26.10.07
... you can remember your name, la lala la lalalala lala-la
et je disais donc que tout cela s’ouvre sur des Mexicains perdus à Mexico en 1975, des poètes qui par leur nature sont perdus et poètes, poètes et perdus forcément l’un ne va pas sans l’autre. Réal-viscéralistes ils se disent pour la plupart, sorte d'hommage au même groupe des années 20 aujourd’hui disparu personne ou presque ne s’en souvient vraiment, autour de deux figures qui servent en quelque sorte d’axe de la toupie de la poésie (etc.) sud-américaine—Arturo Belano, projection de l’auteur, et Ulises Lima, un ami—, qui se baladent en Amérique et en Europe, se perdent physiquement ou non peut-être un peu partout, rencontrent tous et n’importe qui.
A Juan Garcia Madero on demande d’intégrer les réal-viscéralistes. C’est son journal qui sert de première partie du roman, de roman lui-même qui amorce d’une certaine manière le jeu de piste géant auquel tout le monde se livre. Belano et Lima, chefs de file du mouvement, déjà des figures comme mythiques, restant inaccessibles et ce même quand la proximité devrait l’annuler. La fascination de Madero qui découvre la poésie le sexe l’amour le monde à la fois est touchante dans sa justesse et son absurdité, entre les fantasmes et expériences, le chaos qui le fait éjaculer un peu n’importe où. Poursuite de Belano et de Lima, hommes centraux de l’histoire et qui pourtant restent ici à la périphérie, Madero se plaçant assez évidemment au centre de son journal, jour après jour dans une envolée de baise et de son et de sucre et de sable, jusqu’à ce qu’au jour de l’an finalement Roberto Bolaño décide de passer à la partie qui nomme l’ensemble soit six cents pages qui vont de 1976 à 1996, divisées en une foule d’intervenants et laissant soin au lecteur de se demander pourquoi comment quand qu’ont fait Lima et Belano pendant deux décennies à travers trois continents, chaque personnage parlant étant lié et jamais Belano ou Lima ne prennent directement la parole, ils restent encore à la périphérie plus ou moins lointaine de chacun, de tous ces gens qui forment une toile gigantesque de France en Rwanda ou d’Israël en Mexique, et fatalement étant les personnages axiaux. Le plus magique dans tout ça est peut-être quand on se retrouve en terre inconnue et qu’on se fait embarquer dans une grotte la nuit dans un camping ou qu’on nous raconte de loin une histoire de science-fiction qui n’a que peu à voir à propos d’une riche et d’un pauvre et de clone perpétuel jusqu’à la limite de l’argent; toutes les lectures en long en large en travers ne seront au final qu’un truc en diagonale face à la pluralité, au chœur en canon des voix qui s’élèvent où l’on repère des motifs, des formes, des abstractions, des réalités et des fictions et au milieu de la toile quelque points d’ancrage qui se chevauchent sur les axes du temps ou de l’espace, nous lecteurs devenons des détectives il ne reste plus qu’à être sauvage et le mode d’emploi n’est pas fourni. Sauvage quand après vingt ans on voit Lima ou Belano, duo puis doublet de uno, suivi à travers les yeux d’une amie culturiste ou d’un mec qui nous amène au Nicaragua à moins que ce ne soit le Panama et on se perd, l’avion nous a oublié nous aussi, quand le rythme du phrasé s’accélère et qu’on a oublié depuis longtemps les définitions stylistiques de Madero, que le flux remporte à première vue le combat contre la règle, peut-être n’y a-t-il jamais eu de combat ou peut-être il se déroule sur un ring de carton et que les deux choses se lucha librent la gueule, avec une idée derrière la tête, tout ça scénarisé mais tellement impressionnant, c’est pour ça qu’on regarde, l’intensité de la chose dépourvue de toute velléité de résultat (sportif—hors de l’affrontement, le résultat est dans l’exécution), l’intensité pure du momentum et du climax, l’excitation intertextuelle qui vibre et foudroie, le son qui a une couleur. Sauvage sans l’être quand on voit peut-être trop tard qu’un était là, détective quand tous s’adressent à nous, ou mieux à la projection du nous qui les interroge au milieu du bouquin, peut-être détective en cherchant ce pauvre Madero totalement oublié comme a été oublié le premier mouvement du réal-viscéralisme, faux sauvage sur la présélection des textes qui fait de nous des détectives de second ordre, à chercher là où ça a été défriché, à sauvager donc pour voir plus loin.
Perdus comme en cette page 659, « Elle est partie dans un sens et moi dans l’autre. », toujours croisés.
Et quand cette question, sur la fin, devient abordée de front, au spécialiste actuel (1996) du réal-viscéralisme, au seul spécialiste de la chose, tout s’achève et la troisième partie arrive, suite immédiate de la première, en adéquation avec la deuxième et qui comme les autres peut se suffire à elle-même comme s’observer dans une logique qui englobe d’autres écrits (on pense à Kerouac). Troisième partie qui joue entre fuite et poursuite, entre des maquereaux pas content pour un sou et Cesárea Tinajero, prêtresse poétesse de Lima et Belano, du Madero qui part avec eux dans une Impala vieillissant trop vite, à les interroger sur la poésie et ses formes antiquement précises. De la première partie peinture caricature du milieu et des jeux d’apparences qui en sortent, des lancées de sang on passe à la projection, à recoller les morceaux d’avant et d’après peut-être jusqu’à la fin, à peut-être aussi crier dans le désert ou le sable croque et devient arène, à suivre la double mysticité entre Madero et Lima et Belano et Tinajero, que l’on peine à toucher, que l’on peine à atteindre, en observant la vie en clignotant de ces mecs sonores, et au final on ouvre la fenêtre, ça reste le meilleur moyen de voir ce qui se trouve hors, éventuellement de sortir. Même s’il n’y a rien.
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6 commentaires:
Excellent post !
J'ignore si le festin mue, mais en tout cas, après avoir lu ce papier, j'en ai perdu ma voix.
Otarie m'a scier.
Voilà pas que j'ai une scie !
Je ne sais pas si on en a parlé ici ou ailleurs mais voici encore un peu de détectives sauvages :
http://notasmoleskine.blogspot.com/2007/11/10-del-2007.html
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