10.10.07

Tas.

En vrac et sans motivation;

J’ai lu Half Life (Fausto en a parlé il y a peu — à vrai dire le jour même où je recevais le bouquin c’est chouette hein), de Shelley Jackson. L’histoire de Nora, de Blanche, deux sœurs siamoises (un corps, deux têtes) dont la deuxième a comme un problème de vivacité depuis une quinzaine d’années. Nora décide de faire couper la tête de Blanche (meurtre ? euthanasie ? suicide ? bof ?), poids mort assez gênant. Contact avec une mystérieuse organis— bref donc occasions de se poser des questions sur la relation fraternelle, de revenir sur l’enfance, de se demander si Blanche, si inactive qu’elle ait l’air d’être, ne se cacherait pas dans la tête de Nora (à ce niveau-là, savoir si Blanche est réellement vivante ou non n’a plus trop d’importance), de savoir pourquoi Blanche est sortie du monde, d‘apprendre un peu. De rigoler un bon coup aussi (du comique de niveau haut), avant de s’apercevoir que le monde uchronique qu’on parcourt (les U.S. of A. se sont flagellés avec des bombes atomiques après Hiroshima et Nagasaki, d’où les modifications radioactives siamoises) est le même que le notre, avec ses minorités, pire encore peut-être, avec ses majeurs qui tentent par divers moyens de changer (vont se faire greffer une pseudo-tête parce qu’ils estiment être séparés de ce qu’ils auraient dû être), des psychologies alternatives d’abord pour s’approcher de ce qu’est l’interne d’un siamois, puis qui s’étendront au monde des gens normaux, des défenseurs de tout, de rien, des problèmes et des solutions rigolotes. Fusion, fission.
Peut-être un peu moins convaincu sur la fin, dans un ensemble peut-être plus inégal peut-être, quand le texte se veut embrasser sa forme cyclaire, cassant son rythme comique et fou pour atteindre ses propres lignes au propre (c'est explicité plus d'une fois) comme au figuré hors du propre.

Lu aussi Snow White, la réécriture de Blanche Neige de Donald Barthelme. Avec des faux nains et des cheveux, un prince qui viendra. Collage malade d’une Blanche Neige en manque de mots, collage de trous, d’hideux mateurs et de bruits gras catachrèsiques. De trucs blancs, de neige que l’on retrouve sur un écran de télé déréglé, celle qui forme des images hallucinées de vérité quand on regarde derrière et qui est une preuve (sic…) du fond diffus cosmologique. Deux choses qui me font impression: le roman et le fait de ne rien pouvoir dire de malin à son propos, même en forçant un peu.

Vu Control, d’Anton Corbijn, biopic (comme on dit) sur Ian Curtis, leader de Joy Division. Je ne connais rien à Joy Division, à peine plus à New Order (encore à peine plus sur la musique en général), ai décidé un peu au pif d'aller voir. J'aime. Joy Division et le film. Au milieu des 70es, avec du Bowie ou des Sex Pistols qui montent. Réussi, se concentrant un peu trop sur les histoires de cœur de Curtis (le film se base sur le bouquin de sa femme, on comprend mieux l'axe sur les petites affaires avec une belge et son rôle de père mi-indigne, mais ça donne un résultat assez gênant suivant une équation entre problèmes de couples, coucheries extestines, et suicide assez peu (trop) équilibrée, alors que (merde) ses tromperies n'étaient qu'un aspect des trucs qui le rongeaient, une conséquence et non une cause comme ça a l'air d'être ici présenté, ce pauvre mec presque muet et épileptique qui danse comme un grand malade qui a fini). Beau dans son noir et blanc déjà déphasé, dans son Angleterre migrante et ses bagnoles teufteufantes encore, un mec un groupe qui fait font son leur son truc, se dépasse lui-même et se retrouve comme un con à devoir aller là où il est déjà. Puis les côtés, les marges tremblantes, avec un mec (Sam Riley) qui joue Ian Curtis tout triste et ivre de rien, tout étrangé de devenir.

Je me demande encore de quelle couleur seront les bouquins de la Pléiade du XXIème siècle. Rose bonbon, épinard, céruléen, kiwi kaki caca d'oie. Et qui sera le premier estampillé nouveau millénaire.

En ce moment je lis l’or, de Blaise Cendrars, l'histoire de Johann Augustus Su(t)ter; et The Magic Kingdom, de Stanley Elkin, l'histoire de gamins anglais en glaise qui vont à Disney World pour s'amuser un peu peut-être avant d'achever leurs phases terminales. Henry Miller aimait Cendrars. Henry Miller aimait Knut Hamsun. Hamsun a été, en 1920, prix nobel de littérature. Le 2007, c’est demain qu’on sait et qu’on s’en foutra un peu plus. Elkin est magnifique.

Je voulais le signaler chez g@rp mais ai probablement oublié, ça me revient maintenant et pendant que je suis là autant continuer à faire bouger mes index sur mon clavier. Mon exemplaire folio de Madame Bovary est contaminé par La Maison des feuilles. Page 60 (première partie chapitre II), "Une jeune femme en robe de mérinos bleu garnie de trois volants, ..."
Mon bleu (en noir) disparaît, la vérité est ailleurs (une page quelconque plus avant dans le roman).

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Mauvais augure pour la Pléiade : Jean d'Ormesson vient d'entrer dans la collection Bouquins avec ses "oeuvres presque complètes" selectionnées par lui-même. Aujourd'hui toute une rangée d'exemplaires de ces pavés malodorants m'a flanqué la peur de ma vie lorsqu'elle m'a surpris au détour d'un rayonnage à Gibert-Cluny. Ce n'est plus de mon âgé des horreurs pareilles...

g@rp a dit…

Ah flute ! Ma Madame Bovary n'est pas chez Folio. Tu me connais, j'ai quand même regardé : bernique.

otarie a dit…

J'ai vérifié sur d'autres folio sans rien trouver. Un collector je te dis.

Sinon oui, j'ai vu ça aussi, d'Ormesson bouquiné...