il est heureux, toute cette solennité ne le touche pas. S'il participe à la géopolitique, l'optique d'imposer sa déjà toute-puissance dans de nouveaux recoins n'existe pas; il part à l'aventure et se fait des potes, qui, par rejaillissement, frottement ou convexion, sont touchés par sa grâce et arrivent enfin à leurs buts. Dans son sillage traînent les capacités à réussir.

Un mec grand comme ça, ça ne se refuse pas comme héros de l'action.