21.11.07

radio/video/internet/vie killed the internet/vie/radio/video star

Samedi (ou dimanche) j’ai vu sur Paris Première Joy Sorman, son drôle de nom et sa drôle [de] coupe de cheveux. Elle était avec Pierre Lescure et une bande de joyeux drilles. Un moment arrive où ça parle de La vie secrète des jeunes, le recueil récemment sorti de quelques dizaines d’histoires en une page qu’on trouve dans Charlie Hebdo (il paraît), sous la plume et les autres outils noircisseurs de papier de Riad Sattouf. Environ 150 histoires d’observations (toutes garanties vraies, lui se plaçant re-créateur d’un moment vu) de la vie pas secrète des jeunes et moins jeunes, en saisissant—disons qu’il est très bon pour capturer quelques travers ici de quelques couches de la société, probablement de toutes. Ça tombe bien, je me fais—je l’ai lu il y a peu, on va voir ce qu’ils vont en dire. Et là, après que mademoiselle Sorman a évoqué les quelques choses positives qu’elle avait à dire dessus, elle a lancé quelque chose qui commençait bien (même si je n’étais pas d’accord) et s’est fini d’une drôle de façon, rejoignant ainsi son nom et sa coupe de cheveux (et ses dents d’ailleurs, mais on n’attaque pas sur le physique, c’est méchant et puis d’ailleurs, je n’attaque pas! ça devrait aller), qui en gros était : on sent que Riad Sattouf aime ces jeunes (là je ne suis pas d’accord, du moins pas totalement) et que regardez oh-la-la ces jeunes ont la tchatche, ils sont magnifiques. Là, j’ai une réaction très forte : je dis « ah ! » puis repense à ce qu’il y avait dans les pages de Riad Sattouf qui pouvait correspondre à des exemples de jeunes qui ont du bagout mais ne disent pas bagout vu que c’est un vieux mot (il reviendra probablement) : le résultat est proche du néant, la plupart des jeunes en question (id est ce qui rentre sous la catégorie "racaille et jeune de banlieue" plus quelques autres). Des jeunes, oui. De la tchatche, oui. Du magnifique, non, même en baissant l'intensité du terme. Si elle voit là exemples de jeunes au bavardage magnifique, au babil foudroyant, à l’éloquence folle et tout ce que l’on veut, je n’ai aucune envie (je n’étais déjà pas très chaud, il faut bien l’avouer) de lire la prose (sûrement haute en couleurs et emplie d’une verve du bitume) de mademoiselle et de son air hypnotisé.
Heureusement qu’Eric Naulleau (puis Martin Monestier je crois) lui a dit qu’elle racontait de la merde. Bizarrement, je n’ai aucun souvenir de ce que Riad Sattouf est venu dire à propos de son propre travail. Que ses jeunes, ces jeunes, tordent le langage (je viens de l’écrire avec un u, sale habitude) avec une inventivité (plutôt que les guillemets, imaginez un sigle de copyright autour du mot), je le sais, ça me fait assez mal à l’oreille et à l’autre (puis quelques autres membres/sens aussi parfois) comme ça pour pouvoir en rire jaune quand il s’en sert. Qu’il les aime, en quelque sorte, je veux bien. Qu’ils soient magnifiques, je m’en vais.
Heureusement que c’est bien.

3 commentaires:

Anonyme a dit…

Je n'ai absolument pas vu ce dont tu parles, mais j'ai lu ce livre.
Je me suis poilé, tout simplement. Voilà un truc drôle. Et pour une fois, Sattouf a bien dessiné.

François Monti a dit…

Plus je vois Joy Sorman, plus j'entends Joy Sorman, plus je lis des textes de Joy Sorman, plus Joy Sorman m'exaspère. De loin la plus médiocre du comité de rédaction d'Inculte. C'est la fille de Guy Sorman, et ça me fait rire. C'est déjà ça.

Anonyme a dit…

Otarie, ce que tu rapportes de Joy Sorman est typique d'une sorte de discours trés à la mode en ce moment (on le retrouve aussi chez Bégaudeau, cf. son "texte" sur la rescapée des geôles de Badgad dont le nom là tout de suite m'échappe), qui vise à donner une valeur sémantique outrée au moindre bruit de chiotte verbal produit par notre société. C'est un "tout fait sens, monsieur" qui se veut proche des "petits, sans grades, moins-que-riens, exclus de la société", et qui en fait au lieu de les inciter à s'élever à quelque chose de disons supérieur leur explique que leur médiocrité est quelque chose de formidable.
Bon, Fausto a résumé ci-dessus mieux que moi la chose, et donc au lieu de m'énerver je m'arrête là.
(Sinon, les petits strips de Sattouf sont plutôt drôles, avec un trait bien efficace - c'est déjà pas trop mal).