19.10.07

vous êtes cernés

En tentant de relire activement, lentement à la fois un seul chapitre d’Against the Day (qui est en cours de pseudo décorticage pour m'amuser), attendant la première relecture prochaine, j’ai pris conscience, après quelques six mois qui m’auront vu retripoter cet énorme bouquin et en acquérir même déjà un deuxième exemplaire, et alors même que j’ai vu les mots en questions des centaines de fois, j’ai pris conscience d’un autre niveau à la toute fin du roman. Me suis dit que j’avais été aveugle. Me dit maintenant naïf de considérer avec intérêt la naïveté et l'évidence de la chose. They fly toward grace*, nous dit-il. Normalement ce « they » consiste en les Chums of Chance (la fameuse Confrérie des Casse-Cou) et leur tribu annexe, puis on se dit que finalement la majorité des personnages rencontrés peuvent être compris dans le tas. Ça, c’était la compréhension en avril (ou mai). Qui contenait implicitement celle de maintenant.
Pour mieux voir tout ça, je crois qu’il est nécessaire de rappeler le statut des Casse-Cou ; ce sont des héros de fiction à l’intérieur de la fiction. Il agissent à différents niveaux, existent dans le monde d’AtD en tant qu’entités réelles, et existent au sein de ce monde également en tant qu’entités virtuelles, leur statut observé étant un mélange des deux vues, en faisant des personnages qui auront toujours le même âge, ne changeront pas tout en agissant directement. Sauf que. Bref. Les constantes références à leurs précédentes aventures sous formes de dime novels renforcent leur irréalité, et dans la majeure partie du roman — contrairement aux autres personnages — la trame de leur histoire est emplie de trous, comme s’ils apparaissaient directement en situation, leur contexte étant juste présent sous forme de background et non comme composante de leurs aventures. Je précise « dans la majeure partie » étant donné qu’ils remettront au fil du temps leur identité propre en tant que personnages de fiction, en tant qu’entités réelles, mais ça n’est pas la question (qui reste d’un intérêt certain). Ce qu’est la question, une des questions à laquelle répond la fin, c’est la disparition de la fiction chez les Casse-Cou (est-il plus juste de dire que c’est « un type de fiction » qui part avec eux ?) .
Depuis quelques pages, quelques chapitres même, la fiction et le côté figé qui allait avec disparaissent, s’évaporent. De personnages encore irréels et somme toute innocents, ils deviennent des entités de chair, sortant de la fiction, plus consistants, plus humains, moins « innocents » donc, en allant vers la grâce. Magie magie de la substance qui les conduit au niveau du dessus. Plus que depuis quelques pages ou quelques chapitres, c’est probablement depuis le tout début du roman que se déroule le processus d’émancipation des Casse-Cou par rapport à la fiction. Et si la formule finale n’est après tout qu’une autre version du « they lived happily ever after » (sans forcément avoir beaucoup d’enfants) (d'ailleurs ici la phrase est au présent...), soit un retour à une des plus élémentaires caractérisations du conte, ça n’en est que plus fort, non ?

Vite éviter de s’étendre sous peine de parler de n’importe quoi…


*— AH BATARD CATARRHE TU SPOILES §§§
— Je suis pas catarrhe. D’ailleurs on dit cathare.
— C’était une licence poétique.
— Okay. Quoi ?
— TU SPOILES !!1!
— Je suis un gentleman, ça compense.

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