29.12.07
"It's a masked man [...] ask him what he wants, Tom."
James Boswell est jeune. Musclé. Vit avec son oncle. A eu un enfant, qu’il ne connaît pas. A peur de la mort. Ou peut-être de mourir. En tout cas, il croit en la mort, sait qu’elle existe. Il aime aller au club de gym. Dire « Because my heart is pure. ». Bizarrement, google vous indiquera qu’il était écossais, vivant au 18ème siècle, et surtout réel. Google est nul.
Quand il quitte son oncle, Boswell se retrouve à la rue. Coup de fil, sommeil compliqué chez un camarade musclé. Il écrit au « Grand Sandusky », un homme fort. Finalement, le rencontre, déçu mais sachant se requinquer. Puis continue. Boswell devient un catcheur, le « Playboy Masqué », gimmick de fils riche qui la nuit revêt son costume pour botter des fesses. Un soir, il doit se battre contre John Sallow, le « faucheur » (la faucheuse va très bien aussi, d’ailleurs si je me souviens bien, c’est « la faucheuse torve » son vrai nom de masque), brute désincarnée. Se fait presque tuer sur le ring. Ou plutôt meurt presque. Puis il récupère, et avance, apprend avec difficultés à devenir riche. De fil en aiguille, de combine en combine, Boswell rencontre tout le monde, se fait connaître ou reconduire à la sortie, s’il vous plaît monsieur c’est une soirée privée. Embobine un Prix Nobel, s’acoquine avec des cuisiniers en vue, marche vers les dirigeants secrets de ce monde. On ne sait trop comment—les connaissances la haute société doivent être un exemple magnifique d’induction (rapide)—, il épouse la dernière descendante des Médicis, la Principessa Margaret, Princesse de toutes les Italies, occasion d’un voyage à Rome, d’une virée sexuelle au Colisée, de rencontre jouée avec le fils de Mussolini, d’un ensemble de passages combinés incroyablement drôles. Boswell est stérile. Pourtant, si l’on a suivi, il a eu un enfant. Boswell est stressé, malade, abandonné, ses combines et sa nourriture spirituelle—par une persuasion de longue durée, il absorbe presque la reconnaissance publique des autres, la sienne n’ayant aucun intérêt, pour rester à son meilleur niveau—ont disparu depuis qu’il s’est fixé avec Margaret, s’obligeant à suivre des logiques pour admettre que son couple et les individus qui le forment (le couple) peuvent être normaux. Il lui faut reprendre, même si ça implique un départ de sa situation privilégiée (argent, famille, car en passant son fils s’est installé chez eux). Pour la fin, avancée, se débrouille afin de réunir les deux cents plus grands, en une soirée par mois, peut-être par trimestre. Et, pour l’ouverture, change leurs perspectives. Boswell n’est pas un rigolo.
Quand il quitte son oncle, Boswell se retrouve à la rue. Coup de fil, sommeil compliqué chez un camarade musclé. Il écrit au « Grand Sandusky », un homme fort. Finalement, le rencontre, déçu mais sachant se requinquer. Puis continue. Boswell devient un catcheur, le « Playboy Masqué », gimmick de fils riche qui la nuit revêt son costume pour botter des fesses. Un soir, il doit se battre contre John Sallow, le « faucheur » (la faucheuse va très bien aussi, d’ailleurs si je me souviens bien, c’est « la faucheuse torve » son vrai nom de masque), brute désincarnée. Se fait presque tuer sur le ring. Ou plutôt meurt presque. Puis il récupère, et avance, apprend avec difficultés à devenir riche. De fil en aiguille, de combine en combine, Boswell rencontre tout le monde, se fait connaître ou reconduire à la sortie, s’il vous plaît monsieur c’est une soirée privée. Embobine un Prix Nobel, s’acoquine avec des cuisiniers en vue, marche vers les dirigeants secrets de ce monde. On ne sait trop comment—les connaissances la haute société doivent être un exemple magnifique d’induction (rapide)—, il épouse la dernière descendante des Médicis, la Principessa Margaret, Princesse de toutes les Italies, occasion d’un voyage à Rome, d’une virée sexuelle au Colisée, de rencontre jouée avec le fils de Mussolini, d’un ensemble de passages combinés incroyablement drôles. Boswell est stérile. Pourtant, si l’on a suivi, il a eu un enfant. Boswell est stressé, malade, abandonné, ses combines et sa nourriture spirituelle—par une persuasion de longue durée, il absorbe presque la reconnaissance publique des autres, la sienne n’ayant aucun intérêt, pour rester à son meilleur niveau—ont disparu depuis qu’il s’est fixé avec Margaret, s’obligeant à suivre des logiques pour admettre que son couple et les individus qui le forment (le couple) peuvent être normaux. Il lui faut reprendre, même si ça implique un départ de sa situation privilégiée (argent, famille, car en passant son fils s’est installé chez eux). Pour la fin, avancée, se débrouille afin de réunir les deux cents plus grands, en une soirée par mois, peut-être par trimestre. Et, pour l’ouverture, change leurs perspectives. Boswell n’est pas un rigolo.
26.12.07
en retard
" [...] but Alice had got so much into the way of being of expecting nothing but out-of-the-way things to happen, that it seemed quite dull and stupid for life to go on in the common way."
Lewis Carroll, Alice's Adventures in Wonderland.
Lewis Carroll, Alice's Adventures in Wonderland.
les trucs en rapport :
Alice,
Lewis Carroll
21.12.07
still only 4 cents -- slightly higher on Mars
Note rapide sur Wilson : a consideration of the sources, de David Mamet (2000), avant d’attaquer, si cela est possible, la page 195.
Pour précis être, je ne sais pas en quelle année tout cela se trouve; 2100 et quelques, 2200, plus tard peut-être, les gens vivent sur Mars (ce qui permet d’avoir une référence directe à Edgar Rice Burroughs, la troisième que je croise de toutes mes lectures, assez peu nombreuses pour que cela soit remarqué); il y a eu des émeutes, internet est mort, la connaissance a été perdue, du moins pas totalement sinon comment saurait-on qu’elle l’a été ? Les référents les plus connus à quoi cela peut renvoyer consiste en Pale Fire (Feu Pâle, Vlad. Nabokov, pédophile pas même camouflé) d’un côté pour l’aspect reprise de choses et explications en notes prolixes, en Infinite Jest (pas traduit, David Foster Wallace, tennisman frustré) (qui fait lui aussi preuve d’une volubilité peu commune en ce qui concerne l’annotation) pour l’explosion et les sources citées à tout va, ainsi peut-être que pour l’avenir pervers phénomène, marqué par Coca-Cola (mon traitement de texte ne souligne pas de rouge le terme Coca-Cola, on est déjà foutu) et d’autres entités commerciales phagocytes, si extrêmes qu’elles combinent mieux même qu’aujourd’hui les bouts du spectre de la visibilité, peut-être encore aussi pour l’humour omniprésent—le plus souvent c’est un paysage après avalanche de comique qui est présenté, d’un humour qui fait plus penser « tiens, ça c’est drôle » que créer éclats de rire voire tapes douloureuses sur les genoux.
On me souffle dans l’oreillette que ça tiendrait également du La vie mode d’emploi, de notre ami Georges Perec. Je n’en sais rien.
Car tout ça glisse. Un ensemble de chapitres courts, dans un tout qui devient laborieux à aborder de bloc. Les sources, considérées, liées forcément et plus ou moins éparses retracent la toile mythologique et historique de ce qui a survécu, a passé, s’est crée sur les décombres. Poèmes, erreurs typographiques volontaires ou non formant des sens cachés, extraits, Histoire, événements, surface assez peu stable. La tentative d’éclairer la période obscure étudiée passe, dans son organisation, à un bordel peu compréhensible. Les idées fusent, s’annulent. Les fragments ont beaux être la seule forme à qui l’on peut faire confiance (Barthelme, see the moon, in Sixty stories (je cite de mémoire, il est incroyablement probable que le « fragments are the only form I trust » fasse partie d’une des 59 autres histoires)), arrive un moment où elle* ne suffit plus. De la même manière, le rasoir d’Occam ne sert pas forcément à grand’chose face à une situation sur laquelle un voile, deux voiles, trois voiles, quatre voiles, seize catamarans et quelques siècles sont tombés. Encore de la même manière, le fait de l’existence de l’observateur induit la non-réalité de ce qui est vu. Il devient impossible de récréer un passé objectif (même si personne n’a probablement jamais prétendu le faire, il est de bon ton de dire que l’histoire est celle donnée par les vainqueurs, tout en tentant de faire la part du lion, du tigre et de l’ours, etc.), impossible par conséquent, et ce même en utilisant le plus fin des tons doctorants (qui finit par s’annihiler, mangeant sa pertinence en digressant sur n’importe quoi sinon tout), de considérer la conséquence.
J’ai rien compris, je ne sais même pas si c’est un bon bouquin.
*la confiance.
les trucs en rapport :
David Mamet,
Wilson
20.12.07
Lou Thesz Press
Est dans les mots de Shelley Jackson une certaine élégance (élégance certaine), accompagnée d’un jeu presque forcé autour—forcé parce qu’on peut faire autrement, parce qu’elle sait faire autrement, sans être forcée par autre chose que sa nature à le faire; il n’y a pas à proprement parler de jeu, ce n’est peut-être qu’un autour, le reflet d’un miroir qui comme face à un vampire ne renverrait rien.
Il s’agit d’être autour du corps, dans le corps, sortant (phlegme, œuf, sperme) ou entrant (godemiché, signe extérieur qui a priori n’a aucun intérêt étant hors), voire restant, pulsant à l’intérieur (nerf, sang, graisse, qui pourraient eux aussi sortir; à un autre niveau cancer (hibernation) et fœtus (hibernation aussi, la toute première)) ou titillant l’extérieur (cheveux), même abstrait (sommeil, immatériel), d’autres ambigus finalement, prenant une double fonction de nourriture et d’éjection du corps (lait), sans qu’on sache réellement quel compte plus que l’autre, en prenant à rebours ou à l’endroit l’humeur (bile noire ou jaune, lymphe, sang) comme déterminant du comportement, ce qu’on ne fait plus, soit rapidement le couple des deux définitions de l’humeur, dont certaines histoires reprennent directement l’association (sang, phlegme, nerf) en titre et thème, alors que de plus grosses parties ne cachent pas leur classification (Colérique, Mélancolique, Flegmatique, Sanguin). Mélancolie, bile noire, atrabile, tristesse, ici anatomique. Et pourtant joyeux, sautillant; le ciel nous aime c’est pour ça qu’il pleut du lait; le phlegme ignoble retourné ici en une denrée à se pétrir les fesses et celles de ses amis avec, jouissif au-delà sa peu ragoûtante sécrétion; une histoire secrète du godemiché se laisse entendre à travers les âges, indexé banni ou reconnu.
Est là en les pages l’espèce de ressortie du corps qui s’extrait sa substance, la combinaison vers le haut, de l’œuf au fœtus illuminés qui ont leurs propres mouvements venus d’eux-mêmes, prenant les vibrations alentour, encore je ne sais vraiment qui de la joie ou de la tristesse est réellement le reflet inexistant du vampire, lui sanguin et incapable de s’épiler convenablement les sourcils, je ne sais pas—il semble que la joie mesurée souvent mesurable soit le miroir tandis que le reste s’observe, cherchant peut-être en multipliant les angles la coordination parfaite qui enverra une bribe de sa propre image, ici lait là sommeil ensemble reprise corporelle.
Envolée dans l’espace avec ces cœurs immenses ouvrant le tout qui, plus lourd que le poids et la réalité même, y font des trous dans lesquels on peut les pêcher, retour au sol avec de la chasse et des tampax, qui chasse qui ? on se croirait à renifler du crocodile dans les égouts. On se retourne en allant pisser au milieu de deux histoires, peut-être y a-t-il un œuf resté dans notre cuvette. L’élément pris comme base envahit (l’œuf, justement, grossissant, phagocytant l’espace physique puis mental d’Imogen et de Cass), se fait apprécier (le fœtus, chose étrange immobile et comme immuable, « ici pour nous servir », faisant s’épisser les fils d’amour et de douleur).
Il s’agit d’enlever la peau, de creuser un peu en accélérant l’écoulement. Tenter de voir à quoi nous sommes renvoyés, tant nous-mêmes que les mots, élégants donc, tenter de voir si nous sommes effectivement renvoyés, le miroir est vide pourtant plein de phlegme, visqueux on ne voit rien, on chasse les renvois devenant de nouveaux mythes corporels, s’accrochant désespérément aux circonvolu/locutions de matière grise, « méninges » n’est pas dedans, Jackson est dure, est mère, vous voyez bien l’analogie du cerveau, est peut-être pie ou arachnoïde, elle doit l’être dans une toile de fluides, tout commence malgré tout au cœur; et on tourne, on circuite, on transforme, vrille, tord, éclabousse en gerbes contrôlées, magie de la réincarnation impossible.
Sérieusement, qui voudrait se réincarner ? ne serait-ce que la forme pronominale est ignoble—on est, on ne se pas.
Ma foi, quand je vois que la partie Colérique comprend les histoires Œuf, Sperme et Fœtus, je me dis qu’elle n’est peut-être pas si joyeuse.
(nota : au hasard de lectures, je vois dans L’amour fou (André Breton, folio n°723, p. 51) cette note à propos de question en « Qu’est-ce que…? — C’est… » : Breton « Qu’est-ce que l’art ? » Giacometti « C’est une coquille blanche dans une cuvette d’eau. », chose renvoyant à travers le temps à la nouvelle ŒUF, quand cet œuf, sorti de l’œil d’Imogen et jeté aux toilettes, est oublié dans la cuvette, ça n’est pas dit mais il a pu être sciemment laissé là puis évoqué d’autre manière (évoqué en tant que révoqué, tout se tient), d’une « shocking color against pee yellow. », soit ce pauvre œuf de l’art perverti, dans un retournement: ce n’est pas le jaune pisse qui est dégoûtant mais plutôt l’œuf, déjà fascinant, qui mène la phrase)
(nota : pour ceux que ça intéresse, on trouve quelques unes des histoires (Cancer, Sleep, Dildo, Hair) sur le site de Shelley Jackson))
les trucs en rapport :
Shelley Jackson,
The Melancholy of Anatomy
noël
Quand dans longtemps s'ils existent mes gamins abreuvés à tout et n'importe quoi au pied d'un sapin fin décembre me demanderont la curiosité pointant aux lèvres encore chocolatées pourquoi les juifs dans quelque période passée propice à l'euphémisme les juifs donc pourtant peuple élu n'utilisaient pas leurs étoiles jaunes comme des shurikens pour planter et découper des rondelles d'allemand je serai bien en peine de leur fournir une réponse convenable.
les trucs en rapport :
comique de répétition,
rien
19.12.07
file d'attente/my dick is bigger than yours
Transfert d’untel, je me vois dans l’obligation de vous fournir une liste presque exhaustive des bouquins qui s’accumulent, achats plus rapides que lectures, sur ma table de nuit et nulle part ailleurs (sauf un).
Donc, dans le désordre. Alejo Carpentier, le siècle des lumières. Gogol, nouvelles de Pétersbourg. Voltaire, dictionnaire philosophique. Antonio Werli, mort et vie d’Armendo Lip (je ne sais pas ce que j’attends pour le lire). Fernando Pessoa, le banquier anarchiste. Thomas Bernhart, les mange-pas-cher. Sigmund Freud, sur le rêve (ahah, j'ai rêvé que Patrick Sébastien me téléphonait pour m'annoncer ma mort il y a trois ans, j'aimerais bien savoir ce que ça veut dire). Rudyard Kipling, Kim. Schopenhauer, esthétique et métaphysique. Arthur C. Clarke, 2001, l’odyssée de l’espace. Kafka, Amerika. Baudelaire, les fleurs du mal (qui traîne là depuis un moment). Nietzsche, Crépuscule des idoles. William Burroughs, les terres occidentales. Lydia Davis, c’est fini. David Mamet, Wilson, a consideration of the sources. Mark Twain, Adventures of Huckleberry Finn. Robert Coover, pricksongs and descants. Dickens, a tale of two cities. Richard Fariña, been down so long it looks like up to me. Hawthorne, the house of the seven gables (qui traîne là lui aussi depuis un moment). Lewis Carroll, Alice’s adventures in wonderland. Ernesto Sabato, le tunnel. Jack London, white fang and the call of the wild. Saul Bellow, le faiseur de pluie. Thomas Pynchon, against the day (n’est pas sur la table de nuit).
Ça commence à faire.
Aussi en route, dans un colis au-dessus du pacifique ou du lac Kir ; Alexander Theroux, Laura Warholic, or, the sexual intellectual. Paul Verhaeghen, Omega minor.
Donc, dans le désordre. Alejo Carpentier, le siècle des lumières. Gogol, nouvelles de Pétersbourg. Voltaire, dictionnaire philosophique. Antonio Werli, mort et vie d’Armendo Lip (je ne sais pas ce que j’attends pour le lire). Fernando Pessoa, le banquier anarchiste. Thomas Bernhart, les mange-pas-cher. Sigmund Freud, sur le rêve (ahah, j'ai rêvé que Patrick Sébastien me téléphonait pour m'annoncer ma mort il y a trois ans, j'aimerais bien savoir ce que ça veut dire). Rudyard Kipling, Kim. Schopenhauer, esthétique et métaphysique. Arthur C. Clarke, 2001, l’odyssée de l’espace. Kafka, Amerika. Baudelaire, les fleurs du mal (qui traîne là depuis un moment). Nietzsche, Crépuscule des idoles. William Burroughs, les terres occidentales. Lydia Davis, c’est fini. David Mamet, Wilson, a consideration of the sources. Mark Twain, Adventures of Huckleberry Finn. Robert Coover, pricksongs and descants. Dickens, a tale of two cities. Richard Fariña, been down so long it looks like up to me. Hawthorne, the house of the seven gables (qui traîne là lui aussi depuis un moment). Lewis Carroll, Alice’s adventures in wonderland. Ernesto Sabato, le tunnel. Jack London, white fang and the call of the wild. Saul Bellow, le faiseur de pluie. Thomas Pynchon, against the day (n’est pas sur la table de nuit).
Ça commence à faire.
Aussi en route, dans un colis au-dessus du pacifique ou du lac Kir ; Alexander Theroux, Laura Warholic, or, the sexual intellectual. Paul Verhaeghen, Omega minor.
14.12.07
D.E.C.H.E.T.
Désirons Ensemble le Commencement de l’Hégémonie Extraordinaire de Tristero
Délicat Espoir Celui Hardi d’Empereur Tristero
Désirons Ensemble le Calme Haut Empire de Tristero
Désir Et Croyance de l’Haut Empire de Tristero
Discret Espoir du Calme Héraut Erudit Tristero
Dommage Empereur Celui Hautement Escompté est Tristero
Délicate Espérance Chaleur Hardie Empereur Tristero
Doucement Empereur Chante Haut Entre Tristero
Disperser Emietter Casser Hello Emperor Tristero !
Désirons l’Essentiel et Calme Haut Empire de Tristero
Demain Encore Couronne Hardie Embellira Tristero
Damnation Estivale Chaude Humide Emergera Tristero
Damnation Eternelle Ciblant Hobbits Emmerdant Tristero
Discréditons Expressément les Calembredaines Hardies des Ennemis de Tristero
Dépêchons l’Elaboration des Cigares et Humidors pour son Excellence Tristero
Drapé, Esprit Coloré, les Héros Espèrent Tristero
Dame ! Est-Ce l’Homo Expectus Tristero ?
Destruction Exprimée par Choix Hermétique d’Erratique Tristero
(que des rimes riches…)
Je suppute même la possibilité de mieux faire avec rebut ou détritus.
Délicat Espoir Celui Hardi d’Empereur Tristero
Désirons Ensemble le Calme Haut Empire de Tristero
Désir Et Croyance de l’Haut Empire de Tristero
Discret Espoir du Calme Héraut Erudit Tristero
Dommage Empereur Celui Hautement Escompté est Tristero
Délicate Espérance Chaleur Hardie Empereur Tristero
Doucement Empereur Chante Haut Entre Tristero
Disperser Emietter Casser Hello Emperor Tristero !
Désirons l’Essentiel et Calme Haut Empire de Tristero
Demain Encore Couronne Hardie Embellira Tristero
Damnation Estivale Chaude Humide Emergera Tristero
Damnation Eternelle Ciblant Hobbits Emmerdant Tristero
Discréditons Expressément les Calembredaines Hardies des Ennemis de Tristero
Dépêchons l’Elaboration des Cigares et Humidors pour son Excellence Tristero
Drapé, Esprit Coloré, les Héros Espèrent Tristero
Dame ! Est-Ce l’Homo Expectus Tristero ?
Destruction Exprimée par Choix Hermétique d’Erratique Tristero
(que des rimes riches…)
Je suppute même la possibilité de mieux faire avec rebut ou détritus.
les trucs en rapport :
poésie lyrique,
Pynchon
11.12.07
bonne chère
Pendant que je manque d'inspiration, autant poster des choses. Dans les jours suivants peut-être une ou deux citations des histoires de The Melancholy of Anatomy de Shelley Jackson parce que c'est foutrement bien (avec de la chance des citations traduites !), et pour l'instant une curiosité croisée au détour de pas grand'chose.
Oui, vous voyez bien : 2858,90€ (l'après virgule laisse à penser qu'il ne s'agit aucunement d'un problème de virgule). Alors qu'il coûte en réalité 29,95$ (et même pas 20$ en ce moment sur amazon). A moins qu'un étrange changement localisé soit intervenu, faisant d'un dollar une centaine d'euros, on se demande bien ce qui se passe. Vous devriez, avec un tantinet de chance, pouvoir échanger (notez qu'il est indiqué comme épuisé) à alapage perturbé quelques exemplaires achetés à 20$ pour le rondelet bénéfice net d'environ 2840€ (par bouquin) et ainsi arrondir vos fins de mois, voire préparer avec joie votre retraite. S'ils sont pointilleux, ils ne reprendront rien, étant donné le manque de concordance entre la couverture des bouquins que vous enverrez et celle présentée (bien plus enthousiasmante d'ailleurs). Mais, chance! ils n'ont pas l'air de l'être trop, pointilleux.
Oui, vous voyez bien : 2858,90€ (l'après virgule laisse à penser qu'il ne s'agit aucunement d'un problème de virgule). Alors qu'il coûte en réalité 29,95$ (et même pas 20$ en ce moment sur amazon). A moins qu'un étrange changement localisé soit intervenu, faisant d'un dollar une centaine d'euros, on se demande bien ce qui se passe. Vous devriez, avec un tantinet de chance, pouvoir échanger (notez qu'il est indiqué comme épuisé) à alapage perturbé quelques exemplaires achetés à 20$ pour le rondelet bénéfice net d'environ 2840€ (par bouquin) et ainsi arrondir vos fins de mois, voire préparer avec joie votre retraite. S'ils sont pointilleux, ils ne reprendront rien, étant donné le manque de concordance entre la couverture des bouquins que vous enverrez et celle présentée (bien plus enthousiasmante d'ailleurs). Mais, chance! ils n'ont pas l'air de l'être trop, pointilleux.
les trucs en rapport :
Laura Warholic,
rien,
Theroux
7.12.07
hum
Dans son dernier numéro, Chronicart souffle sa dixième bougie, soit l'occasion de revenir sur "10 ans de culture connectée" et de faire, au milieu d'aperçus rapides (hall of fame qui contient entre autres Volodine et Bolaño, Chris Ware et David B.), quelques top 10 des jeux, cédés ou films de la décennie en 7 passée, rien de moins.
En ce qui concerne les livres, on a ça :
1. Outremonde - Don DeLillo.
2. La famille Royale - William Vollmann.
3. Clémence Picot - Régis Jauffret.
4. Babylon Babies - Maurice Dantec.
5. Ma vie parmi les ombres - Richard Millet.
6. Identification des schémas - William Gibson.
7. Les Grands singes - Will Self.
8. Bartleby & Cie. - Enrique Vila-Matas.
9. Les particules élémentaires - Michel Houellebecq.
10. Lunar Park - Bret Easton Ellis.
A noter que je n'ai encore lu que deux sortis de cette liste, que je n'en pense rien étant donné que je range ce message sous la catégorie "info brute".
Eventuellement, toi qui passes ici, quel serait ton top ?
A noter aussi la quatrième place de 20th century boys dans le top 10 bande-dessinées. Une bonne blague.
En ce qui concerne les livres, on a ça :
1. Outremonde - Don DeLillo.
2. La famille Royale - William Vollmann.
3. Clémence Picot - Régis Jauffret.
4. Babylon Babies - Maurice Dantec.
5. Ma vie parmi les ombres - Richard Millet.
6. Identification des schémas - William Gibson.
7. Les Grands singes - Will Self.
8. Bartleby & Cie. - Enrique Vila-Matas.
9. Les particules élémentaires - Michel Houellebecq.
10. Lunar Park - Bret Easton Ellis.
A noter que je n'ai encore lu que deux sortis de cette liste, que je n'en pense rien étant donné que je range ce message sous la catégorie "info brute".
Eventuellement, toi qui passes ici, quel serait ton top ?
A noter aussi la quatrième place de 20th century boys dans le top 10 bande-dessinées. Une bonne blague.
5.12.07
"Today, maybe parody is the real thing."
Remontant petit à petit d’une perte d’envie de lire qui aura bien duré trois ou quatre semaines, accompagnée d’ailleurs d’une propension à trouver son pseudonyme plus ridicule que d’habitude (après tout, c’était la raison—si raison existait—du choix), otarie décide, peu après avoir entendu dans le bus une gamine d’environ huit ans dire à une copine d’âge semblable qu’elle connaissait ma foi assez bien les religions (les juifs s’habillent en noir, ils ont des chapeaux et des bouclettes, les femmes se rasent la tête et portent du bleu; les témoins de Jéhovah frappent aux portes pour indiquer que la fin du monde c’est pour bientôt et qu’il serait de bon ton d’être témoin de Jéhovah quand ça arrivera, histoire d’être dans les deux seules personnes qui survivront; Dieu s’il existait il ne permettrait pas les guerres et puis sa résurrection c’est magique donc le Père Noël n’existe pas tu vois comme je m’y connais espèce de barbare t’y connais rien t’as pas le droit de croire en Dieu) et qu’elle était passionnée par les mythes—mais, stoppons la phrase pour la remonter dans un autre sens : cette petite blonde, probablement insupportable quand plus vieille elle sera, sort quelque chose qui me fait sortir à moitié de ma Smuggler’s Bible (septième partie alors) rythmée par les feux rouges, une sorte de lien inter-MZDien totalement absurde passant par le côté grec de l’affaire : le Minotaure, tu vois, il est mi-homme mi-bovin, et y’a un mec qu’est allé dans le labyrinthe pour euh je sais plus et là hop il a du miel et des plumes dans les poches, il se fout du miel sur les bras, il y colle les plumes et il s’envole, mais il va trop près et retombe. L’un dans l’autre, il y a de l’idée au milieu des trous, après tout Icare est le fils de Dédale, mais là où l’engrenage s’est grippé par rapport à ce que chacun raconte, c’est cette histoire de miel, que vient-il foutre là ? Qui a lu Only Revolutions ou son pendant traduit sait que le miel est d’importance presque capitale. Peut-être que cette gamine sait des choses qui me dépassent.
Le pire étant au final que ce manque d’envie m’aura envoyé n’importe où, à mettre un petit mois pour passer d’un bout à l’autre d’A Smuggler’s Bible, a être plus perdu encore que je l’aurais été à rythme plus rapide, à ne plus pouvoir me souvenir qui a déjà rencontré qui dans cette toile (peinture et araignée) folle retraçant les projections de David Brooke dans d’autres gens, dans d’autres feuilles, sa projection et son conscient qui ne serait qu’un amoncellement de bribes prises au hasard dans son subconscient et ses oublis au-delà de son « total recall », et son amnésie mi-feinte mi-réelle, à se voguer seul entre les souvenirs accumulés sans les écouter, les parodies folles de métaphores, l’inverse ou parfois l’un sans l’autre, les gens totalement déconnectés liés autour, dans un réseau totalement affolant qui finit par se gentiment percuter dans un encombrement épistolaire d’ampleur magique, tous parties de David Brooke aussi, tous oubliant, car on sait aussi bien que Dostoïevski et Borges que deux et dont feux quatre que l’oubli est la seule chose qui compte, la mémoire absorbe absolument tout seule la capacité d’envoyer valdinguer des choses compte; et toujours métaphore, métaphore de métaphore au milieu de la contrebande biblique rognée quand les hommes sont à la fois eux-mêmes et leurs propres parodies et que Jésus était le plus haut des contrebandier créateur par nature, non haha créateur ne veut toujours rien dire, il y a connexion. Avec un travail assez fabuleux sur la création et l’envoi de soi à travers l’autre, parasitant. Alors qu’en même temps à peu près je pataugeais dans Alphabetical Africa, à me dire qu’assez tôt, au G ou au H, on ne voyait plus spécialement la contrainte, du moins cela semblait assez naturel pour que quelqu’un n’étant pas au courant ne remarque rien, et finalement assez happé en accélérant de nouveau par cette histoire de continent qui rétrécit, d’attaque de fourmis et de Reine transexuelle (?) qui fait peindre d’entiers états d’orange ou de bleu. Et je suis si feignant que je ne vais même pas, dans la colonne de droite sur ce blog, ajouter un truc « la parole philosophique entendue dans la rue de la semaine », avec pour inaugurer non pas cette gamine plus haut évoquée, mais par une sorte de guignol à crête qui, discutant avec un ami, a en me croisant dit ce que de mes oreilles fines j’entendis sortant d’une séance de cinéma d’un film de merde, « t’sais les gens tac-tac tu vois. ». De quoi élever son esprit. Mais ce qui m’a redonné l’envie je crois après retour c’est cette lecture en français (peut-être était-ce là une accentuation du problème : lecture presque uniquement anglaises) de Steinbeck avec Des souris et des hommes, avalé en me remémorant Faulkner (et par convection Mishima) et Beckett parfois, pour la campagne et les duos, la force tirée d’un apparent néant, le ridicule jamais atteint. Après ça, avant de finir AA et la Smuggler’s Bible, achevés à douze minutes d’intervalle au maximum, encore incapable de lire plus d’une quarantaine de pages d’affilée et le plus souvent à peine quinze, je suis reparti sur Des putes pour Gloria et pendant que je commençais à taper ce message j’ai googlé le titre pour trouver la couverture récente et tombe chez untel puis chez Bartelby (j’avais oublié), en tombant sur le mot de Pygmalion je me souviens de cette histoire de Ballard (The smile je crois) mais on s’en fout, et je suis probablement sans espoir pour toujours en avoir un peu, à encore m’imaginer que cette Gloria existe vraiment hors de l’imagination de Jimmy, ne serait-ce qu’une base totalement différente de ce qu’il en a fait, sachant bien que dans l’absolu ça ne change strictement rien à sa passion pathologique et nécrosée, finalement un peu comme lui, sidéré par ses propres retours, sa capacité à aller en avant pour suivre son arrière inexistant, plus profondément dans la merde. Et encore une fois, si Europe Centrale n’éveille par son flux pas énormément de choses chez moi, ici comme dans La famille royale je me retrouve à errer dans les bas-fonds au milieu des putes et des pauvres mecs qui ne seront jamais adoubés ni absous. Père Noël si tu pouvais m’apporter quarante millions d’euros et des perspectives des fois ça m’arrangerait.
Le pire étant au final que ce manque d’envie m’aura envoyé n’importe où, à mettre un petit mois pour passer d’un bout à l’autre d’A Smuggler’s Bible, a être plus perdu encore que je l’aurais été à rythme plus rapide, à ne plus pouvoir me souvenir qui a déjà rencontré qui dans cette toile (peinture et araignée) folle retraçant les projections de David Brooke dans d’autres gens, dans d’autres feuilles, sa projection et son conscient qui ne serait qu’un amoncellement de bribes prises au hasard dans son subconscient et ses oublis au-delà de son « total recall », et son amnésie mi-feinte mi-réelle, à se voguer seul entre les souvenirs accumulés sans les écouter, les parodies folles de métaphores, l’inverse ou parfois l’un sans l’autre, les gens totalement déconnectés liés autour, dans un réseau totalement affolant qui finit par se gentiment percuter dans un encombrement épistolaire d’ampleur magique, tous parties de David Brooke aussi, tous oubliant, car on sait aussi bien que Dostoïevski et Borges que deux et dont feux quatre que l’oubli est la seule chose qui compte, la mémoire absorbe absolument tout seule la capacité d’envoyer valdinguer des choses compte; et toujours métaphore, métaphore de métaphore au milieu de la contrebande biblique rognée quand les hommes sont à la fois eux-mêmes et leurs propres parodies et que Jésus était le plus haut des contrebandier créateur par nature, non haha créateur ne veut toujours rien dire, il y a connexion. Avec un travail assez fabuleux sur la création et l’envoi de soi à travers l’autre, parasitant. Alors qu’en même temps à peu près je pataugeais dans Alphabetical Africa, à me dire qu’assez tôt, au G ou au H, on ne voyait plus spécialement la contrainte, du moins cela semblait assez naturel pour que quelqu’un n’étant pas au courant ne remarque rien, et finalement assez happé en accélérant de nouveau par cette histoire de continent qui rétrécit, d’attaque de fourmis et de Reine transexuelle (?) qui fait peindre d’entiers états d’orange ou de bleu. Et je suis si feignant que je ne vais même pas, dans la colonne de droite sur ce blog, ajouter un truc « la parole philosophique entendue dans la rue de la semaine », avec pour inaugurer non pas cette gamine plus haut évoquée, mais par une sorte de guignol à crête qui, discutant avec un ami, a en me croisant dit ce que de mes oreilles fines j’entendis sortant d’une séance de cinéma d’un film de merde, « t’sais les gens tac-tac tu vois. ». De quoi élever son esprit. Mais ce qui m’a redonné l’envie je crois après retour c’est cette lecture en français (peut-être était-ce là une accentuation du problème : lecture presque uniquement anglaises) de Steinbeck avec Des souris et des hommes, avalé en me remémorant Faulkner (et par convection Mishima) et Beckett parfois, pour la campagne et les duos, la force tirée d’un apparent néant, le ridicule jamais atteint. Après ça, avant de finir AA et la Smuggler’s Bible, achevés à douze minutes d’intervalle au maximum, encore incapable de lire plus d’une quarantaine de pages d’affilée et le plus souvent à peine quinze, je suis reparti sur Des putes pour Gloria et pendant que je commençais à taper ce message j’ai googlé le titre pour trouver la couverture récente et tombe chez untel puis chez Bartelby (j’avais oublié), en tombant sur le mot de Pygmalion je me souviens de cette histoire de Ballard (The smile je crois) mais on s’en fout, et je suis probablement sans espoir pour toujours en avoir un peu, à encore m’imaginer que cette Gloria existe vraiment hors de l’imagination de Jimmy, ne serait-ce qu’une base totalement différente de ce qu’il en a fait, sachant bien que dans l’absolu ça ne change strictement rien à sa passion pathologique et nécrosée, finalement un peu comme lui, sidéré par ses propres retours, sa capacité à aller en avant pour suivre son arrière inexistant, plus profondément dans la merde. Et encore une fois, si Europe Centrale n’éveille par son flux pas énormément de choses chez moi, ici comme dans La famille royale je me retrouve à errer dans les bas-fonds au milieu des putes et des pauvres mecs qui ne seront jamais adoubés ni absous. Père Noël si tu pouvais m’apporter quarante millions d’euros et des perspectives des fois ça m’arrangerait.
les trucs en rapport :
Abish,
Danielewski,
l'aspect positif de la prise de bus,
McElroy,
Steinbeck,
Vollmann
2.12.07
30.11.07
Addenda
q) J’ai recopié plus ou moins soigneusement le premier chapitre d’Alphabetical Africa. En guise de comparaison (avec le post immédiatement sous celui-ci) disons. Voilà. Je suis donc un hors-la-loi : si jamais on m’intente un procès, pour… eh bien… reproduction illicite, j’espère que quiconque aura cliqué aidera à ma défense.
u) Mon programme télé m’indique que cette nuit, vers minuit 45, notre amie m6 diffuse l’épisode 5x09 de scrubs, dont quelques photos et un extrait ont été donnés ici. Si vous n’aimez pas m6, vous avez probablement raison, n’hésitez pas à demander des choses au Père Noël. Pour vous convaincre de la qualité de la série, voici un petit bout de l’épisode 6x06, My Musical (épisode musical donc), avec une chanson sur le caca.
o) This is fixed in the paperback. Plus donc raison de s’interroger sur d’éventuelles dérives maritimes et sensorielles de bêtises et d’innocence. Mais, passons à un autre sujet en étant cohérent; le post que tu viens éventuellement de cliquer (celui sans lequel tu ne comprends pas vraiment le pourquoi du comment) est illustré par un petit visuel d’Amer Béton, le film, plus qu’inspiré de l’œuvre éponyme de Taiyo Matsumoto (intégrale en un volume chez Tonkam à 30 €, c’est cher et ces andouilles ont fait des fautes d’orthographe dans leur traduction mais tant pis). Et c’était bien. Même avec quelques échos positifs concernant l’adaptation à l’écran, je restais plus ou moins inquiet. Sur la rythmique et le passage du N&B à la couleur notamment. Pas grand’chose à redire à ce niveau; si l’on perd un tantinet l’aspect changeant du travail original (ce n’est pas forcément flagrant, mais on assiste souvent d’une case à l’autre à des perspectives qui se modifient, des bâtiments en proie au vent, etc.), l’ensemble trouve ses marques autre part, dans son foisonnement de couleurs et ses explosions formées par les aléas de l’action. Pour la peine, je vous renvoie à cette légère chronique laissée peu après la sortie de l’ntégrale (bon je m’aperçois que j’avais même placé du Pynchon au milieu, c’est pas normal même si ça prouve une certaine cohérence, et ça me renvoie à toute la thématique de la lumière à dans AtD).
i) J’ai commencé à relire Against the Day avec mon paperback. Relire est un bien grand mot étant donné que je n’ai mangé que le tout premier chapitre, d’ailleurs l’un des plus court de l’affaire. A ceux qui ne l’auraient pas fait, je conseille de revenir dessus, c’est assez effrayant de voir tout ce qui est déjà dedans. Oui, on sait. Mais là, quand même, c’est incroyable. Des petites phrases lancées à l’ahasard au dialogue final, on est déjà dedans lors même que seulement six personnages sont présentés (je suppute que sur l’ensemble, on en compte dans les trois ou quatre centaines).
!) Toward Grace ne s’appelle même plus vraiment Toward Grace. OH SHI-
les trucs en rapport :
Abish,
Against the day,
Amer Béton,
Claro,
Matsumoto,
Pynchon,
scrubs
28.11.07
Alcoolique Anonyme.
Alphabetical Africa, de Walter Abish, est un court roman de 52 chapitres. Vous en parler ? Pourquoi pas, mais je n'en suis qu'au 4ème. L'oulipesque ou perspicace observateur aura remarqué que 52 est égal à deux fois 26, le nombre de lettres de notre alphabet. Hop. Le premier contient uniquement des mots qui s'amorcent par un a. Le deuxième uniquement par a ou b. Ainsi de suite jusqu'au milieu, où, non content de placer quelques mots en z, le rebours débute.
Je n'ai aucune idée du nom de cette contrainte, s'il existe même, mais ça pourrait donner, si l'on tente de copier le concept pour le premier chapitre, quelque chose comme ce qui suit.
A Albuquerque, Alphonse, agité, a appris à avancer à axe authentique (art antique, abscons; arbitraire, abrupt—aveugle). Atmosphère accablante autour : Alphonse abandonne Albuquerque, appareille. Après analyse, Al alla à Avignon; aspirant à apaisement, à activités aisées. Avignon assura accalmie, armistice à affairement affolé. Août (à Avignon) : Al aperçut, amusé, Albert, ami américain. Alternatives : approche/abandon. Al Approcha (audace !), accosta; alla à allure agile avec Al (autre Al : Albert). Alla à atelier avec attirail, affaires (azurées, abricot, anis, acajou). Attirail, autre Al aussi. Arrivés, Al, Al (autre Al) accèdent à atelier, apposent approbation à—Arrêt! Assez. Argousins (alguazils) arrêtent Al. Al (autre Al) aussi, avec. Attroupement autour. Abois, acclamation alentour. Agglomération abrutie, approximativement assemblée autiste. Accrochage agressif, aigu. Al (autre Al), acerbe (ardent aussi), âprement annonce avec aisance: —Ah, animaux, ahuris, australopithèques ! Assidûment affûtés à arrêter âmes altruistes, authentiques. Autorisation ? Argument ? Arh, aucun, admirable artifice, authenticité avilie ! Admissible ? Antidémocrates ! Asservisseurs !
Assistant à autonomie absente, à aversion d’Al (autre Al, Albert) Al (Al antérieur, Alphonse) affecté, abasourdi, a angoisse, anxiété. Al (antérieur) affole, appréhende. Albert a, anormalement, anéanti alguazils, ainsi assemblée abandonne action, action absente, action acceptable a avoir ailleurs. —Allons ailleurs, allons autre, aboient autistes à amas. Avancent allegro : Albert, Alphonse abasourdis. Alphonse autrement, assommé. Albert apaisé après accusations allongées : apostrophe a agi. Autant attribuer appareillage aux augures Aliennes.
Avant ! Atelier artistique à Albert, aussi actuellement à Amanda (antilope australe) Ahmed (arrogant arabe), Arial (archer anorexique), Arnold (adipeux apache aristotélicien), Alban (arbalétrier argentin), Adrien (aryen alcyonien), Agamemnon (argien, Atride, aussi archer), autres amis activistes (ah ah) avec. Anarchie académique, alcool aqueux aux angles, artifices, artificiers, animations, ardeur amorphe, associés abattus assoupis alourdis alités. Aventure après aventure, Akt (appellation atelier, absurde avatar) accorde agonie. Aberrant. Al a arbitré: apathie à abolir. Al atterré, Alphonse assouvi. Aspirant à allumage (amorce à amont), Akt acte. Ardu. Agit. Ardu aussi. Ainsi aigre, amer, à allègre avenir, accélère, active, acharne. Al abandonne Akt, analysant ampleur anodine, adopte avenir attrayant, admirable!; ambitionne amont, apogée, altitude, apex (aphélie?). Aventurera assimilations, apostasies. Ataraxie. Alphonse (Albert ?) accompagnera accomplissement. Albert apprécie. A âge avancé, arqué, appréciera autant. Apprenant à abraser, Al a alacrité adorable. Abraser ? Ah… abus argoté, accumulation ajoutée…
Abrégeons ! Al abandonne Avignon, autre Al aussi, arrivent à Alger, apparaissent à Abidjan, aboutit à Addis-Abeba. Ah, Afrique. Alexandrie… Alexandra, ah (airs, arias, aubades, assèchements, agonies ablutives, anéantissement aquatique—Alexandra-ah !). Ancré à Addis, Al accoste Antoinette, augurée amie (accessoirement amante), adorable, abordable, agréable à aviser. Approche avec apparat, articule avec accent, accort avec accord. Achèvement adéquat : Antoinette accepte absorption aqueuse avec Al (Al autre a arrêté à Abuja, abattu, affaibli, abjectement accablé, aboulique). Avancée à Anubis, assommoir à abondance apparente : Al avoue animation, attachement, appel. Al avale, Antoinette abreuve, aussitôt agilement avinés. Après autres arrosages, Antoinette aspire à avaler autre affaire; Al, avisé, alléché, attend anxieusement. Auteur approuve, apprécie. Auteur attache Antoinette (abject!)… Appartement, alcôve : Al arrache agrafes, annule adhésif, admire avantages avidement. Al attaque, avale, absorbe, Antoinette ahane, abonde. Agapes anatomiques, abandon alangui. Auteur amené à adoucir, à altérer, assonances acrobatiques.
Avance abusivement active, à avril après.
Après ? Al adultérin ? Attaché ? Antoinette amoureuse ? Approximative ? Ah… arcanes astucieuses, absconses aussi, anxiété. Affirmativement, Auteur achève agréablement : attribuons à Al affection, adoration, admiration, ainsi Antoinette amusée. Attribuons aussi à Antoinette amitié, angélisme, ainsi Al assouvi. Appellation avec A auroral (aube, amorce) affirmant aventure (adroitement anonyme) ? Absente, aucune… angoissant.
Je n'ai aucune idée du nom de cette contrainte, s'il existe même, mais ça pourrait donner, si l'on tente de copier le concept pour le premier chapitre, quelque chose comme ce qui suit.
A Albuquerque, Alphonse, agité, a appris à avancer à axe authentique (art antique, abscons; arbitraire, abrupt—aveugle). Atmosphère accablante autour : Alphonse abandonne Albuquerque, appareille. Après analyse, Al alla à Avignon; aspirant à apaisement, à activités aisées. Avignon assura accalmie, armistice à affairement affolé. Août (à Avignon) : Al aperçut, amusé, Albert, ami américain. Alternatives : approche/abandon. Al Approcha (audace !), accosta; alla à allure agile avec Al (autre Al : Albert). Alla à atelier avec attirail, affaires (azurées, abricot, anis, acajou). Attirail, autre Al aussi. Arrivés, Al, Al (autre Al) accèdent à atelier, apposent approbation à—Arrêt! Assez. Argousins (alguazils) arrêtent Al. Al (autre Al) aussi, avec. Attroupement autour. Abois, acclamation alentour. Agglomération abrutie, approximativement assemblée autiste. Accrochage agressif, aigu. Al (autre Al), acerbe (ardent aussi), âprement annonce avec aisance: —Ah, animaux, ahuris, australopithèques ! Assidûment affûtés à arrêter âmes altruistes, authentiques. Autorisation ? Argument ? Arh, aucun, admirable artifice, authenticité avilie ! Admissible ? Antidémocrates ! Asservisseurs !
Assistant à autonomie absente, à aversion d’Al (autre Al, Albert) Al (Al antérieur, Alphonse) affecté, abasourdi, a angoisse, anxiété. Al (antérieur) affole, appréhende. Albert a, anormalement, anéanti alguazils, ainsi assemblée abandonne action, action absente, action acceptable a avoir ailleurs. —Allons ailleurs, allons autre, aboient autistes à amas. Avancent allegro : Albert, Alphonse abasourdis. Alphonse autrement, assommé. Albert apaisé après accusations allongées : apostrophe a agi. Autant attribuer appareillage aux augures Aliennes.
Avant ! Atelier artistique à Albert, aussi actuellement à Amanda (antilope australe) Ahmed (arrogant arabe), Arial (archer anorexique), Arnold (adipeux apache aristotélicien), Alban (arbalétrier argentin), Adrien (aryen alcyonien), Agamemnon (argien, Atride, aussi archer), autres amis activistes (ah ah) avec. Anarchie académique, alcool aqueux aux angles, artifices, artificiers, animations, ardeur amorphe, associés abattus assoupis alourdis alités. Aventure après aventure, Akt (appellation atelier, absurde avatar) accorde agonie. Aberrant. Al a arbitré: apathie à abolir. Al atterré, Alphonse assouvi. Aspirant à allumage (amorce à amont), Akt acte. Ardu. Agit. Ardu aussi. Ainsi aigre, amer, à allègre avenir, accélère, active, acharne. Al abandonne Akt, analysant ampleur anodine, adopte avenir attrayant, admirable!; ambitionne amont, apogée, altitude, apex (aphélie?). Aventurera assimilations, apostasies. Ataraxie. Alphonse (Albert ?) accompagnera accomplissement. Albert apprécie. A âge avancé, arqué, appréciera autant. Apprenant à abraser, Al a alacrité adorable. Abraser ? Ah… abus argoté, accumulation ajoutée…
Abrégeons ! Al abandonne Avignon, autre Al aussi, arrivent à Alger, apparaissent à Abidjan, aboutit à Addis-Abeba. Ah, Afrique. Alexandrie… Alexandra, ah (airs, arias, aubades, assèchements, agonies ablutives, anéantissement aquatique—Alexandra-ah !). Ancré à Addis, Al accoste Antoinette, augurée amie (accessoirement amante), adorable, abordable, agréable à aviser. Approche avec apparat, articule avec accent, accort avec accord. Achèvement adéquat : Antoinette accepte absorption aqueuse avec Al (Al autre a arrêté à Abuja, abattu, affaibli, abjectement accablé, aboulique). Avancée à Anubis, assommoir à abondance apparente : Al avoue animation, attachement, appel. Al avale, Antoinette abreuve, aussitôt agilement avinés. Après autres arrosages, Antoinette aspire à avaler autre affaire; Al, avisé, alléché, attend anxieusement. Auteur approuve, apprécie. Auteur attache Antoinette (abject!)… Appartement, alcôve : Al arrache agrafes, annule adhésif, admire avantages avidement. Al attaque, avale, absorbe, Antoinette ahane, abonde. Agapes anatomiques, abandon alangui. Auteur amené à adoucir, à altérer, assonances acrobatiques.
Avance abusivement active, à avril après.
Après ? Al adultérin ? Attaché ? Antoinette amoureuse ? Approximative ? Ah… arcanes astucieuses, absconses aussi, anxiété. Affirmativement, Auteur achève agréablement : attribuons à Al affection, adoration, admiration, ainsi Antoinette amusée. Attribuons aussi à Antoinette amitié, angélisme, ainsi Al assouvi. Appellation avec A auroral (aube, amorce) affirmant aventure (adroitement anonyme) ? Absente, aucune… angoissant.
les trucs en rapport :
Abish,
contrainte rigolote
21.11.07
radio/video/internet/vie killed the internet/vie/radio/video star
Samedi (ou dimanche) j’ai vu sur Paris Première Joy Sorman, son drôle de nom et sa drôle [de] coupe de cheveux. Elle était avec Pierre Lescure et une bande de joyeux drilles. Un moment arrive où ça parle de La vie secrète des jeunes, le recueil récemment sorti de quelques dizaines d’histoires en une page qu’on trouve dans Charlie Hebdo (il paraît), sous la plume et les autres outils noircisseurs de papier de Riad Sattouf. Environ 150 histoires d’observations (toutes garanties vraies, lui se plaçant re-créateur d’un moment vu) de la vie pas secrète des jeunes et moins jeunes, en saisissant—disons qu’il est très bon pour capturer quelques travers ici de quelques couches de la société, probablement de toutes. Ça tombe bien, je me fais—je l’ai lu il y a peu, on va voir ce qu’ils vont en dire. Et là, après que mademoiselle Sorman a évoqué les quelques choses positives qu’elle avait à dire dessus, elle a lancé quelque chose qui commençait bien (même si je n’étais pas d’accord) et s’est fini d’une drôle de façon, rejoignant ainsi son nom et sa coupe de cheveux (et ses dents d’ailleurs, mais on n’attaque pas sur le physique, c’est méchant et puis d’ailleurs, je n’attaque pas! ça devrait aller), qui en gros était : on sent que Riad Sattouf aime ces jeunes (là je ne suis pas d’accord, du moins pas totalement) et que regardez oh-la-la ces jeunes ont la tchatche, ils sont magnifiques. Là, j’ai une réaction très forte : je dis « ah ! » puis repense à ce qu’il y avait dans les pages de Riad Sattouf qui pouvait correspondre à des exemples de jeunes qui ont du bagout mais ne disent pas bagout vu que c’est un vieux mot (il reviendra probablement) : le résultat est proche du néant, la plupart des jeunes en question (id est ce qui rentre sous la catégorie "racaille et jeune de banlieue" plus quelques autres). Des jeunes, oui. De la tchatche, oui. Du magnifique, non, même en baissant l'intensité du terme. Si elle voit là exemples de jeunes au bavardage magnifique, au babil foudroyant, à l’éloquence folle et tout ce que l’on veut, je n’ai aucune envie (je n’étais déjà pas très chaud, il faut bien l’avouer) de lire la prose (sûrement haute en couleurs et emplie d’une verve du bitume) de mademoiselle et de son air hypnotisé.
Heureusement qu’Eric Naulleau (puis Martin Monestier je crois) lui a dit qu’elle racontait de la merde. Bizarrement, je n’ai aucun souvenir de ce que Riad Sattouf est venu dire à propos de son propre travail. Que ses jeunes, ces jeunes, tordent le langage (je viens de l’écrire avec un u, sale habitude) avec une inventivité (plutôt que les guillemets, imaginez un sigle de copyright autour du mot), je le sais, ça me fait assez mal à l’oreille et à l’autre (puis quelques autres membres/sens aussi parfois) comme ça pour pouvoir en rire jaune quand il s’en sert. Qu’il les aime, en quelque sorte, je veux bien. Qu’ils soient magnifiques, je m’en vais.
Heureusement que c’est bien.
Heureusement qu’Eric Naulleau (puis Martin Monestier je crois) lui a dit qu’elle racontait de la merde. Bizarrement, je n’ai aucun souvenir de ce que Riad Sattouf est venu dire à propos de son propre travail. Que ses jeunes, ces jeunes, tordent le langage (je viens de l’écrire avec un u, sale habitude) avec une inventivité (plutôt que les guillemets, imaginez un sigle de copyright autour du mot), je le sais, ça me fait assez mal à l’oreille et à l’autre (puis quelques autres membres/sens aussi parfois) comme ça pour pouvoir en rire jaune quand il s’en sert. Qu’il les aime, en quelque sorte, je veux bien. Qu’ils soient magnifiques, je m’en vais.
Heureusement que c’est bien.
les trucs en rapport :
jeunes en rut,
Riad Sattouf,
télévision
20.11.07
19.11.07
eh bien en fait
Q. — Comment ?
— Ne sais pas vraiment.
Q. — C’était quoi ?
— Le Dictionnaire philosophique et Candide.
Q.— Première fois ?
— Déjà Candide, pour le bac de français.
Q.—
— Non, Le pont Mirabeau.
Q. —
— Je ne sais pas; comme tout à ce moment-là, je crois bien ne l’avoir lu que parce qu’il le fallait. Apprécié, oui, au moins un minimum. Compris, probablement. Mais. Comme si on, je dis on, je n’étais pas le seul, était incapable de substituer ce qu’on en ressortait à ce qu’en disait le professeur, à l’écouter et à ne rien suivre, à noter sans intérêt, persuadé que, à débiter ça quand il le fallait, c’était plus un exercice de mémoire qu’autre chose. Retenir assonance sans voir ce que ça donnait, etc.
Q. —
— Oui, je sais.
Q. —
— Oui.
Q. —
— Pangloss, Candide, Cacambo, Eldorado,Vanderdendur, il faut cultiver notre jardin, même cosmolonigologie; oui, quand même. Des réminiscences de passages par le monde, n’importe où sur le globe. Sauf en France, je ne m’en suis souvenu qu’après quelques pages.
Q.—
— Non.
Q. —
— Juste s’apercevoir que ce n’était peut-être pas aussi simple que ça. Ou aussi simple, mais d’une autre façon; que Candide est probablement aussi idiot tout au long, que peut-être il n’a jamais été aussi idiot ou candide qu’on nous le disait, qu’on avait pas vu de toutes les manières possibles la phrase finale; qu’on avait raté tout le comique instillé à chaque page pour se concentrer sur la progression; que d’une même manière on avait évacué le tragique, mal évalué la portée; au final qu’on avait lu sans lire, bougé les yeux.
Q.—
— Surtout cette phrase : l’oubli qu’il y avait une cyclicité au long des pages, le fait de ne pas s’être aperçu qu’un mot comme « notre » avait bien plus d’importance que le mot « jardin », même avec ses relents bibliques. Voir des nouvelles choses, et principalement y penser, voir l’avancement vers tout ça, les rapports, la toile et le mouvement plutôt que le point final.
Q. —
— Le fait qu’il semble très aisé de mal le lire.
Q.—
— Fourre-tout ?
Q.—
— Effectivement.
Q. —
— ?
Q. —
— Eh bien, le rapport au bien et au mal et—
Q. —
— Le fait de voir que Pangloss sous certains aspects n’a pas tort sous sa posture, qu’il n’y a pas forcément de rejet total de l’optimisme. Tout ça n’a pas la teneur—comm—voilà, disons qu’à première vue Pangloss est l’optimisme obtus, ici à rejeter, tout ce qu’il dit étant sujet à ricanages, immédiatement discrédité à chaque ouverture de bouche; au final, dans son babil radieux, on trouve quelques vérités, et ceci qu’on avait l’air d’oublier : lui, ainsi que Candide, dès le début, cultivaient déjà leur jardin. Il semble que la candeur soit justement d’envoyer d’un revers de bras ses théories, si douteuses semblent-elles, plus que les théories elles-mêmes, c’est là qu’on a dû se faire avoir. L’un dans l’autre, il avait raison, ses descendants ont raison, comme ils ont tort. Si ça peut leur faire plaisir, ils ont raison de continuer sur cette voie. D’une certaine manière leur vue du monde est proche de la religion aveugle (aussi une sorte de « déisme positif » comme dit l’auteur de la préface) , alors que Voltaire l’oppose au péché originel.
Q. —
— Sceptique. Ils perdront. Ils perdent.
Q. —
— Oui.
Q. —
— Je ne suis pas convaincu que Candide ait découvert quoi que ce soit : il est dit que le travail chasse l’ennui, le vice et le besoin. Oui, le problème vient de la nature du travail : il suffit d’une construction ent—c’est une histoire de groupe et d’individus plus qu’autre chose, non ? J’ai l’impression qu’il y a méprise sur cette nature du travail, le jardin a l’air de supposer une activité manuelle ou je ne sais quoi, non plutôt même c’est parler de travail qui est malvenu, il s’agit de culture, ce mot qui fait se rejoindre l’action et la pensée, à partir de là je crois qu’il suffit de préciser l’action, la création pour que tout aille bien. Enfin, « bien aller », on se comprend… Non ?
Q. —
— Okay, c’est toi qui poses les questions.
Q. —
— Je ne les ai plus.
Q. —
— Bof. Pas envie.
Q. —
— Oui.
— Ne sais pas vraiment.
Q. — C’était quoi ?
— Le Dictionnaire philosophique et Candide.
Q.— Première fois ?
— Déjà Candide, pour le bac de français.
Q.—
— Non, Le pont Mirabeau.
Q. —
— Je ne sais pas; comme tout à ce moment-là, je crois bien ne l’avoir lu que parce qu’il le fallait. Apprécié, oui, au moins un minimum. Compris, probablement. Mais. Comme si on, je dis on, je n’étais pas le seul, était incapable de substituer ce qu’on en ressortait à ce qu’en disait le professeur, à l’écouter et à ne rien suivre, à noter sans intérêt, persuadé que, à débiter ça quand il le fallait, c’était plus un exercice de mémoire qu’autre chose. Retenir assonance sans voir ce que ça donnait, etc.
Q. —
— Oui, je sais.
Q. —
— Oui.
Q. —
— Pangloss, Candide, Cacambo, Eldorado,Vanderdendur, il faut cultiver notre jardin, même cosmolonigologie; oui, quand même. Des réminiscences de passages par le monde, n’importe où sur le globe. Sauf en France, je ne m’en suis souvenu qu’après quelques pages.
Q.—
— Non.
Q. —
— Juste s’apercevoir que ce n’était peut-être pas aussi simple que ça. Ou aussi simple, mais d’une autre façon; que Candide est probablement aussi idiot tout au long, que peut-être il n’a jamais été aussi idiot ou candide qu’on nous le disait, qu’on avait pas vu de toutes les manières possibles la phrase finale; qu’on avait raté tout le comique instillé à chaque page pour se concentrer sur la progression; que d’une même manière on avait évacué le tragique, mal évalué la portée; au final qu’on avait lu sans lire, bougé les yeux.
Q.—
— Surtout cette phrase : l’oubli qu’il y avait une cyclicité au long des pages, le fait de ne pas s’être aperçu qu’un mot comme « notre » avait bien plus d’importance que le mot « jardin », même avec ses relents bibliques. Voir des nouvelles choses, et principalement y penser, voir l’avancement vers tout ça, les rapports, la toile et le mouvement plutôt que le point final.
Q. —
— Le fait qu’il semble très aisé de mal le lire.
Q.—
— Fourre-tout ?
Q.—
— Effectivement.
Q. —
— ?
Q. —
— Eh bien, le rapport au bien et au mal et—
Q. —
— Le fait de voir que Pangloss sous certains aspects n’a pas tort sous sa posture, qu’il n’y a pas forcément de rejet total de l’optimisme. Tout ça n’a pas la teneur—comm—voilà, disons qu’à première vue Pangloss est l’optimisme obtus, ici à rejeter, tout ce qu’il dit étant sujet à ricanages, immédiatement discrédité à chaque ouverture de bouche; au final, dans son babil radieux, on trouve quelques vérités, et ceci qu’on avait l’air d’oublier : lui, ainsi que Candide, dès le début, cultivaient déjà leur jardin. Il semble que la candeur soit justement d’envoyer d’un revers de bras ses théories, si douteuses semblent-elles, plus que les théories elles-mêmes, c’est là qu’on a dû se faire avoir. L’un dans l’autre, il avait raison, ses descendants ont raison, comme ils ont tort. Si ça peut leur faire plaisir, ils ont raison de continuer sur cette voie. D’une certaine manière leur vue du monde est proche de la religion aveugle (aussi une sorte de « déisme positif » comme dit l’auteur de la préface) , alors que Voltaire l’oppose au péché originel.
Q. —
— Sceptique. Ils perdront. Ils perdent.
Q. —
— Oui.
Q. —
— Je ne suis pas convaincu que Candide ait découvert quoi que ce soit : il est dit que le travail chasse l’ennui, le vice et le besoin. Oui, le problème vient de la nature du travail : il suffit d’une construction ent—c’est une histoire de groupe et d’individus plus qu’autre chose, non ? J’ai l’impression qu’il y a méprise sur cette nature du travail, le jardin a l’air de supposer une activité manuelle ou je ne sais quoi, non plutôt même c’est parler de travail qui est malvenu, il s’agit de culture, ce mot qui fait se rejoindre l’action et la pensée, à partir de là je crois qu’il suffit de préciser l’action, la création pour que tout aille bien. Enfin, « bien aller », on se comprend… Non ?
Q. —
— Okay, c’est toi qui poses les questions.
Q. —
— Je ne les ai plus.
Q. —
— Bof. Pas envie.
Q. —
— Oui.
les trucs en rapport :
Candide,
François Marie Arouet,
hihi
16.11.07
interlube 2
scrubs 5x09 (My Half-acre/[Mes] Deux cent mètres carrés) ;
ça vient de passer de Mobb Deep à Mozart c'est étrange ;
14.11.07
interlube
tand—ouais, tandis—tandis je m’approche à grands pas de plus en plus vite (pas simplement vitesse ; accélération) de la fin du Lost Scrapbook d’Evan Dara, je me demande encore quand et où exactement s’y trouvent les points de rupture et s’ils sont effectivement dans le texte; Dara prend sa situation, zoome puis s’éloigne : la situation a disparu, est changée plutôt, on ne sait pas vraiment quand, n’a pas su non plus s’il s’est approché des points (ou des lignes) en question, comme un magicien qui attire le regard, attise le regard sur un point précis pendant qu’il se tripote la quéquette à l’abri des yeux et fait son tour là où on ne regardait pas, même si on était effectivement fixé dessus, zoome encore, se retire on ne sait plus vraiment si la situation en action est déjà intervenue ou non… tout est continu et tout est en rupture, le lien est visible au milieu des fragments qui se décollent, tandis donc que je vais encore au milieu de ces faux anonymes et de leurs idées sur la simultanéité et la variation, je m’imagine—non, il n'y a pas à vrai dire de zoom, juste des vues transversales ;
il fait froid j’écris des bêtises sur un astronaute revenu du Saw de Katz un peu en retard, il fait froid je n’ai pas envie de m’arrêter pour prendre une ou des photos ;
et c’est comme si—non, finalement aucun rapport—deux choses, deux belles choses, belles pour différentes raisons, se liaient par hasard, comme si on trouvait Rachel Bilson avec du Dostoïevski entre les mains : on a envie de faire des choses, de toucher le fond et de s’apercevoir qu’on titille le summum ;
Henry Miller toujours sorte de liaison entre Kerouac et Bukoswki, lisant assez distraitement il faut dire son Plexus, quelques mois après son Sexus, quelques avant il se peut son Nexus, je tombe—et m'amuse—sur des choses comme « Certainement, dis-je, docteur Karl Marx, de l’Institut polytechnique. Vous pourrez m’appeler demain matin si quelque chose n’est pas en règle. M. Cromwell est un ami à moi, un agent du F.B.I. Il a un peu trop bu. Vous vous occuperez de lui j’espère. », je ris et me demande encore pourquoi je n’ai jamais aimé son Printemps Noir, sa prolixité finit par m’emmerder mais j’en redemande ;
j’ai envie de faire un tour de Kingda Ka, de voir ce que ça peut donner ;
le mouvement s'est figé et je ralentis ;
il fait froid j’écris des bêtises sur un astronaute revenu du Saw de Katz un peu en retard, il fait froid je n’ai pas envie de m’arrêter pour prendre une ou des photos ;
et c’est comme si—non, finalement aucun rapport—deux choses, deux belles choses, belles pour différentes raisons, se liaient par hasard, comme si on trouvait Rachel Bilson avec du Dostoïevski entre les mains : on a envie de faire des choses, de toucher le fond et de s’apercevoir qu’on titille le summum ;
Henry Miller toujours sorte de liaison entre Kerouac et Bukoswki, lisant assez distraitement il faut dire son Plexus, quelques mois après son Sexus, quelques avant il se peut son Nexus, je tombe—et m'amuse—sur des choses comme « Certainement, dis-je, docteur Karl Marx, de l’Institut polytechnique. Vous pourrez m’appeler demain matin si quelque chose n’est pas en règle. M. Cromwell est un ami à moi, un agent du F.B.I. Il a un peu trop bu. Vous vous occuperez de lui j’espère. », je ris et me demande encore pourquoi je n’ai jamais aimé son Printemps Noir, sa prolixité finit par m’emmerder mais j’en redemande ;
j’ai envie de faire un tour de Kingda Ka, de voir ce que ça peut donner ;
le mouvement s'est figé et je ralentis ;
9.11.07
let them eat dust
(je m'amuse)
« A heavenwide blast of light. » [1]
Well, boom.
C'est ainsi que commence—page 779—un des chapitres d'Against the Day [2]. Si la notion a un quelconque intérêt avec ce genre de roman, un des chapitres les plus importants : le chapitre qui était en face de Tunguska, au moment où s'est déroulé l'explosion gigantesque qui aura marqué jusqu'aux X-Files. Suit une déviation du lieu, une notation précise de l'heure et du jour ("As of 7 : 17 A.M. local time on 30 June 1908", soit l'heure supposée de l'explosion (ou plutôt une des heures supposées : vous pouvez également mettre le nez dans une Bible qui traîne vers vos pieds pour voir ce que les combinaisons en 7 : 17 donnent, par exemple dans la Genèse ou dans l'Apocalypse...)) de la situation d'Igor Padzhitnoff (commandant du Bol'shaia Igra (soit The Great Game) et pendant russe de Randolph St Cosmo [3]) qui reviendra immanquablement à l'heavenwide blast of light, cette explosion si dense que seule une notion divine (heaven) peut approcher [4].
Assez vite, le vocabulaire religieux revient dans le texte; on nous apprend que quelques gens à Razvedka, déjà minés par quelques événements précédents, estiment que Dieu a abandonné la Russie [5] ; la populace locale est persuadée qu’Agdy, le Dieu du Tonnerre, est responsable ; on trouve un peu plus loin l’expression « looking down like icons of saints painted of the inside of a church dome. » et la forme des dégâts causés par l’explosion ressemble [6], selon Pavel Sergeievitch—l’intelligence officer du Bol’shaia Igra—, à un ange; plus tard les percussions [7]. Un peu plus loin, au milieu de quelques unes des conséquences paranormales si l’on peut dire (des moustiques qui perdent le goût du sang pour acquérir celui de la vodka, des horloges fonctionnant à l’envers, les rennes (du Père Noël, ça n’est pas explicitement dit mais il y a une jolie référence à Rudolph, le renne au nez rouge) retrouvent leur capacité à voler, etc.—réintroduction de la magie) de l’événement, on tombera sur des loups qui entrent dans des églises et y lisent des passages des Ecritures [8]. Immédiatement après (p. 785, paragraphes 2 et 3) vient ou plutôt apparaît une figure angélique, androgyne, répandant le calme sur son passage. Personne ne sait ce qu’elle est, hormis une bénédiction. Un peu plus tard, étant donné que j’ai décidé de suivre une quasi-exhaustivité linéaire, Kit parle à un renne, chose à peu près normale si ce n’est que d’aucuns estiment cette bestiole réincarnation d’un maître Buriat (ou Buryat, un « groupe ethnique » d’ascendance mongole). Comme tout au long du chapitre, on navigue entre un aspect chrétien et une vue plus organique des choses, ici sous la forme du chamanisme.
Mais déjà, déjà ? dès le début l’on songe à l’autre extrême de possibilité, tout aussi étrange [9] : cette explosion est l’œuvre d’hommes et, selon le Général Sukhomlinoff, ce sont des chinois [10], voire des allemands, qui ont fait ça. Pynchon écarte la fesse divine et la fesse paranoïde pour enfoncer la verge pas forcément très fine de la science au milieu (évidemment, il y a mouvement de va-et-vient, sinon ça craindrait un peu) (la science étant une sorte de mélange ici de religion et de paranoïa, comme chacun des deux autres trucs est le mélange des deux opposés) : sur le Bol’shaia Igra, on se demande quand même ce qui s’est vraiment passé. Le météore semble une solution sensée, mais il n’y a pas de cratère. Padzhitnoff, de son côté, estime que peut-être lui et son équipage ont procédé à des essais secrets d’une quelconque arme [11] , et auraient eu une amnésie collective, histoire de préserver leur santé mentale (« mental apparati ») [12]. Mais avant et après cette légère déviation arrivent les explications (sur la cause de la chose comme sur l’absence de cratère) qui s’inscrivent dans la logique du roman, qui concernent le Temps et une déviation quelconque de son flux ; une puissance si phénoménale que le cratère supposé s’est décalé selon l’axe temporel (donc spatial) ; l’intersection d’une surface à 4 ou 5 ou 92 dimensions qui aurait intercepté la notre, créant l’explosion et décalant le cratère. Puis le mélange qui voudrait que ce soit la résultante de voyages dans le temps (qui en réalité est la même que la précédente) [13]. On apprendra aussi que Prance se fait tirer dessus, assez régulièrement même, pris qu’il est pour un japonais, un espion japonais (alors qu’il est anglais) (et que selon toute vraisemblance l’explosion ne vient pas du Japon). Il est dés-orienté… c’est justement là qu’intervient le renne blanc Ssanga, qui mène les deux bougres à la frontière mongole. Leur mission existe-t-elle encore après ce qui s’est déroulé ? Question. Séparation. Prance rencontre les Chums of Chance, dans une drôle de scène [14], tandis que Kit se retrouve face à une bande d’alcooliques, des brodyagi, travailleurs exilés qui ont choisi d’être nomades, « each for his own reason but all for the same reason. » (tellement vrai…) (p. 788) et leur chef, Topor, qui sait tout faire avec une hache. Ils vont à l’Ouest, s’ils ne s’effondrent pas en chemin [15].
Bref, tout ce bordel illustre le traitement que fait Thomas Pynchon d’une perte de la magie, inhérente à chacun et encore représentée par les Chums of Chance, encore parfois, magie qui se perd et s’est trouvée réanimée par l’explosion, avec à chacun le soin de trouver un moyen de la conserver. (Perte souvent, parfois accompagnée d’une retrouvaille douteuse.)
« “But look at the sky.” It was certainly odd. The stars had not apperead, the sky was queerly luminescent, with the occluded light of a stormy day.
It went on for a month. Those who had taken it for a cosmic sign cringed beneath the sky each nightfall, imagining ever more extravagant disasters. Others, for whom orange did not seem an appropriately apocalyptic shade, set outdoors on public benches, reading calmly, growing used to the curious pallor. As nights went on and nothing happened and the phenomenon slowly faded to the accustomed deeper violets again, most had difficulty remembering the earlier rise of heart, the sense of overture and possibility, and went back once again to seeking only orgasm, hallucination, stupor, sleep, to fetch them through the night and prepare them against the day. »
Magique. L’ensemble de la situation, apparition du jour dans la nuit, d’un sous-jour constant, habitude entêtée qui se crée à vitesse fabuleuse, lien liasse liesse de tout une populade qui s’en ira retrouver ce qu’elle fait la nuit, à remplir ses moments perdus jusqu’au jour, jetant à moitié sa torpeur sur la plage de lever de soleil. Comme si aussi, finalement, cette explosion était un agrégat des quelques réminiscences fantasques de chacun, qu’elle avait fonctionné comme une piqûre de rappel qui n’a pas fonctionné, ou si peu. Devoir estimer que ce « si peu » est suffisant a quelque chose de déprimant. Le sursaut n’a pas suffi, c’est en gros la portée principale du chapitre, il en faudra d’autres, plus forts, qui ne serviront à rien tant qu’on ne pourra se rendre compte que l’important ne sont pas tant les conséquences agréables que la cause en elle-même, à canaliser tant bien que mal, dans un hurlement, une explosion, s’y coupler, récupérer ce qu’on lui a donné, devenir le blast of light, oh peut-être pas heavenwide, mais avoir au moins la largeur et la profondeur de se mutiler pour le futur, jusqu’au jour ou la source sera proche. Ce re—non, pas de retour, plutôt une sorte d’envie nostalgique d’il y a jadis, jadis une forme qui s’est perdue et que l’on s’accorde tous à dire que seuls les enfants, pas tous encore, seuls les enfants sont capables de toucher, une forme qui rendrait la religion (ici mot fourre-tout) tangible et en ferait quelque chose de beau, de majestueux et de global. Je ne me risque pas à une lecture selon cet aspect, mais on voit que l’aspect généreux en quelque sorte qui se dépêtre des conséquences de Tunguska s’aligne avec une vision du christianisme assez blasée et des aspects shamaniques et animistes beaucoup plus… plaisants (rappelons aussi que deux pages avant le chapitre, à la page 777 (ben tiens), Prance dit que à Kit que « Your whole history has been one long religious war, secret crusades, disguised under false names. » au milieu d’un dialogue sur l’aspect destructeur du christianisme (et par extension d’autres formes analogues) face à d’autres aspects, le shamanisme en tête). Evidemment, tout cela est plus compliqué. Peut aussi s’appliquer à ce contexte particulier comme elle s’applique à tout cette phrase de la page 788 : « There was apparently a two-part structure to the narrative, part one being pleasant, visually entertaining, spiritually enlightening, and part two filled with unspeakable horror. », plus compliqué, oui; on trouve dans Against the Day peut-être plus que dans les autres romans de Pynchon une sorte de regret face au christianisme, à ce qu’il est devenu autant peut-être que sur ce qu’il aurait pu devenir, comme si la religion possédait sa part inhérente d’indescriptible horreur, expression terrible, d’autant plus terrible qu’elle semble ici tombée de rien, donnée à la va-vite, à peine deux mots (même si elle est remplie, pleine, même si elle est passive) qui donnent toute l’hideur de la chose. Regret si l’on peut dire, ici couplé à l’ensemble religieux, après tout le roman fait la part belle au bouddhisme [16], oublié dans des cités détruites. Et d’autres endroits perdus, contaminés par le Temps, tibétains ou non, qui resurgissent de-ci de-là à l’esprit de Fleetwood Vibe, que rencontre Kit, reformant au moins rapidement un des improbables duos du roman; Fleetwood cherchant désormais autre chose, des « cities, out there, secret cities, counterpart to the Buddhist hidden land, more indelibly contamined by Time, deep in the taiga, only guessed at from indirect evidence » (p. 790), lui qui n’a plus le droit, ne s’accorde plus le droit de chercher Shambhala, cherche ces cités peut-être révélées par le 30 juin, comme si l’explosion avait agi en tant qu’aspirateur de sédiments physiques et psychiques, accumulés plus par l’aveuglement que par le vent, des cités millénaires toujours grouillantes de flux, fluxantes internationales non pas vraiment ça supposerait que l’idée de nation était en elles déjà; plutôt globales, petites et globales, folles en diable, sages de milles façons, ignobles aussi. D’une certaine manière c’est là la plus grande différence entre Gravity’s Rainbow (encore), toujours considéré comme le sommet du corpus Pynchon(ien) et Against the Day, espèce de K2 de la chose, à moins que ce ne soit un Mauna Kea, je ne sais; bref sommet gigantesque enneigé aussi, cachant sa montagne d’ignoblerie, ses monceaux de merde, bref un K2 après tout oui ce sont des cités tibétaines je reste dans la région tant géographique que logique; la plus grande différence donc, comme étant qu’il y a retour à une forme plus folle, avec une maîtrise plus visible, quand j’étais plus jeune et plus petit je crois avoir entendu dire Philippe Manœuvre dire de quelque chose que ça sentait trop le savon et pas assez la foufoune : GR avait cette sauvagerie un peu perdue dans Mason & Dixon, bijou de fouillerie folle fêtarde faite de fracs, fracas, frames mais peut-être trop cadré, peut-être cela était aussi visible dans Vineland, mais ici la contrepartie AtD paraît osciller entre une maîtrise absolue et la folie explosive et retentrice de Gravity’s Rainbow, se cassant au plus près de frontières si lointaines qu’on ne les perçoit plus vraiment, peut-être en le lisant sur l’Annapurna ou sur le Lhotse, quand le froid n’est que couleur et que vent, le vent lui-même plus que son, et le son inexistant, figé a attendre les quelques électrons qui feront péter tout ça, quand enfin on s’approche ou s’imagine approcher du créateur.
Histoire en marche se dédoublant immédiatement, se bilocalisant à la fois même qu’elle s’écrit, se camouflant sous son futur, dégonflant et gonflant à mesure que le voile de papier tombe dessus pour épouser ses formes, à s’imaginer elle-même en trifurquant à travers le temps, prenant des chemins oui après coup monsieur Tolstoï on dirait bien que c’est du caoutchouc qui absorbe les chocs, oui pourquoi pas, il se peut aussi que le choc appuie le réglisse du temps et le déforme réellement, les papillons soi-disant peuvent en battant des ailes générer un tsunami (voir page 782, pénultième paragraphe), que ce choc soit la voix d’un monde annonçant qu’il ne retournera pas, non, pas, pas à son état précédent, pour le meilleur, le pire et le reste, jusqu’à ce que la mort nous en sépare, la recouvrant d’enfant, de baise folle et de morsures, au milieu ici d’un réseau ferroviaire qui va de rien à rien (on pense à Kafka et à son pauvre hère esseulé dans Souvenir du chemin de fer de Kalda), au milieu de rien, trait unissant le néant et malgré tout quelque chose, milieu qui ressemble à d’autres plus récents comme Isidore Ducasse à Isadora Duncan (déjà fait) ou pour parler Pynchon comme Tchitcherine ressemble à la Cicciolina, jusqu’au jour ou le virtuel se dégonflera. Après tout, le roman commence bien pendant une Exposition Universelle, une Exposition Universelle qui part de Chicago pour s’effondrer à Venise, une foire mondiale s'étalant.
Dans le texte, on trouvera d’autres étranges choses. A la page 784, on tombe sur « For a while after the Event, crazed Raskol’niki ran around in the woods flagellating themselves and occasional onlookers who got too close, raving about Tchernobyl, the destroying star known as Wormwood in the book of Revelation. », on peut évidemment recaser ça dans la partie religieuse (avec comme partie rigolarde les raskol’niki (ce sont des Lipovènes, orthodoxes schismatisés majoritairement ukrainiens. Il paraît que le nom Raskolnikov vient de là. Sacré Dosto) qui fouettent qui passe trop près). Le nom et la ville de Tchernobyl sont associés aux raskol’niki, l’honneur est sauf. Reste que Tchernobyl renverra pour la majorité quasi-absolue des lecteurs à la centrale nucléaire du coin, qui a explosé en 1986, faisant de cette intégration dans le texte une toile intertemporelle assez impressionnante, comme autre itération des causes absconses responsables de tout ça. Wormwood, de son côté, est une plante (en gros, l’absinthe), d’où vient le nom Tchernobyl. On voit la cohérence, mais il faut poursuivre. Wormwood est, dans la Bible, synonyme d’amertume, synonyme de la colère de Dieu [17].
La Bible, encore elle, nous indique (Apocalypse, 8:10-11) « Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.
Le nom de cette étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. » (Wormwood = Absinthe, les produits en croix marchent à travers le temps). Wormwood est aussi cette « grande étoile ardente » tombée et assimilable à la cause de Tunguska (ce qui ma foi est une coïncidence assez intéressante). On a donc, en un rien de temps, une référence géographico-religioso-historique de premier ordre, un rappel des idées de voyages dans le temps, un lien inédit, des mecs qui se fouettent. Tout ça servi admirablement. On notera plus tard (p. 797, ce qui dépasse les limites du chapitre, mais tant pis, le suivant va avec) une autre apparition de Tchernobyl : « Was it Tchernobyl, the star of Revelation? An unprecedented harrowing of the steppe by cavalry in untold millions, flooding westward in simultaneous advance? », apparition vicieuse étant donné que le « Revelation » doit se prendre comme le « book of Revelation » évoqué plus haut que comme une révélation en soi. A moins que ?… Notons quand même que l’idée d’inondation est toujours là. Et deux lignes plus loin : « Or something which had not quite happened yet, so overflowing the tidy frames of reference available to Europe that it had only seemed to occur in the present, though really originating in the future? Was it, to be blunt, the general war which Europe this summer and autumn would stand at the threshold of, collapsed in a single event? », comme si la cause n’avait rien d’extraterrestre, rien de réellement physique, rien d’autre qu’une tranchée minée explosant à travers le temps, cherchant elle-même sa raison. Et ne revenons même pas sur le choix du « summer and autumn ».
Parallèle qui oscille entre le manque de pertinence et son anti-absence, on se voit forcé de se rattraper face à ce qu’une certaine transparence nous fait dire; si le projet n’est sûrement pas d’en faire l’écho, on ne peut s’empêcher, si l’on pense un peu à ce chapitre, de l’approcher en quelques mesures hésitantes du 11 septembre. On peut trouver de l’intérêt dans ce que les événements ont de différents, non dans les causes (encore que—les explications controversées surgissent ici comme elles ont pu surgir pour le World Trade Center) mais plutôt dans la réception de l’événement par rapport à ce qu’il a été. Les conséquences du 11 septembre, en soi, je crois, n’existent pas vraiment. On a bien eu un regain paranoïaque tendant vers le racisme sur certains points, mais le changement n’a pas l’air probant alors même qu’il a une visibilité monstre. A contrario, les conséquences de Tunguska paraissent invisible (ici même elles s’estompent assez vite), mais pour qui regarde c’est un événement qui a TOUT changé. Déjà admettons que les causes sont connues, tout en sachant pertinemment qu’il existe un mystère plus ou moins intéressant autour. La différence se situe déjà au niveau du lieu ; cœur supposé du monde pour le 9/11, steppe profonde et loin de tout pour Tunguska. Puis le visuel qui va avec ; si le deuxième attentat puis les chutes (et d’une certaine manière le premier attentat) ont été montrés, vus et revus en direct, il aura fallu attendre 1921 (soit quatorze ans après l’événement) et même plutôt 1927 pour qu’une expédition officielle (i.e. officielle et qui ramène des infos) aille se rendre compte des dégâts en Sibérie. L’antagonisme est des plus forts. Heureusement, il n’est pas spécialement intéressant… Il y aurait probablement à parler sur les conséquences directes ou non de l’une comme l’autre chose, mais…
Nota ultime en trois parties 1) je n’ai pas encore le paperback US du bouquin, me console depuis quelques jours en ayant un petit truc sur mon bureau au milieu parfois d’un fond d'écran sucré petit truc qui d’un clic m’envoie à tout GR, c’est chiant mais pratique moui bref, sa réception amorcera probablement la deuxième lecture intégrale, mais il paraît que beaucoup des coquilles présentes dans la première édition sont corrigées. Quoi qu’il en soit, la pagination est normalement la même, les références ne devraient donc pas changer. 2) il est possible qu’une ou deux annexes se greffent plus tard, il y a tant à dire sur l'ensemble et sur les détails fous, et 3) la photo qui a servi de base au fond d’écran sucré est cachée quelque part dans le post.
Sources :
- Pour Tchernobyl et l’absinthe : ici.
- Pour la Bible : ici, première Bible en ligne disponible, très pratique pour les extraits, insupportable pour vouloir s’y plonger plus amont.
- des autres choses.
Voir aussi :
-l’article consacré au même chapitre chez les Chumps of Choice, qui servira aussi de bon résumé.
-les annotations sur le wiki Against the Day.
Illustrations : Zak Smith, Gravity’s Rainbow Illustrated (faut vraiment que je me le procure), pages 214, 330, 654 (le lien pour voir l'ensemble est dans les liens à droite).
« A heavenwide blast of light. » [1]
Well, boom.
C'est ainsi que commence—page 779—un des chapitres d'Against the Day [2]. Si la notion a un quelconque intérêt avec ce genre de roman, un des chapitres les plus importants : le chapitre qui était en face de Tunguska, au moment où s'est déroulé l'explosion gigantesque qui aura marqué jusqu'aux X-Files. Suit une déviation du lieu, une notation précise de l'heure et du jour ("As of 7 : 17 A.M. local time on 30 June 1908", soit l'heure supposée de l'explosion (ou plutôt une des heures supposées : vous pouvez également mettre le nez dans une Bible qui traîne vers vos pieds pour voir ce que les combinaisons en 7 : 17 donnent, par exemple dans la Genèse ou dans l'Apocalypse...)) de la situation d'Igor Padzhitnoff (commandant du Bol'shaia Igra (soit The Great Game) et pendant russe de Randolph St Cosmo [3]) qui reviendra immanquablement à l'heavenwide blast of light, cette explosion si dense que seule une notion divine (heaven) peut approcher [4].
Assez vite, le vocabulaire religieux revient dans le texte; on nous apprend que quelques gens à Razvedka, déjà minés par quelques événements précédents, estiment que Dieu a abandonné la Russie [5] ; la populace locale est persuadée qu’Agdy, le Dieu du Tonnerre, est responsable ; on trouve un peu plus loin l’expression « looking down like icons of saints painted of the inside of a church dome. » et la forme des dégâts causés par l’explosion ressemble [6], selon Pavel Sergeievitch—l’intelligence officer du Bol’shaia Igra—, à un ange; plus tard les percussions [7]. Un peu plus loin, au milieu de quelques unes des conséquences paranormales si l’on peut dire (des moustiques qui perdent le goût du sang pour acquérir celui de la vodka, des horloges fonctionnant à l’envers, les rennes (du Père Noël, ça n’est pas explicitement dit mais il y a une jolie référence à Rudolph, le renne au nez rouge) retrouvent leur capacité à voler, etc.—réintroduction de la magie) de l’événement, on tombera sur des loups qui entrent dans des églises et y lisent des passages des Ecritures [8]. Immédiatement après (p. 785, paragraphes 2 et 3) vient ou plutôt apparaît une figure angélique, androgyne, répandant le calme sur son passage. Personne ne sait ce qu’elle est, hormis une bénédiction. Un peu plus tard, étant donné que j’ai décidé de suivre une quasi-exhaustivité linéaire, Kit parle à un renne, chose à peu près normale si ce n’est que d’aucuns estiment cette bestiole réincarnation d’un maître Buriat (ou Buryat, un « groupe ethnique » d’ascendance mongole). Comme tout au long du chapitre, on navigue entre un aspect chrétien et une vue plus organique des choses, ici sous la forme du chamanisme.
Mais déjà, déjà ? dès le début l’on songe à l’autre extrême de possibilité, tout aussi étrange [9] : cette explosion est l’œuvre d’hommes et, selon le Général Sukhomlinoff, ce sont des chinois [10], voire des allemands, qui ont fait ça. Pynchon écarte la fesse divine et la fesse paranoïde pour enfoncer la verge pas forcément très fine de la science au milieu (évidemment, il y a mouvement de va-et-vient, sinon ça craindrait un peu) (la science étant une sorte de mélange ici de religion et de paranoïa, comme chacun des deux autres trucs est le mélange des deux opposés) : sur le Bol’shaia Igra, on se demande quand même ce qui s’est vraiment passé. Le météore semble une solution sensée, mais il n’y a pas de cratère. Padzhitnoff, de son côté, estime que peut-être lui et son équipage ont procédé à des essais secrets d’une quelconque arme [11] , et auraient eu une amnésie collective, histoire de préserver leur santé mentale (« mental apparati ») [12]. Mais avant et après cette légère déviation arrivent les explications (sur la cause de la chose comme sur l’absence de cratère) qui s’inscrivent dans la logique du roman, qui concernent le Temps et une déviation quelconque de son flux ; une puissance si phénoménale que le cratère supposé s’est décalé selon l’axe temporel (donc spatial) ; l’intersection d’une surface à 4 ou 5 ou 92 dimensions qui aurait intercepté la notre, créant l’explosion et décalant le cratère. Puis le mélange qui voudrait que ce soit la résultante de voyages dans le temps (qui en réalité est la même que la précédente) [13]. On apprendra aussi que Prance se fait tirer dessus, assez régulièrement même, pris qu’il est pour un japonais, un espion japonais (alors qu’il est anglais) (et que selon toute vraisemblance l’explosion ne vient pas du Japon). Il est dés-orienté… c’est justement là qu’intervient le renne blanc Ssanga, qui mène les deux bougres à la frontière mongole. Leur mission existe-t-elle encore après ce qui s’est déroulé ? Question. Séparation. Prance rencontre les Chums of Chance, dans une drôle de scène [14], tandis que Kit se retrouve face à une bande d’alcooliques, des brodyagi, travailleurs exilés qui ont choisi d’être nomades, « each for his own reason but all for the same reason. » (tellement vrai…) (p. 788) et leur chef, Topor, qui sait tout faire avec une hache. Ils vont à l’Ouest, s’ils ne s’effondrent pas en chemin [15].
Bref, tout ce bordel illustre le traitement que fait Thomas Pynchon d’une perte de la magie, inhérente à chacun et encore représentée par les Chums of Chance, encore parfois, magie qui se perd et s’est trouvée réanimée par l’explosion, avec à chacun le soin de trouver un moyen de la conserver. (Perte souvent, parfois accompagnée d’une retrouvaille douteuse.)
« “But look at the sky.” It was certainly odd. The stars had not apperead, the sky was queerly luminescent, with the occluded light of a stormy day.
It went on for a month. Those who had taken it for a cosmic sign cringed beneath the sky each nightfall, imagining ever more extravagant disasters. Others, for whom orange did not seem an appropriately apocalyptic shade, set outdoors on public benches, reading calmly, growing used to the curious pallor. As nights went on and nothing happened and the phenomenon slowly faded to the accustomed deeper violets again, most had difficulty remembering the earlier rise of heart, the sense of overture and possibility, and went back once again to seeking only orgasm, hallucination, stupor, sleep, to fetch them through the night and prepare them against the day. »
Magique. L’ensemble de la situation, apparition du jour dans la nuit, d’un sous-jour constant, habitude entêtée qui se crée à vitesse fabuleuse, lien liasse liesse de tout une populade qui s’en ira retrouver ce qu’elle fait la nuit, à remplir ses moments perdus jusqu’au jour, jetant à moitié sa torpeur sur la plage de lever de soleil. Comme si aussi, finalement, cette explosion était un agrégat des quelques réminiscences fantasques de chacun, qu’elle avait fonctionné comme une piqûre de rappel qui n’a pas fonctionné, ou si peu. Devoir estimer que ce « si peu » est suffisant a quelque chose de déprimant. Le sursaut n’a pas suffi, c’est en gros la portée principale du chapitre, il en faudra d’autres, plus forts, qui ne serviront à rien tant qu’on ne pourra se rendre compte que l’important ne sont pas tant les conséquences agréables que la cause en elle-même, à canaliser tant bien que mal, dans un hurlement, une explosion, s’y coupler, récupérer ce qu’on lui a donné, devenir le blast of light, oh peut-être pas heavenwide, mais avoir au moins la largeur et la profondeur de se mutiler pour le futur, jusqu’au jour ou la source sera proche. Ce re—non, pas de retour, plutôt une sorte d’envie nostalgique d’il y a jadis, jadis une forme qui s’est perdue et que l’on s’accorde tous à dire que seuls les enfants, pas tous encore, seuls les enfants sont capables de toucher, une forme qui rendrait la religion (ici mot fourre-tout) tangible et en ferait quelque chose de beau, de majestueux et de global. Je ne me risque pas à une lecture selon cet aspect, mais on voit que l’aspect généreux en quelque sorte qui se dépêtre des conséquences de Tunguska s’aligne avec une vision du christianisme assez blasée et des aspects shamaniques et animistes beaucoup plus… plaisants (rappelons aussi que deux pages avant le chapitre, à la page 777 (ben tiens), Prance dit que à Kit que « Your whole history has been one long religious war, secret crusades, disguised under false names. » au milieu d’un dialogue sur l’aspect destructeur du christianisme (et par extension d’autres formes analogues) face à d’autres aspects, le shamanisme en tête). Evidemment, tout cela est plus compliqué. Peut aussi s’appliquer à ce contexte particulier comme elle s’applique à tout cette phrase de la page 788 : « There was apparently a two-part structure to the narrative, part one being pleasant, visually entertaining, spiritually enlightening, and part two filled with unspeakable horror. », plus compliqué, oui; on trouve dans Against the Day peut-être plus que dans les autres romans de Pynchon une sorte de regret face au christianisme, à ce qu’il est devenu autant peut-être que sur ce qu’il aurait pu devenir, comme si la religion possédait sa part inhérente d’indescriptible horreur, expression terrible, d’autant plus terrible qu’elle semble ici tombée de rien, donnée à la va-vite, à peine deux mots (même si elle est remplie, pleine, même si elle est passive) qui donnent toute l’hideur de la chose. Regret si l’on peut dire, ici couplé à l’ensemble religieux, après tout le roman fait la part belle au bouddhisme [16], oublié dans des cités détruites. Et d’autres endroits perdus, contaminés par le Temps, tibétains ou non, qui resurgissent de-ci de-là à l’esprit de Fleetwood Vibe, que rencontre Kit, reformant au moins rapidement un des improbables duos du roman; Fleetwood cherchant désormais autre chose, des « cities, out there, secret cities, counterpart to the Buddhist hidden land, more indelibly contamined by Time, deep in the taiga, only guessed at from indirect evidence » (p. 790), lui qui n’a plus le droit, ne s’accorde plus le droit de chercher Shambhala, cherche ces cités peut-être révélées par le 30 juin, comme si l’explosion avait agi en tant qu’aspirateur de sédiments physiques et psychiques, accumulés plus par l’aveuglement que par le vent, des cités millénaires toujours grouillantes de flux, fluxantes internationales non pas vraiment ça supposerait que l’idée de nation était en elles déjà; plutôt globales, petites et globales, folles en diable, sages de milles façons, ignobles aussi. D’une certaine manière c’est là la plus grande différence entre Gravity’s Rainbow (encore), toujours considéré comme le sommet du corpus Pynchon(ien) et Against the Day, espèce de K2 de la chose, à moins que ce ne soit un Mauna Kea, je ne sais; bref sommet gigantesque enneigé aussi, cachant sa montagne d’ignoblerie, ses monceaux de merde, bref un K2 après tout oui ce sont des cités tibétaines je reste dans la région tant géographique que logique; la plus grande différence donc, comme étant qu’il y a retour à une forme plus folle, avec une maîtrise plus visible, quand j’étais plus jeune et plus petit je crois avoir entendu dire Philippe Manœuvre dire de quelque chose que ça sentait trop le savon et pas assez la foufoune : GR avait cette sauvagerie un peu perdue dans Mason & Dixon, bijou de fouillerie folle fêtarde faite de fracs, fracas, frames mais peut-être trop cadré, peut-être cela était aussi visible dans Vineland, mais ici la contrepartie AtD paraît osciller entre une maîtrise absolue et la folie explosive et retentrice de Gravity’s Rainbow, se cassant au plus près de frontières si lointaines qu’on ne les perçoit plus vraiment, peut-être en le lisant sur l’Annapurna ou sur le Lhotse, quand le froid n’est que couleur et que vent, le vent lui-même plus que son, et le son inexistant, figé a attendre les quelques électrons qui feront péter tout ça, quand enfin on s’approche ou s’imagine approcher du créateur.
Histoire en marche se dédoublant immédiatement, se bilocalisant à la fois même qu’elle s’écrit, se camouflant sous son futur, dégonflant et gonflant à mesure que le voile de papier tombe dessus pour épouser ses formes, à s’imaginer elle-même en trifurquant à travers le temps, prenant des chemins oui après coup monsieur Tolstoï on dirait bien que c’est du caoutchouc qui absorbe les chocs, oui pourquoi pas, il se peut aussi que le choc appuie le réglisse du temps et le déforme réellement, les papillons soi-disant peuvent en battant des ailes générer un tsunami (voir page 782, pénultième paragraphe), que ce choc soit la voix d’un monde annonçant qu’il ne retournera pas, non, pas, pas à son état précédent, pour le meilleur, le pire et le reste, jusqu’à ce que la mort nous en sépare, la recouvrant d’enfant, de baise folle et de morsures, au milieu ici d’un réseau ferroviaire qui va de rien à rien (on pense à Kafka et à son pauvre hère esseulé dans Souvenir du chemin de fer de Kalda), au milieu de rien, trait unissant le néant et malgré tout quelque chose, milieu qui ressemble à d’autres plus récents comme Isidore Ducasse à Isadora Duncan (déjà fait) ou pour parler Pynchon comme Tchitcherine ressemble à la Cicciolina, jusqu’au jour ou le virtuel se dégonflera. Après tout, le roman commence bien pendant une Exposition Universelle, une Exposition Universelle qui part de Chicago pour s’effondrer à Venise, une foire mondiale s'étalant.
Dans le texte, on trouvera d’autres étranges choses. A la page 784, on tombe sur « For a while after the Event, crazed Raskol’niki ran around in the woods flagellating themselves and occasional onlookers who got too close, raving about Tchernobyl, the destroying star known as Wormwood in the book of Revelation. », on peut évidemment recaser ça dans la partie religieuse (avec comme partie rigolarde les raskol’niki (ce sont des Lipovènes, orthodoxes schismatisés majoritairement ukrainiens. Il paraît que le nom Raskolnikov vient de là. Sacré Dosto) qui fouettent qui passe trop près). Le nom et la ville de Tchernobyl sont associés aux raskol’niki, l’honneur est sauf. Reste que Tchernobyl renverra pour la majorité quasi-absolue des lecteurs à la centrale nucléaire du coin, qui a explosé en 1986, faisant de cette intégration dans le texte une toile intertemporelle assez impressionnante, comme autre itération des causes absconses responsables de tout ça. Wormwood, de son côté, est une plante (en gros, l’absinthe), d’où vient le nom Tchernobyl. On voit la cohérence, mais il faut poursuivre. Wormwood est, dans la Bible, synonyme d’amertume, synonyme de la colère de Dieu [17].
La Bible, encore elle, nous indique (Apocalypse, 8:10-11) « Le troisième ange sonna de la trompette. Et il tomba du ciel une grande étoile ardente comme un flambeau ; et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux.
Le nom de cette étoile est Absinthe ; et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par les eaux, parce qu'elles étaient devenues amères. » (Wormwood = Absinthe, les produits en croix marchent à travers le temps). Wormwood est aussi cette « grande étoile ardente » tombée et assimilable à la cause de Tunguska (ce qui ma foi est une coïncidence assez intéressante). On a donc, en un rien de temps, une référence géographico-religioso-historique de premier ordre, un rappel des idées de voyages dans le temps, un lien inédit, des mecs qui se fouettent. Tout ça servi admirablement. On notera plus tard (p. 797, ce qui dépasse les limites du chapitre, mais tant pis, le suivant va avec) une autre apparition de Tchernobyl : « Was it Tchernobyl, the star of Revelation? An unprecedented harrowing of the steppe by cavalry in untold millions, flooding westward in simultaneous advance? », apparition vicieuse étant donné que le « Revelation » doit se prendre comme le « book of Revelation » évoqué plus haut que comme une révélation en soi. A moins que ?… Notons quand même que l’idée d’inondation est toujours là. Et deux lignes plus loin : « Or something which had not quite happened yet, so overflowing the tidy frames of reference available to Europe that it had only seemed to occur in the present, though really originating in the future? Was it, to be blunt, the general war which Europe this summer and autumn would stand at the threshold of, collapsed in a single event? », comme si la cause n’avait rien d’extraterrestre, rien de réellement physique, rien d’autre qu’une tranchée minée explosant à travers le temps, cherchant elle-même sa raison. Et ne revenons même pas sur le choix du « summer and autumn ».
Parallèle qui oscille entre le manque de pertinence et son anti-absence, on se voit forcé de se rattraper face à ce qu’une certaine transparence nous fait dire; si le projet n’est sûrement pas d’en faire l’écho, on ne peut s’empêcher, si l’on pense un peu à ce chapitre, de l’approcher en quelques mesures hésitantes du 11 septembre. On peut trouver de l’intérêt dans ce que les événements ont de différents, non dans les causes (encore que—les explications controversées surgissent ici comme elles ont pu surgir pour le World Trade Center) mais plutôt dans la réception de l’événement par rapport à ce qu’il a été. Les conséquences du 11 septembre, en soi, je crois, n’existent pas vraiment. On a bien eu un regain paranoïaque tendant vers le racisme sur certains points, mais le changement n’a pas l’air probant alors même qu’il a une visibilité monstre. A contrario, les conséquences de Tunguska paraissent invisible (ici même elles s’estompent assez vite), mais pour qui regarde c’est un événement qui a TOUT changé. Déjà admettons que les causes sont connues, tout en sachant pertinemment qu’il existe un mystère plus ou moins intéressant autour. La différence se situe déjà au niveau du lieu ; cœur supposé du monde pour le 9/11, steppe profonde et loin de tout pour Tunguska. Puis le visuel qui va avec ; si le deuxième attentat puis les chutes (et d’une certaine manière le premier attentat) ont été montrés, vus et revus en direct, il aura fallu attendre 1921 (soit quatorze ans après l’événement) et même plutôt 1927 pour qu’une expédition officielle (i.e. officielle et qui ramène des infos) aille se rendre compte des dégâts en Sibérie. L’antagonisme est des plus forts. Heureusement, il n’est pas spécialement intéressant… Il y aurait probablement à parler sur les conséquences directes ou non de l’une comme l’autre chose, mais…
Nota ultime en trois parties 1) je n’ai pas encore le paperback US du bouquin, me console depuis quelques jours en ayant un petit truc sur mon bureau au milieu parfois d’un fond d'écran sucré petit truc qui d’un clic m’envoie à tout GR, c’est chiant mais pratique moui bref, sa réception amorcera probablement la deuxième lecture intégrale, mais il paraît que beaucoup des coquilles présentes dans la première édition sont corrigées. Quoi qu’il en soit, la pagination est normalement la même, les références ne devraient donc pas changer. 2) il est possible qu’une ou deux annexes se greffent plus tard, il y a tant à dire sur l'ensemble et sur les détails fous, et 3) la photo qui a servi de base au fond d’écran sucré est cachée quelque part dans le post.
Sources :
- Pour Tchernobyl et l’absinthe : ici.
- Pour la Bible : ici, première Bible en ligne disponible, très pratique pour les extraits, insupportable pour vouloir s’y plonger plus amont.
- des autres choses.
Voir aussi :
-l’article consacré au même chapitre chez les Chumps of Choice, qui servira aussi de bon résumé.
-les annotations sur le wiki Against the Day.
Illustrations : Zak Smith, Gravity’s Rainbow Illustrated (faut vraiment que je me le procure), pages 214, 330, 654 (le lien pour voir l'ensemble est dans les liens à droite).
les trucs en rapport :
Against the day,
Pynchon
6.11.07
5.11.07
annexe
(bon, prochainement sera posté* un message. Voici quelques visuels qui, pour une raison ou une autre, devaient aller avec.
Raison : je suis trop feignant pour bien les placer à l'intérieur du post)
*Si quelqu'un sait comment faire des notes de bas de pages, je prends
Raison : je suis trop feignant pour bien les placer à l'intérieur du post)
*Si quelqu'un sait comment faire des notes de bas de pages, je prends
3.11.07
Once upon a time not too long ago.
C’est en rencontrant John Carter que j’ai su qu’on pouvait faire beaucoup avec presque rien.
En lisant Slam Dunk que j’ai su que des petits dessins pouvaient faire de grandes choses.
En trouvant Hunter x Hunter que j’ai appris que l’économie de moyens était un art.
En parcourant Hikaru no Go que compris que l’intérêt à un sujet pouvait être dépassé par son traitement.
En absorbant Taiyo Matsumoto que j’ai vu que l’intangible était parfois à portée de doigts.
En chargeant Kerouac que j’ai entamé mon sentier.
En démasquant Williams Burroughs que j’ai conçu qu’on pouvait étendre la littérature à tout.
En me gavant d’Hirohiko Araki que j’ai deviné la passion ridicule et grandiose.
En découvrant Beckett que j’ai intégré la porosité.
En apprenant Dostoïevski que j’ai senti le fond.
En percevant Kafka que j’ai inclus Kafka.
En espérant Faulkner que j’ai entendu la racine comme arbre, la branche comme arbre.
En mangeant Raymond Queneau que j’ai appris.
En touchant Mallarmé que j’ai avalé le manque à encore combler.
En Flaubert que j’ai imagé un autre lieu que celui narré ; emporté.
En chantant Nabokov que—non, rien.
En démasquant Pynchon que j’ai conçu qu’on pouvait étendre la littérature à tout.
En piquant dans Borges et Barthelme que j’ai vu la fragmentation comme entière.
En tâtonnant Rimbaud que j’ai admis ne rien avoir à foutre de ce qu’il disait.
En me prenant Gass dans la face que j’ai fait dans mon froc.
En lisant Slam Dunk que j’ai su que des petits dessins pouvaient faire de grandes choses.
En trouvant Hunter x Hunter que j’ai appris que l’économie de moyens était un art.
En parcourant Hikaru no Go que compris que l’intérêt à un sujet pouvait être dépassé par son traitement.
En absorbant Taiyo Matsumoto que j’ai vu que l’intangible était parfois à portée de doigts.
En chargeant Kerouac que j’ai entamé mon sentier.
En démasquant Williams Burroughs que j’ai conçu qu’on pouvait étendre la littérature à tout.
En me gavant d’Hirohiko Araki que j’ai deviné la passion ridicule et grandiose.
En découvrant Beckett que j’ai intégré la porosité.
En apprenant Dostoïevski que j’ai senti le fond.
En percevant Kafka que j’ai inclus Kafka.
En espérant Faulkner que j’ai entendu la racine comme arbre, la branche comme arbre.
En mangeant Raymond Queneau que j’ai appris.
En touchant Mallarmé que j’ai avalé le manque à encore combler.
En Flaubert que j’ai imagé un autre lieu que celui narré ; emporté.
En chantant Nabokov que—non, rien.
En démasquant Pynchon que j’ai conçu qu’on pouvait étendre la littérature à tout.
En piquant dans Borges et Barthelme que j’ai vu la fragmentation comme entière.
En tâtonnant Rimbaud que j’ai admis ne rien avoir à foutre de ce qu’il disait.
En me prenant Gass dans la face que j’ai fait dans mon froc.
2.11.07
Autant en emporte le vent
[mode=blogger cliché](D’une manière générale, je suis encore moins satisfait de ce que j’ai écrit ici que je le suis d’habitude sur ce que je poste. Ce paragraphe était supposé se trouver à la fin du… euh… post, mais après réflexion peu mûre, je le place en tête, comme après réflexion peu mûre déjà j’ai décidé que ça a malgré tout franchi la limite du postable. Je me demande encore.)
Un peu par hasard. C’est comme ça que je suis tombé dessus. Lu quelque chose. Ou plutôt aperçu un avis positif. Vu des pubs à Gibert pour la version poche et me suis dit que oui effectivement ça pourrait être une bonne lecture etc. ça me changerait d’ailleurs un peu du reste. En ai trouvé un d’occasion en parfait état. Hop, entamé. Pensé avant que j’allais me retrouver avec un truc sympathique au style un peu plat même si bon, simple et efficace ça oui rentrons directement dedans, genre disons Asimov ou pour être moins simple mais vraiment pas beaucoup plus je ne sais pas… van Vogt ? ou plus récemment Simmons ? un peu plus enfin bref (ma connaissance de la S-F en général n’est pas très étendue, j’ai juste pu voir que ça n’avait pas l’air d’être la question principale), et me suis fait baiser.[/] Autant le dire de suite avec quelques faibles mots pour peut-être broder de broc plus loin : Alain Damasio, au moins avec cette Horde du Contrevent, offre une expérience de lecture qui passe par le son, le rythme et la syntaxe, les phonèmes graphèmes parfois et diacritiques même, ponctuation, mot, souffle du mot et le chant du vent qui hurle en un défilé et se calme sur les points de i. Disons que c’est la première chose qui frappe, à plus forte raison quand on ne s’y attend pas spécialement, à plus forte raison avec l’invocation débutant l’affaire, la citation de Deleuze et Guattari qui ouvre, l’idée de mouvement qui découle. Le parallèle avec le vent est transparent ; les deux doivent se laisser écouter et suivre, se laisser décrypter.
L’histoire en elle-même n’a rien de bien original, se résume simplement : sur une Terre une Horde d’une vingtaine de personnes, partie de l’Extrême-Aval et qui, en contrant le Vent, cherche à aller à l’Extrême-Amont, la source du Vent. Pourquoi restera toujours une bonne question, qui se couple à tout le roman : l’éteindre, le connaître, s’en servir, et pourquoi ? C’est la 34ème Horde déjà. Peut-être la dernière, on le dit plus pour la forme qu’autre chose. Polyphonique, phonique, tout cela débute dans le mouvement le plus total, on contre, on contre, on monte face au vent et on apprend assez vite que la vingtaine de la Horde montent, eux, depuis déjà 27 ans, l’occasion de songer à la distance qu’ils ont pu parcourir, à la motivation qui les habite. Ce qui frappe le plus, c’est l’absurdité de prime abord qu’observe l’univers en question. On trouve des ports, des abris (le vent souffle-t-il sur une bande précise ? existe-t-il des villages juste sur le bord de cette bande, quand le bord existe ? Pourquoi existe-t-il un Extrême-Aval (sous entendu n’y a-t-il rien derrière, véritablement rien) ? On aura des réponses), des cités en amont de la Horde, on vient à savoir qu’il existe des machines qui permettent de passer au-dessus et donc outre le vent, jusqu’à un certain niveau, on revient sur la drôle d’idée qui consiste à partir du point le plus bas, même si la Horde peut intégrer des éléments en chemin. On y songe on y réfléchit rapidement avant de se voir réellement confirmer ce qui devenait la seule explication possible plausible raisonnable ? L’arrivée à l’Extrême-Amont doit s’accompagner de l’expérience accumulée, y arriver par mécaniques moyens sans mouvements est en quelque sorte inconcevable, une façon de déshonneur, la volonté se couple à la quête, on suppute la simplicité de la quête comme étant son propre objet, de l’acquisition d’un autre niveau, de l’arrivée à un surhomme (oh Hi Nietzsche), c’est comme ça qu’on accélère et qu’on évolue, on descend du singe et on s’arrache de l’homme. Ascèse. Reste à savoir si l’on peut vraiment s’arracher. Oh, on peut bien se servir de vaisseaux ou même de cerfs-volants. Simplement, que ça ne serve pas à avancer, le corps seul doit contrer. La connaissance du Vent, de ses neuf formes dont seules six sont physiquement connues à l’instant, s’acquiert avec le temps, se conquiert. La Horde a la légitimité, la validité d’arriver en haut, si elle le peut. Le plus étrange peut-être dans tout cela est que cette logique de l’évolution vers le surhomme passe par le groupe. L’idée est émouvante, utilisée parfois magnifiquement, couplée au concept de vif qui, avec maîtrise du vent certaine, est assimilable, les amis morts s’accrochant d’une certaine manière physiquement, aux survivants.
On nous dit que c’est la dernière. On se dit que quiconque veut aller en haut devra y aller avec ses pieds, profitant des informations des précédents. Mais ça ne se passe pas comme ça; en bas d’aucuns (supposés de gros enculés) ont changé d’avis et estiment qu’il faut aller en haut par tous les moyens. Problème, les moyens actuels ne permettent pas de passer le défilé de Norska, sorte d’épreuve ultime, supposé ouverture vers l’Extrême-Amont. Là où ce sont de gros enculés, c’est qu’ils cherchent parfois à tuer la Horde, et autant dire que ce ne sont pas des rigolos. Bien évidemment, ils pourraient tenter de passer Norska sans tuer la Horde (peut-être le font-ils effectivement mais on ne nous en parle point) (disons qu’il est aussi pertinent d’en parler qu’il est pertinent de les avoir intégré de cette manière au bouquin, voire un peu moins) (disons qu’en fait cette Poursuite, c’est comme ça que se nomme le groupe qui chasse parfois l’Horde, est présentée comme ayant après tout un intérêt second, voire pire, du moins indirect, que dans cette optique on peut limiter leurs actions vues à de l’assassinat, offrant ainsi une (ou deux) scènes de combat réussies en dépit de leur longueur et du côté casse-gueule que ça peut impliquer), mais ce sont de gros enculés, on a bien compris où l’auteur voulait en venir et on ne lui en veut pas vraiment. Avec le temps, même la Norska ne saura leur résister. Avec le temps, il ne pourront résister à la Horde.
Retour : la Horde se compose d’une grosse vingtaine de gugusses. Chaque fois que l’un prend la parole, un ou deux voire trois graphèmes surgi(ssen)t pour nous indiquer lequel. Les récurrents (Golgoth, Aoi, Sov, Pietro, Caracole, Oroshi) se retiennent vite, pour les autres un doigté de retour en début de bouquin sera nécessaire, avant d’intégrer Coriolis, Callirhoé ou Larca, puis d’autres que l’on n’entend jamais. On se démerde pour savoir qui parle de toute façon, d’aucuns sont plus aisément reconnaissables que les autres : Golgoth bourru qui probablement aurait bien enculé une à une les filles du groupe, sauf la grosse faut pas pousser quand même, ou Caracole le troubadour vif, ses contes fous et sa volonté de chasser le prévisible. Des fois on trouve, des fois on s’en fout. Golgoth hurle, rauque. Caracole, si l’occasion se présente, accepte volontiers un duel de palindromes. Les autres sont plus posés. Les autres autres ne parlent pas. Et ceux qui meurent, avant d’avoir eu le temps d’être vus. Et ceux qui, une fois morts, arrivent à vivre par les autres, dans une nouvelle escalade, toujours au final dans cette fin logique et ignoble la question : que faire quand le but d’une vie est atteint et qu’il est une impasse ? Se suicider ? Continuer encore ? Poser son cul et attendre avec un sourire satisfait? La réponse qui s’apporte ici est la seconde. Le but en soi n’a pas d’intérêt, même la hargne pourtant illimitée qui paraît habiter Golgoth s’estompe. Il n’a jamais caché ses défauts ni ses peurs, mais le voir s’effondrer est un moment d’une densité émotionnelle assez forte. Dans une logique d’imaginaire normale, c’est probablement le personnage qui a eu la « vraie » fin de l’histoire, la fin de partie à laquelle il aspirait, après l’érosion de sa Horde. Sov (dont on sait depuis quelques paquets de pages qu’il sera le dernier survivant) étant le seul à qui l’on donne le droit de la réalité, si terrible.
Mes connaissances en la matière sont assez peu étendues pour que j’en parle convenablement, mais il est assez intéressant d’observer la logique du groupe et du mouvement total qui l’habite. Si quelques membres partent, décident pour une raison ou une autre de s’arrêter, toujours l’intérêt du groupe saura passer avant les intérêts personnels : il faut avancer, en dépit des doutes sur la légitimité de la Horde. Il faut avancer. Ceux qui meurent devraient être laissés sur le chemin, en espérant que ce qu’ils ont été rejaillisse dans les vivants. Devraient, car certains ne peuvent se résoudre à courir à un suicide quasi-certain et à laisser les blessés seuls sans chance de résister. Pourtant il faut avancer, encore. Monter, monter, aller contre le vent vers ce qui a modelé l’existence, affronter la pire des choses possibles. Pour les personnes qui comme moi sont habitués et apprécient quelque peu le nekketsu des shonens comme Dragon Ball, HxH ou One Piece, les valeurs ambiguës d’amitié et de sacrifice exacerbé qui vont avec, ça passera mieux. Comme souvent, ce sacrifice total se voit un peu édulcoré par un quelconque concept. Ça n’est pas un problème, l’intensité qui se dégage de certains passages concernés annule l’affaiblissement thématique (mon dieu).
Quoi qu’il en soit, malgré quelques défauts plus ou moins évidents (une linéarité assez monstrueuse, un idéal qui ne saura satisfaire tout le monde, parfois un peu longuet voire lourd, quelques passages un peu forcés), c’est un roman qui laisse une petite trace, ça réussit globalement à tenir ses ambitions, et ça m’est une bonne nouvelle de savoir que l’on peut faire de la sci-fi de cette manière (d’ailleurs si quelqu’un a des conseils je suis preneur). Existe avec la version non-poche une bande-son, je suis curieux de voir ce que ça donne (même aimant lire en silence).
Un peu par hasard. C’est comme ça que je suis tombé dessus. Lu quelque chose. Ou plutôt aperçu un avis positif. Vu des pubs à Gibert pour la version poche et me suis dit que oui effectivement ça pourrait être une bonne lecture etc. ça me changerait d’ailleurs un peu du reste. En ai trouvé un d’occasion en parfait état. Hop, entamé. Pensé avant que j’allais me retrouver avec un truc sympathique au style un peu plat même si bon, simple et efficace ça oui rentrons directement dedans, genre disons Asimov ou pour être moins simple mais vraiment pas beaucoup plus je ne sais pas… van Vogt ? ou plus récemment Simmons ? un peu plus enfin bref (ma connaissance de la S-F en général n’est pas très étendue, j’ai juste pu voir que ça n’avait pas l’air d’être la question principale), et me suis fait baiser.[/] Autant le dire de suite avec quelques faibles mots pour peut-être broder de broc plus loin : Alain Damasio, au moins avec cette Horde du Contrevent, offre une expérience de lecture qui passe par le son, le rythme et la syntaxe, les phonèmes graphèmes parfois et diacritiques même, ponctuation, mot, souffle du mot et le chant du vent qui hurle en un défilé et se calme sur les points de i. Disons que c’est la première chose qui frappe, à plus forte raison quand on ne s’y attend pas spécialement, à plus forte raison avec l’invocation débutant l’affaire, la citation de Deleuze et Guattari qui ouvre, l’idée de mouvement qui découle. Le parallèle avec le vent est transparent ; les deux doivent se laisser écouter et suivre, se laisser décrypter.
L’histoire en elle-même n’a rien de bien original, se résume simplement : sur une Terre une Horde d’une vingtaine de personnes, partie de l’Extrême-Aval et qui, en contrant le Vent, cherche à aller à l’Extrême-Amont, la source du Vent. Pourquoi restera toujours une bonne question, qui se couple à tout le roman : l’éteindre, le connaître, s’en servir, et pourquoi ? C’est la 34ème Horde déjà. Peut-être la dernière, on le dit plus pour la forme qu’autre chose. Polyphonique, phonique, tout cela débute dans le mouvement le plus total, on contre, on contre, on monte face au vent et on apprend assez vite que la vingtaine de la Horde montent, eux, depuis déjà 27 ans, l’occasion de songer à la distance qu’ils ont pu parcourir, à la motivation qui les habite. Ce qui frappe le plus, c’est l’absurdité de prime abord qu’observe l’univers en question. On trouve des ports, des abris (le vent souffle-t-il sur une bande précise ? existe-t-il des villages juste sur le bord de cette bande, quand le bord existe ? Pourquoi existe-t-il un Extrême-Aval (sous entendu n’y a-t-il rien derrière, véritablement rien) ? On aura des réponses), des cités en amont de la Horde, on vient à savoir qu’il existe des machines qui permettent de passer au-dessus et donc outre le vent, jusqu’à un certain niveau, on revient sur la drôle d’idée qui consiste à partir du point le plus bas, même si la Horde peut intégrer des éléments en chemin. On y songe on y réfléchit rapidement avant de se voir réellement confirmer ce qui devenait la seule explication possible plausible raisonnable ? L’arrivée à l’Extrême-Amont doit s’accompagner de l’expérience accumulée, y arriver par mécaniques moyens sans mouvements est en quelque sorte inconcevable, une façon de déshonneur, la volonté se couple à la quête, on suppute la simplicité de la quête comme étant son propre objet, de l’acquisition d’un autre niveau, de l’arrivée à un surhomme (oh Hi Nietzsche), c’est comme ça qu’on accélère et qu’on évolue, on descend du singe et on s’arrache de l’homme. Ascèse. Reste à savoir si l’on peut vraiment s’arracher. Oh, on peut bien se servir de vaisseaux ou même de cerfs-volants. Simplement, que ça ne serve pas à avancer, le corps seul doit contrer. La connaissance du Vent, de ses neuf formes dont seules six sont physiquement connues à l’instant, s’acquiert avec le temps, se conquiert. La Horde a la légitimité, la validité d’arriver en haut, si elle le peut. Le plus étrange peut-être dans tout cela est que cette logique de l’évolution vers le surhomme passe par le groupe. L’idée est émouvante, utilisée parfois magnifiquement, couplée au concept de vif qui, avec maîtrise du vent certaine, est assimilable, les amis morts s’accrochant d’une certaine manière physiquement, aux survivants.
On nous dit que c’est la dernière. On se dit que quiconque veut aller en haut devra y aller avec ses pieds, profitant des informations des précédents. Mais ça ne se passe pas comme ça; en bas d’aucuns (supposés de gros enculés) ont changé d’avis et estiment qu’il faut aller en haut par tous les moyens. Problème, les moyens actuels ne permettent pas de passer le défilé de Norska, sorte d’épreuve ultime, supposé ouverture vers l’Extrême-Amont. Là où ce sont de gros enculés, c’est qu’ils cherchent parfois à tuer la Horde, et autant dire que ce ne sont pas des rigolos. Bien évidemment, ils pourraient tenter de passer Norska sans tuer la Horde (peut-être le font-ils effectivement mais on ne nous en parle point) (disons qu’il est aussi pertinent d’en parler qu’il est pertinent de les avoir intégré de cette manière au bouquin, voire un peu moins) (disons qu’en fait cette Poursuite, c’est comme ça que se nomme le groupe qui chasse parfois l’Horde, est présentée comme ayant après tout un intérêt second, voire pire, du moins indirect, que dans cette optique on peut limiter leurs actions vues à de l’assassinat, offrant ainsi une (ou deux) scènes de combat réussies en dépit de leur longueur et du côté casse-gueule que ça peut impliquer), mais ce sont de gros enculés, on a bien compris où l’auteur voulait en venir et on ne lui en veut pas vraiment. Avec le temps, même la Norska ne saura leur résister. Avec le temps, il ne pourront résister à la Horde.
Retour : la Horde se compose d’une grosse vingtaine de gugusses. Chaque fois que l’un prend la parole, un ou deux voire trois graphèmes surgi(ssen)t pour nous indiquer lequel. Les récurrents (Golgoth, Aoi, Sov, Pietro, Caracole, Oroshi) se retiennent vite, pour les autres un doigté de retour en début de bouquin sera nécessaire, avant d’intégrer Coriolis, Callirhoé ou Larca, puis d’autres que l’on n’entend jamais. On se démerde pour savoir qui parle de toute façon, d’aucuns sont plus aisément reconnaissables que les autres : Golgoth bourru qui probablement aurait bien enculé une à une les filles du groupe, sauf la grosse faut pas pousser quand même, ou Caracole le troubadour vif, ses contes fous et sa volonté de chasser le prévisible. Des fois on trouve, des fois on s’en fout. Golgoth hurle, rauque. Caracole, si l’occasion se présente, accepte volontiers un duel de palindromes. Les autres sont plus posés. Les autres autres ne parlent pas. Et ceux qui meurent, avant d’avoir eu le temps d’être vus. Et ceux qui, une fois morts, arrivent à vivre par les autres, dans une nouvelle escalade, toujours au final dans cette fin logique et ignoble la question : que faire quand le but d’une vie est atteint et qu’il est une impasse ? Se suicider ? Continuer encore ? Poser son cul et attendre avec un sourire satisfait? La réponse qui s’apporte ici est la seconde. Le but en soi n’a pas d’intérêt, même la hargne pourtant illimitée qui paraît habiter Golgoth s’estompe. Il n’a jamais caché ses défauts ni ses peurs, mais le voir s’effondrer est un moment d’une densité émotionnelle assez forte. Dans une logique d’imaginaire normale, c’est probablement le personnage qui a eu la « vraie » fin de l’histoire, la fin de partie à laquelle il aspirait, après l’érosion de sa Horde. Sov (dont on sait depuis quelques paquets de pages qu’il sera le dernier survivant) étant le seul à qui l’on donne le droit de la réalité, si terrible.
Mes connaissances en la matière sont assez peu étendues pour que j’en parle convenablement, mais il est assez intéressant d’observer la logique du groupe et du mouvement total qui l’habite. Si quelques membres partent, décident pour une raison ou une autre de s’arrêter, toujours l’intérêt du groupe saura passer avant les intérêts personnels : il faut avancer, en dépit des doutes sur la légitimité de la Horde. Il faut avancer. Ceux qui meurent devraient être laissés sur le chemin, en espérant que ce qu’ils ont été rejaillisse dans les vivants. Devraient, car certains ne peuvent se résoudre à courir à un suicide quasi-certain et à laisser les blessés seuls sans chance de résister. Pourtant il faut avancer, encore. Monter, monter, aller contre le vent vers ce qui a modelé l’existence, affronter la pire des choses possibles. Pour les personnes qui comme moi sont habitués et apprécient quelque peu le nekketsu des shonens comme Dragon Ball, HxH ou One Piece, les valeurs ambiguës d’amitié et de sacrifice exacerbé qui vont avec, ça passera mieux. Comme souvent, ce sacrifice total se voit un peu édulcoré par un quelconque concept. Ça n’est pas un problème, l’intensité qui se dégage de certains passages concernés annule l’affaiblissement thématique (mon dieu).
Quoi qu’il en soit, malgré quelques défauts plus ou moins évidents (une linéarité assez monstrueuse, un idéal qui ne saura satisfaire tout le monde, parfois un peu longuet voire lourd, quelques passages un peu forcés), c’est un roman qui laisse une petite trace, ça réussit globalement à tenir ses ambitions, et ça m’est une bonne nouvelle de savoir que l’on peut faire de la sci-fi de cette manière (d’ailleurs si quelqu’un a des conseils je suis preneur). Existe avec la version non-poche une bande-son, je suis curieux de voir ce que ça donne (même aimant lire en silence).
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