13.8.07

On the rohoad.

Sachez que je suis un petit malin. A à peine dix jours de la parution française, j’entame Only Revolutions

Il paraît que la nature (ou l’Univers, ou Dieu, ou—) est une sphère infinie dont le centre est partout, la circonférence nulle part. Borges, dans ses Enquêtes (Otras Inquisiciones) nous donne d’ailleurs un petit topo historique de cette expression et des quelques mots différents qui la débutent (divergent aussi (surtout) les qualificatifs allant avec sphère), pour arriver à Pascal.
Circonférence, révolution, la différence est à peu de choses près inexistante. Nulle part et donc partout. Ce ne sont pas les O recouverts d’une housse olive (riez) d’O Révolutions qui feront mentir cette sphère infinie. Une pichenette sur le tour qui conduit à la spirale, le diamètre varié suffit. Ici, le tour, l’autour, les entours, l’alentour, la révolution, le Möbius retourné autant de fois que l’on veut.

Quoi qu’il en soit, Only Revolutions est un petit objet dans lequel on piochera dès les premières pages un nombre indéfini de clins d’œil intratextuels (bon, techniquement, on suppose que, même sans être défini ni infini, le nombre de clins d’œil non intratextuels est plus important). On pourra citer entre autres le fait que la partie Sam débute par les mots « Haloes ! Haleskarth ! », soit sensiblement pour le premier et même assez le second le nom Hailey, tout en supposant l’idée de révolution (un halo est généralement un cercle) ; la partie Hailey commençant quant à elle par « Samsara ! Samarra ! », Sam, qui n’oublie pas non plus le concept de tour, de circulation, de migration ; les fins des premières pages, l’une (Sam) par « Why don’t I have any shoes ? » (shoes commençant par le S de Sam et symbolisant le bas du corps, le bas tout court) et l’autre (Hailey, donc) par « Why don’t I have a hat ? » (le H de Hailey et le haut, dans une révolution déjà présente) (on notera d’ailleurs que le S comme le H (comme le O ou quelques autres (Z, X, I)) sont des lettres qui sont les mêmes une fois retournées) ; les phrases en miroir ; le rythme (rimes, placements, décalages) ; l’animal d’un côté, le végétal de l’autre, ainsi de suite. Sam vert, Hailey jaune(—le Haloes ! ne suppose que faiblement le jaune…qu’en est-il du Haleskarth ?...).

Il apparaît aussi qu’une des phrases-miroir (« Allmighty sixteen and so freeeeee. » (six (ben oui) E)) fait ressortir l’âge de Sam, d’Hailey, ainsi qu’une sorte de concept de l’affaire (ils sont jeunes, toujours jeunes, tout-puissants donc, etc.). Ces seize ans renvoient (il faut vouloir faire le rapprochement) à Rimbaud. Tant qu’on y est, hein. Concentrons-nous sur de petits détails, que ce soit plus drôle. A seize ans (presque pile), il écrit le dormeur du val. Sans trop pousser, on peut estimer qu’il y a rapprochement rigolo quand le mot « trou » est présent au premier et au dernier vers (d’abord simple « trou de verdure » puis double : « deux trous rouges »). On pourrait argutier, dégoûter l'agouti, sur les couleurs, mais en fait non.
Mais, car il y en a un, le tout est encore plus beau quand on sait que Rimbaud a écrit (en 1871 ou 1872 aussi) un poème intitulé Voyelles.

A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,
[…]
O, suprême Clairon plein des strideurs étranges,
Silences traversés des Mondes et des Anges :
— O l’Oméga, rayon violet de Ses Yeux !

(vers 1, 12 à 14—le premier vers est d’ailleurs repris à une variation près dans Une Saison en Enfer)

Sans intérêt, non ?
Pourtant, drôle.
C'est pas tout ça. Maintenant, il faudrait peut-être que j'aille le lire (en suivant les conseils éditoriaux...; "Quand tu vois une grosse majuscule, retourne ton bouquin et reprend là où tu as laissé l'autre signet, après ç").

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